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Rafael Benítez, Universidad de Valencia - framespa

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d’opprimé, comme marchandise qui nourrit un modus <strong>de</strong> production basé sur la main-d’œuvre<br />

esclave – transplantés à un nouveau continent dans lequel ils ont été <strong>de</strong>s étrangers exilés à<br />

contre volonté – les Noirs africains ont cherché la liberté dans les vastes espaces intérieurs où<br />

ils ont trouvé justement les anciens habitants du pays, loin <strong>de</strong>s lourds travaux <strong>de</strong>s plantations<br />

et <strong>de</strong>s répressions <strong>de</strong>s colonisateurs.<br />

Cependant, bien qu’ils aient représenté, autant les Indigènes que les Africains, la face<br />

opprimée du processus colonisateur, on trouve <strong>de</strong>s exemples <strong>de</strong> collaboration et <strong>de</strong> conflit<br />

entre ces <strong>de</strong>ux parties tout au long <strong>de</strong>s siècles.<br />

L’observation <strong>de</strong> Marcus Carvalho souligne que le langage <strong>de</strong> la documentation<br />

dénote le croisement <strong>de</strong>s <strong>de</strong>stins d’Indigènes et d’Africains dès le début, dès que les Indigènes<br />

sont passés à être appelés « casuellement » par l’expression « noirs <strong>de</strong> la terre » (negros da<br />

terra). Les esclaves africains et les captifs indigènes ont été équivalents, au Brésil, dans la<br />

condition <strong>de</strong> servitu<strong>de</strong> 200 .<br />

Le plus grand symbole <strong>de</strong> la résistance africaine dans les Amériques, les quilombos<br />

(lieux où les esclaves africains se sont réunis après la fuite <strong>de</strong>s moulins à sucre, dans lesquels<br />

ils ont recrées <strong>de</strong>s sociétés complexes où l’on trouvait l’agglomération d’individus provenant<br />

<strong>de</strong> plusieurs ethnies.<br />

Au Brésil, le quilombo plus connu a été localisé à la Serra da Barriga 201 , dans la<br />

Capitainerie <strong>de</strong> Pernambuco, il a occupé une immense superficie et a eu comme capitale le<br />

petit village <strong>de</strong> Palmares. Il a résisté aux incursions <strong>de</strong>s colonisateurs pendant presque un<br />

siècle, jusqu’à être détruit dans un combat final, où le quilombo a eu comme lea<strong>de</strong>r Zumbi qui<br />

a combattu les forces du ban<strong>de</strong>irante pauliste Domingos Jorge Velho. Ce ban<strong>de</strong>irante a été<br />

amené jusqu’à Pernambuco sous contrat, pour combattre les tapuias (dénomination donné par<br />

les européens aux indiens qui ont habité l’intérieur semi-ari<strong>de</strong> du Nor<strong>de</strong>ste), soulevés après<br />

l’expulsion <strong>de</strong>s hollandais du Brésil en 1654. La révolte <strong>de</strong>s indigènes du sertão 202 a perduré<br />

jusqu’aux premières années du XVIIIe siècle et a été connue à travers la documentation<br />

coloniale luso-brésilienne comme « Guerre <strong>de</strong>s barbares » (Guerra dos Bárbaros) 203 , <strong>de</strong><br />

l’expression tapuia qui signifie dans la langue Tupi, « barbare », « esclave », « ennemi ». Il<br />

s’agit là d’un exemple typique d’appropriation <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s colonisateurs <strong>de</strong>s expressions<br />

utilisées par les groupes alliés. Nous verrons le cas <strong>de</strong>s Tupi et <strong>de</strong>s tapuias plus tard.<br />

Ces <strong>de</strong>ux épiso<strong>de</strong>s – la « Guerre <strong>de</strong>s Barbares » et les incursions finales contre le<br />

Quilombo <strong>de</strong> Palmares – sont <strong>de</strong>s exemples <strong>de</strong> moments <strong>de</strong> conflits avec la participation<br />

d’indigènes et <strong>de</strong> noirs aux cotés du dominateur contre l’autre partie opprimée, épiso<strong>de</strong>s soustendus<br />

par les dynamiques <strong>de</strong> la colonisation, dans laquelle l’oppresseur a dicté les règles et<br />

les lois. Ainsi, on trouve <strong>de</strong>s forces composés par <strong>de</strong>s Noirs, les « terços <strong>de</strong> Henriques » qui<br />

ont participé à quelques épiso<strong>de</strong>s contre les tapuias dans la « Guerre <strong>de</strong>s Barbares » ; <strong>de</strong><br />

même, on trouve quelques forces composées d’Indigènes provenant <strong>de</strong>s al<strong>de</strong>amentos<br />

missionnaires qui ont combattu à coté <strong>de</strong>s colonisateurs, contre le Quilombo <strong>de</strong> Palmares.<br />

Nous pouvons distinguer une autre indication <strong>de</strong> la profon<strong>de</strong> coupure avec le passé<br />

précolombien, dans la perspective Indigène, comme nous l’avons mentionné plus tôt, à travers<br />

l’usage dans les sources portugaises <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> coloniale <strong>de</strong> l’expression « mocambos <strong>de</strong><br />

índios » pour <strong>de</strong>signer quelques groupes d’Indigènes captifs qui ont fuit et qui ont menacé<br />

l’ordre établi <strong>de</strong>s seigneurs coloniaux. Marcus Carvalho ajoute que dans la terminologie <strong>de</strong><br />

l’époque, le terme « mocambo » est un synonyme <strong>de</strong> « quilombo », même s’il trouve être très<br />

étrange qu’on puisse mentionner un quilombo sans trace d’Africains. Mais il continue, « le<br />

langage <strong>de</strong> ces documents n’a pas pu être plus exact, pour une raison très simple : dans les<br />

200 CARVALHO, Marcus, op. cit.<br />

201 Actuellement localisé dans l’Etat d’Alagoas, au Nor<strong>de</strong>ste du Brésil.<br />

202 Sertão (m.): expression <strong>de</strong> la langue portugaise qui désigne les espaces <strong>de</strong> l’intérieur continental, loin <strong>de</strong> la mer, par<br />

extension, la région semi-ari<strong>de</strong> elle même.<br />

203 Cet épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’histoire coloniale brésilienne a été étudié par Maria Idalina da Cruz Pires et Pedro Puntoni.<br />

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