Rafael BenÃtez, Universidad de Valencia - framespa
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(physiquement présent dans la ville en 1660) qu’au pape mais elles savent qu’elles ne sont pas<br />
totalement maîtresses du <strong>de</strong>stin <strong>de</strong>s enclaves pontificales. En revanche, elles travaillent<br />
constamment à défendre leur honneur et leur rang qui dépend <strong>de</strong> l’image et du statut <strong>de</strong> leur<br />
ville : en ce domaine les divergences portent davantage sur les moyens à utiliser que sur les<br />
objectifs.<br />
Le début du règne personnel <strong>de</strong> Louis XIV marque l’entrée dans une ère nouvelle. Les<br />
élites avignonnaises en ont rapi<strong>de</strong>ment conscience. La fermeté française dans les affaires <strong>de</strong><br />
1662 (négociations sur la foraine puis collaboration du conseil d’Avignon pour neutraliser le<br />
vice-légat et désarmer la gar<strong>de</strong> italienne en attendant l’arrêt <strong>de</strong> réunion <strong>de</strong>s enclaves à la<br />
France 299 ) témoigne directement à Avignon du nouveau style du règne. L’enthousiasme<br />
populaire, le caractère tumultueux <strong>de</strong>s débats dans l’hôtel <strong>de</strong> ville et le sentiment xénophobe<br />
manifesté vis-à-vis <strong>de</strong>s Italiens sont accentués par la pression française qui semble mener à un<br />
rattachement inéluctable à la France. Aussi bien témoignent-ils <strong>de</strong> la crainte qu’inspire le<br />
souverain français générant une rhétorique <strong>de</strong> la soumission consentie <strong>de</strong>stinée à mieux<br />
préserver les acquis du passé : « Elle [Avignon] a souhaité, Sire, d’estre à vous par amour et<br />
par ambition. Son amour est satisfait, que son ambition le soit. Sy elle étoit moins généreuse<br />
et moins forte, elle seroit indigne <strong>de</strong> vous apparthenir » 300 . Les Avignonnais reconnaissent que<br />
leur Etat et le Comtat constituent un territoire trop petit pour disposer d’un parlement mais la<br />
ville <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à être traitée aussi bien que Metz et Perpignan. Par-<strong>de</strong>là la joie maintes fois<br />
répétée transparaît l’inquiétu<strong>de</strong> sur le sort réservé à une ville qui ne dispose pas d’un territoire<br />
suffisant pour dominer une province (comme Perpignan) et qui n’a pas une position militaire<br />
stratégique (comme Metz). Décidément, la fragilité <strong>de</strong>s privilèges avignonnais n’échappe pas<br />
aux contemporains qui n’ont d’autre choix que <strong>de</strong> consentir à leur sort et d’exalter Louis XIV,<br />
au prix d’un contresens désastreux sur ses motivations réelles à long terme.<br />
299 . Arch. Mun. Avignon, AA 69, pièces 86 à 129.<br />
300 . Ibid., lettre non datée et non numérotée.<br />
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