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Rafael Benítez, Universidad de Valencia - framespa

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La mise en contexte <strong>de</strong>s dynamiques frontalières entre les espaces connus et ses<br />

populations (déjà colonisés), et les espaces et populations encore inconnus ou peu connus,<br />

nous confronte à <strong>de</strong>s barrières historiographiques difficiles à transposer.<br />

Comme nous l’avons vu plus haut, une <strong>de</strong> ces barrières est représentée par l’écriture<br />

<strong>de</strong>s références concernant les populations indigènes dans les sources coloniales. Si les récits<br />

<strong>de</strong> voyage et les chroniques <strong>de</strong>s fonctionnaires royaux et <strong>de</strong>s missionnaires ont bien enregistré<br />

la vie et les mœurs <strong>de</strong>s peuples Tupi du littoral, on ne peut en dire autant <strong>de</strong>s peuples du<br />

sertão.<br />

Cependant, les difficultés à récupérer <strong>de</strong>s informations plus précises sur ces peuples<br />

n’empêchent pas que l’on cherche <strong>de</strong>s itinéraires moins évi<strong>de</strong>nts pour récupérer <strong>de</strong>s chemins<br />

susceptibles d’avoir été parcourus par la Jurema, en utilisant <strong>de</strong>s donnés fournies par les<br />

autres sciences proches, tels que l’Anthropologie et l’Archéologie, ou un peu plus<br />

diagonalement par l’Ethnobiologie (à travers l’Ethnobotanique), ou même par les sciences<br />

médicales et chimiques (par rapport aux étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s substances psycho actives).<br />

Plus récemment, <strong>de</strong>puis la décennie <strong>de</strong> 1990, quelques érudits brésiliens <strong>de</strong>s<br />

populations indigènes du Nor<strong>de</strong>ste – tels que Maria Sylvia Porto Alegre, João Pacheco <strong>de</strong><br />

Oliveira, José Maurício Andion Arruti, Rodrigo <strong>de</strong> Azeredo Grünewald et Clarice Novaes da<br />

Mota, pour n’en citer seulement quelques-uns – sont en train <strong>de</strong> construire un nouveau regard<br />

sur la prétendue « disparition » <strong>de</strong>s peuples indigènes du Nor<strong>de</strong>ste, en basant cette<br />

construction sur <strong>de</strong>s rapprochements et <strong>de</strong>s dialogues entre l’Anthropologie et l’Histoire<br />

chaque fois plus fréquents et féconds.<br />

En même temps qu’ont avancé ces dialogues interdisciplinaires dans le milieu académique,<br />

pendant les années quatre-vingt-dix, ont commencé <strong>de</strong>s mouvements jusqu’alors<br />

insoupçonnés dans les populations rurales du Nor<strong>de</strong>ste, à travers <strong>de</strong>s mobilisations chaque<br />

fois plus nombreuses, dans le sens <strong>de</strong> l’auto affirmation en tant que « peuples indigènes », <strong>de</strong><br />

parties <strong>de</strong> ces populations qui sont passés à la lutte et à la revendication pour leur droit d’être<br />

reconnu comme tels par l’État brésilien. Ainsi, à l’inverse <strong>de</strong> l’idée absolue du processus<br />

historique <strong>de</strong> « disparition », on a vu dans les <strong>de</strong>rnières années du XXe siècle la croissance<br />

<strong>de</strong>s populations indigènes au Nor<strong>de</strong>ste. Ces mouvements ont causé autant <strong>de</strong>s polémiques que<br />

<strong>de</strong> révisions <strong>de</strong>s concepts, tout comme la création <strong>de</strong> nouveaux paradigmes capables<br />

d’éclaircir et <strong>de</strong> faire entendre ces nouvelles réalités.<br />

Ainsi, nous avons vu au fil <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s la création <strong>de</strong> plusieurs termes pour désigner ces<br />

« nouvelles » populations indigènes, tels que peuples ressurgis ; re-nés ; remis ; résistants<br />

(povos ressurgidos ; renascidos ; remanescentes ; resistentes). La principale caractéristique<br />

qui ressort a été d’être <strong>de</strong>s populations considérées jusqu’alors comme communautés rurales<br />

composées par <strong>de</strong> simples paysans, surtout métisses – souvent appelés caboclos 220 – qui ont<br />

commencé à affirmer leur condition d’indigènes à partir d’un moment quelconque. Ces<br />

groupes sont surtout distribués dans les actuels états <strong>de</strong> Pernambuco, Bahia, Ceará, Paraíba,<br />

Alagoas et Sergipe.<br />

Concernant l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> ces groupes, ils se sont chargés à la fois d’un<br />

ethnonyme déjà enregistré historiquement mais déjà considéré comme disparu, et d’autres fois<br />

d’ethnonymes qui n’ont pas eu d’enregistrement historique. Parfois, les groupes ont la<br />

conscience d’être le fruit <strong>de</strong> la jonction d’ethnies variés <strong>de</strong>puis la pério<strong>de</strong> coloniale, à<br />

l’occasion <strong>de</strong>s travaux missionnaires.<br />

Entre les plusieurs ethnonymes, on peut citer : Pankararu, Pankararé, Xukuru, Truká,<br />

Kambiwá, Tuxá, Xocó, Pipipã, Tumbalalá, Tremembé, Okren, Kariri-Xukuru, Kariri-Xocó. A<br />

cette liste on peut joindre : Fulni-ô, Kapinawá, Atikum, Pataxó Hã-Hã-Hãe et Potiguara. La<br />

220 L’expression caboclo signifie « métis <strong>de</strong> blanc avec indigène; sertanejo [originaire du sertão], campagnard » (BUENO,<br />

Silveira, Dicionário da Língua Portuguesa, São Paulo: FTD, 2000).<br />

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