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Rafael Benítez, Universidad de Valencia - framespa

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second plan étant donné que les officiers sont confrontés <strong>de</strong> plein fouet à l’objet premier <strong>de</strong> leurs préoccupations, à savoir le<br />

maintien ou non du service d’Espagne. Malgré un adoucissement <strong>de</strong> la réforme, le duc d’Havré considère que les mesures<br />

annulent tous les privilèges du régiment. Il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> la suppression définitive <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s wallonnes et le droit pour les<br />

officiers <strong>de</strong> se retirer aux Pays-Bas. Si, dans un premier temps, un mouvement s’amorce parmi les officiers vers une<br />

démission collective, rapi<strong>de</strong>ment, beaucoup d’entre eux se rétractent 618 . Des petits groupes d’officiers écrivent au secrétaire<br />

<strong>de</strong> guerre pour dénoncer l’initiative personnelle du duc d’Havré et affirment vouloir rester au service du roi d’Espagne 618 .<br />

Fort <strong>de</strong>s dissensions au sein <strong>de</strong>s officiers, le roi limoge le duc d’Havré 618 . Avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s officiers restés fidèles, les<br />

partisans du duc d’Havré sont arrêtés tandis que d’autres obtiennent leur congé 618 . Finalement, le roi maintien en pied le<br />

régiment et son corps d’officiers. L’emploi <strong>de</strong> colonel est confié à une autre famille flaman<strong>de</strong> qui n’entretient pas <strong>de</strong> liens<br />

aussi manifeste avec la cour <strong>de</strong> France. Ainsi, la plupart <strong>de</strong>s familles d’officiers traversent sans trop d’encombre le<br />

changement politique majeur que suppose la perte <strong>de</strong>s Pays-Bas. La crise <strong>de</strong> 1715-1716 a permis une redéfinition <strong>de</strong>s<br />

équilibres au sein <strong>de</strong> la communauté. Avec l’éviction du duc d’Havré, la plupart <strong>de</strong> ses parents et alliés qu’il avait placés aux<br />

emplois clés du régiment <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt leur congé au roi, libérant <strong>de</strong> la sorte <strong>de</strong>s emplois pour d’autres officiers. On assiste<br />

donc à un renouvellement <strong>de</strong>s principaux cadres du régiment. La garantie du maintien <strong>de</strong>s unités flaman<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong>,<br />

effective à partir <strong>de</strong> 1720, semble ramener l’apaisement parmi les officiers. La question <strong>de</strong>s malversations financières<br />

disparaît complètement sans qu’aucune mesure d’importance n’ait été prise.<br />

B. La crise <strong>de</strong> 1777<br />

La crise <strong>de</strong> 1777 apparaît alors que <strong>de</strong>s tensions agitent le corps <strong>de</strong>s officiers <strong>de</strong>puis plusieurs années 618 . Le<br />

colonel <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s wallonnes est alors le comte <strong>de</strong> Priego, le fils du duc d’Havré limogé en 1716, qui règne sans partage sur<br />

le régiment <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> vingt-cinq ans. Néanmoins, le contrôle du secrétaire <strong>de</strong> guerre sur le corps s’est fait plus présent.<br />

Une <strong>de</strong>s mesures prises par l’administration royale a été d’instaurer le principe d’une vérification périodique <strong>de</strong>s comptes<br />

du régiment par trois capitaines-contrôleurs désignés par le roi. Jusque là, la vérification <strong>de</strong>s comptes n’avaient pas posé <strong>de</strong><br />

problèmes. Du moins, les rapports remis par les contrôleurs avaient été contre signés par le colonel dans une parfaite<br />

harmonie. Toutefois, un <strong>de</strong>s capitaines-contrôleurs <strong>de</strong> 1777, nommé Enrique Van Asbroeck, tranche avec cette habitu<strong>de</strong>. Il<br />

remet au secrétaire <strong>de</strong> guerre un rapport incendiaire contre le colonel, l’accusant <strong>de</strong> manquements graves dans la gestion<br />

<strong>de</strong>s comptes, dénonçant l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>nts contrôleurs qui ont remis <strong>de</strong>s rapports sans avoir épluché tous les<br />

comptes 618 . Le rapport <strong>de</strong> Van Asbroeck sème la panique à l’intérieur du régiment. Les <strong>de</strong>ux autres capitaines contrôleurs se<br />

désolidarisent. Priego dénonce à son tour au secrétaire <strong>de</strong> guerre le mauvais esprit du capitaine qui cherche à semer la<br />

zizanie à l’intérieur du corps en diffamant le colonel et les autres capitaines. L’affaire suit alors une trajectoire semblable à<br />

celle <strong>de</strong> 1715, si ce n’est qu’elle aboutit à son terme. Le secrétaire <strong>de</strong> guerre nomme un officier général extérieur au corps<br />

qui rend en 1779 un rapport accablant sur la gestion <strong>de</strong>s comptes. Entre-temps, conscient que l’affaire va éclater au grand<br />

jour, le comte <strong>de</strong> Priego démissionne <strong>de</strong> son emploi. Par la suite, la place <strong>de</strong> colonel <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s wallonnes va rester vacante<br />

pendant plus <strong>de</strong> dix ans. L’affaire ne se conclut qu’en 1780 avec la publication d’un nouveau règlement pour le<br />

gouvernement économique du régiment 618 .<br />

Quelques années avant que n’éclate le scandale, un conflit a opposé Enrique Van Asbroeck au comte <strong>de</strong> Priego. En<br />

1775, Enrique Van Asbroeck obtient la grâce royale d’un emploi d’enseigne dans les gar<strong>de</strong>s wallonnes pour son fils, âgé à<br />

peine <strong>de</strong> 11 ans. Cette faveur n’a pas été obtenue par l’intermédiaire du comte <strong>de</strong> Priego, mais par d’autres appuis dont<br />

l’i<strong>de</strong>ntité n’est pas connue. Quoiqu’il en soit, le comte <strong>de</strong> Priego en prend ombrage et tente <strong>de</strong> bloquer la carrière du fils<br />

d’Enrique Van Asbroeck. Le roi finit par trancher en donnant l’avantage au capitaine sur le colonel 618 . Les conflits<br />

d’ancienneté, les jeux d’influence par le biais <strong>de</strong>s recommandations, sont légions au sein <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong>. Dans la plupart <strong>de</strong>s<br />

cas, l’affaire se règle par l’arbitrage royal et ne prête pas à conséquence. Or, dans ce cas-ci, le scandale financier qui<br />

éclabousse le colonel éclate moins <strong>de</strong> trois ans après l’affaire, et a toutes les allures d’un règlement <strong>de</strong> compte. A bien y<br />

regar<strong>de</strong>r, les dénonciations d’Enrique Van Asbroeck sont loin <strong>de</strong> s’expliquer par un simple conflit <strong>de</strong> personne. Elles<br />

révèlent un malaise profond au sein <strong>de</strong> l’institution et <strong>de</strong> la communauté.<br />

Le scandale financier survient à un moment où le régiment est confronté à une crise récurrente <strong>de</strong> recrutement qui<br />

pèse lour<strong>de</strong>ment sur les finances du régiment. Le comte <strong>de</strong> Priego a, <strong>de</strong>puis 1768, substitué les commissions temporaires <strong>de</strong><br />

recrutement, se déroulant généralement dans le nord <strong>de</strong> la France et <strong>de</strong> l’Italie, par un bureau permanent installé dans la<br />

principauté épiscopale <strong>de</strong> Liège. Si la mesure permet <strong>de</strong> pallier provisoirement au problème <strong>de</strong>s recrues, le prince-évêque <strong>de</strong><br />

Liège monnaie chèrement le service rendu 618 . Ajouté à cela le prix croissant <strong>de</strong>s recrues, les comptes du régiment sont<br />

systématiquement déficitaires. En 1770, la couronne cè<strong>de</strong> au comte <strong>de</strong> Priego le droit <strong>de</strong> nommer à douze emplois<br />

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