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Rafael Benítez, Universidad de Valencia - framespa

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Ce qui s’est parfois traduit par la diffusion <strong>de</strong> la conception créationniste du mon<strong>de</strong> que,<br />

d’ailleurs, elle-même partage 17 .<br />

Que dire, enfin, du triomphalisme <strong>de</strong> certains députés ou sénateurs qui, en tant qu’ « élus <strong>de</strong><br />

Dieu », tiennent leurs pairs en piètre estime et, sans se lasser, clament qu’eux et eux seuls<br />

sont appelés à prendre la tête du seul combat qui vaille : celui <strong>de</strong> la restauration spirituelle <strong>de</strong><br />

la nation ?<br />

Dans une direction opposée, on peut alimenter le dossier <strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> pièces qui ten<strong>de</strong>nt à<br />

montrer que les crentes, fidèles comme élus, <strong>de</strong> plus en plus perméables aux valeurs <strong>de</strong> la<br />

société et du mon<strong>de</strong> politique, per<strong>de</strong>nt au fil <strong>de</strong>s ans une part <strong>de</strong> leurs spécificité.<br />

Ils constituent d’autant moins une menace pour la démocratie qu’ils y participent à partir d’un<br />

processus <strong>de</strong> dispersion partisane et que l’idée d’un parti <strong>de</strong>s évangéliques, comme il existe au<br />

Salvador, au Nicaragua ou en Haïti, n’a jamais été sérieusement envisagée. En 2001, à la fin<br />

<strong>de</strong> la précé<strong>de</strong>nte législature, leurs députés au Congrès national se distribuaient à peu près<br />

équitablement entre les partis dits <strong>de</strong> « droite » et ceux <strong>de</strong> « gauche » : 25 députés<br />

évangéliques étaient alors dans l’opposition et 32 dans la majorité gouvernementale.<br />

En 20 ans, l’inflexion vers le centre-gauche, voire, pour une minorité, vers la gauche a été<br />

nette. N‘oublions pas que, jusqu’à il y a peu, Benedita da Silva, crente <strong>de</strong> l’Assemblée <strong>de</strong><br />

Dieu, fut une <strong>de</strong>s étoiles du PT : première député fédérale noire (1986), sénatrice (1994), vicegouverneur<br />

(1998-2002), gouverneur <strong>de</strong> l’Etat <strong>de</strong> Rio <strong>de</strong> Janeiro (2002-2003) et, enfin,<br />

ministre. Que dans la présente législature, le PT compte cinq députés fédéraux et que, parmi<br />

les fidèles, une gauche évangélique commence à s’affirmer. Différente <strong>de</strong> l’ancienne gauche<br />

protestante œcuménique, elle défend souvent <strong>de</strong>s positions théologiques conservatrices<br />

couplées à <strong>de</strong>s options sociales avancées. Ainsi le Mouvement Evangélique Progressiste<br />

(MEP), créé en 1990, représenté dans la quasi-totalité <strong>de</strong>s Etats brésiliens, qui entend<br />

« affirmer la compatibilité entre la foi chrétienne réformée, protestante et évangélique avec la<br />

démocratie et le socialisme » et veut « encourager le militantisme dans les partis <strong>de</strong> gauche,<br />

les mouvements sociaux et divers syndicats 18 . »<br />

Que penser aussi <strong>de</strong>s nouvelles orientations politiques <strong>de</strong> l’EURD, pour <strong>de</strong>s raisons sans<br />

doute plus corporatistes et pragmatiques qu’idéologiques ? Longtemps bête noire du<br />

progressisme, elle fut, trois prési<strong>de</strong>ntielles durant (1989, 1994, 1998), l’adversaire le plus<br />

déterminé <strong>de</strong> Lula, présenté comme candidat du démon et du communisme athée. Pourtant, en<br />

2000, ont vit se nouer <strong>de</strong> surprenantes alliances municipales entre le PT et l’EURD, cette<br />

<strong>de</strong>rnière, se réclamant alors d’une « exigence éthique » en politique qu’elle i<strong>de</strong>ntifiait<br />

volontiers au parti <strong>de</strong> Lula. Mais le coup <strong>de</strong> théâtre intervint vraiment en 2002 quand l’Eglise<br />

d’Edir Macedo, après avoir appuyé le presbytérien Garotinho au premier tour, mobilisa toute<br />

sa puissance <strong>de</strong> feu au service <strong>de</strong> Lula, volant peut-être ainsi au secours <strong>de</strong> la victoire.<br />

Comme autre signe <strong>de</strong> la mutabilité et <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> capacité d’adaptation <strong>de</strong>s crentes, certains<br />

observateurs n’hésitent plus à parler <strong>de</strong> l’émergence d’un néo-populisme voire d’un<br />

« théopopulisme » dont ils seraient désormais les représentants 19 ; comme une sorte <strong>de</strong><br />

syncrétisme capable <strong>de</strong> coupler tradition politique brésilienne et logique religieuse. Dans les<br />

années 1990, l’essor du néo-libéralisme et le désengagement <strong>de</strong> l’Etat ont laissé <strong>de</strong> vastes<br />

secteurs à l’abandon que certaines Eglises ou personnalités évangéliques se sont empressées<br />

d’investir. On les vit alors multiplier les œuvres sociales, se lancer dans un discours populiste,<br />

17 “Rosinha contra Darwin”, Epoca, Edição 314 , mai 2004<br />

18 “Carta <strong>de</strong> Belo Horizonte”, VI Congresso Nacional, do MEP, 1-2 novembre 2003.<br />

19 Corten, André, Mary André, « introduction », in Corten, André, Mary André (Eds,) Imaginaires politiques et<br />

pentecôtismes : Afrique/Amérique latine, paris, Karthala, 2001, p. 11-38.<br />

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