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Rafael Benítez, Universidad de Valencia - framespa

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occasion à la déflagration <strong>de</strong> la Guerre <strong>de</strong>s Barbares, déjà mentionnée. Cela sera un <strong>de</strong>s<br />

chapitres les plus sanglants <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong>s rapports entre Européens et Indigènes dans<br />

l’Amérique portugaise. Pendant moins d’un siècle beaucoup d’ethnies ont disparues sans<br />

laisser la moindre marque <strong>de</strong> leurs existences, tout comme plusieurs groupes ou individus<br />

survivants <strong>de</strong>s massacres ont été réduit à la condition d’esclave et transportés aux plantations<br />

<strong>de</strong> canne à sucre. Ce moment, et ce n’est encore qu’une hypothèse, a, peut-être été l’occasion<br />

<strong>de</strong> la transposition <strong>de</strong> l’usage rituel <strong>de</strong> la Jurema du sertão jusqu’au littoral.<br />

Enfin, nous savons que les processus <strong>de</strong> contact entre les populations autochtones et<br />

les fronts <strong>de</strong> colonisation européenne ont vu leurs premières heures dans l’Amérique<br />

portugaise dans la région Nor<strong>de</strong>ste, en apportant rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s interférences épuisantes et<br />

même <strong>de</strong>structrices aux organisations sociales, politiques, économiques et religieuses <strong>de</strong> ces<br />

populations natives. Ces processus ont été représenté par la fixation <strong>de</strong>s colons européens et<br />

par l’expansion <strong>de</strong>s frontières coloniales à travers l’implantation <strong>de</strong>s modèles d’activités<br />

économiques représentés autant par la monoculture <strong>de</strong> la canne à sucre que par l’élevage<br />

extensif <strong>de</strong> bétail, ainsi que toutes les structures associées (factoreries, forteresses, villes et<br />

villages, moulins à sucre, fermes, missions), à partir <strong>de</strong>s noyaux plus puissants <strong>de</strong><br />

l’occupation coloniale au Nor<strong>de</strong>ste : les capitaineries <strong>de</strong> Pernambuco et <strong>de</strong> Bahia 216 .<br />

L’antiquité <strong>de</strong> ces processus au Nor<strong>de</strong>ste a fait grandir les difficultés, <strong>de</strong> nos jours, pour un<br />

abordage historique plus précis <strong>de</strong>s cultures, <strong>de</strong>s langues, <strong>de</strong>s mœurs et <strong>de</strong>s traditions <strong>de</strong> ces<br />

populations 217 , car les transformations qu’ont subi ces sociétés et le silence <strong>de</strong>s sources<br />

concernant ces aspects <strong>de</strong> la vie indigène, <strong>de</strong> façon générale, ont rendu presque impossible<br />

aux chercheurs <strong>de</strong> retrouver un fil conducteur pour faire une histoire plus reculée <strong>de</strong>s peuples<br />

indigènes qui habitent cette région.<br />

L’apparition <strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong> la Jurema dans une source coloniale<br />

Dans une réunion réalisée à Recife le 16 septembre 1739 – convoqué par le<br />

Gouverneur <strong>de</strong> la Capitainerie <strong>de</strong> Pernambuco et annexes, Henrique Luis Pereira Freire <strong>de</strong><br />

Andrada – le Conseil <strong>de</strong>s Missions (Junta das Missões) <strong>de</strong> Pernambuco a eu comme<br />

préoccupation centrale <strong>de</strong> « chercher les moyens nécessaires pour remédier aux erreurs qui<br />

s’étaient introduites parmi les indigènes, en buvant certaines boissons qu’ils appellent<br />

Jurema » (« se buscassem os meios precisos para se remediar os erros que se têm introduzido<br />

entre os índios, tomando certas bebidas às quais chamam Jurema 218 »)<br />

Ainsi, a été enregistré la plus ancienne information écrite dont on ait connaissance<br />

jusqu’à ce jour, <strong>de</strong> l’usage rituel <strong>de</strong> cette boisson emblématique qui gar<strong>de</strong> – le long <strong>de</strong>s siècles<br />

et jusqu’à nos jours – une place détachée dans les systèmes <strong>de</strong> croyances tant <strong>de</strong>s populations<br />

indigènes que <strong>de</strong>s populations métisses qui habitent la région semi-ari<strong>de</strong> brésilienne.<br />

Si, d’un coté, on peut attester la forte présence <strong>de</strong> la Jurema <strong>de</strong> nos jours, au milieu <strong>de</strong>s<br />

populations mentionnées au-<strong>de</strong>ssus, en portant un caractère polysémique dans lequel le terme<br />

désigne <strong>de</strong>s espèces botaniques, divinités indigènes, boisson sacrée et entités spirituelles<br />

indigène-afro-brésiliennes 219 , <strong>de</strong> l’autre coté, la compréhension du contexte historique dans<br />

lequel cette nouvelle du XVIIIe siècle a été produite, peut révéler <strong>de</strong>s dynamiques alors en<br />

oeuvre dans les frontières coloniales <strong>de</strong> l’Amérique portugaise.<br />

216 MEDEIROS, Guilherme, op. cit.<br />

217 OLIVEIRA, João Pacheco <strong>de</strong>, “Uma etnologia dos ‘índios misturados’? situação colonial, territorialização e fluxos<br />

culturais”, MANA, 4(1): 47-77, 1998.<br />

218 AHU, ACL, CU-015, Cx. 56, D. 4884, 16/09/1739.<br />

219 MOTA, Clarice Novaes da, “Jurema e i<strong>de</strong>ntida<strong>de</strong>s: um ensaio sobre a diáspora <strong>de</strong> uma planta”, pp. 219-239, in LABATE,<br />

Beatriz Caiuby, GOULART, Sandra Lucia (orgs.), O Uso Ritual das Plantas <strong>de</strong> Po<strong>de</strong>r, Campinas, SP: Mercado <strong>de</strong> Letras,<br />

2005.<br />

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