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Rafael Benítez, Universidad de Valencia - framespa

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Dominicains <strong>de</strong> leur rôle d’assistants <strong>de</strong> l’Inquisiteur et d’éducateurs <strong>de</strong>s jeunes renégats et<br />

néophytes 95 .<br />

Ainsi, à la fin du XVI e siècle, le clergé maltais semblait avoir perdu une gran<strong>de</strong> part <strong>de</strong> son<br />

autorité sur l’archipel et la société. Malgré ses résistances, il ne pouvait que s’effacer, dans le<br />

milieu portuaire, <strong>de</strong>vant la toute-puissance <strong>de</strong>s institutions exogènes qu’étaient l’Ordre et le<br />

Saint-Office. Seul lui restait le mon<strong>de</strong> rural, auquel les chevaliers et l’Inquisiteurs étaient<br />

assez indifférents : là, il <strong>de</strong>meurait majoritaire et conservait son ancien rôle d’encadrement et<br />

d’assistance. Le maintien <strong>de</strong> son ancrage dans le passé maltais, sa proximité réelle et<br />

linguistique avec le petit peuple rural, mais aussi, bien que dans une moindre mesure, citadin,<br />

lui conservaient un attachement jamais démenti <strong>de</strong>s Maltais, et le confortait dans son rôle <strong>de</strong><br />

conservatoire <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité insulaire, rassemblant peu à peu les contestations d’une société<br />

frontalière <strong>de</strong> plus en plus étrangère aux institutions qui se disputaient le pouvoir <strong>de</strong> la<br />

dominer.<br />

Le clergé et les Maltais : la progressive contestation <strong>de</strong>s pouvoirs exogènes<br />

Malte compte peu <strong>de</strong> révoltes populaires à l’époque mo<strong>de</strong>rne. Inexistantes au XVI e siècle,<br />

elles firent leur apparition au siècle suivant, liées à une contestation <strong>de</strong> l’œuvre militaire <strong>de</strong><br />

l’Ordre, et particulièrement au coût que représentait la nouvelle fortification <strong>de</strong> l’espace<br />

portuaire, en un temps où le danger turc à l’encontre <strong>de</strong> l’île semblait bien amoindri. Lors <strong>de</strong><br />

cette première révolte contre l’Ordre, le clergé insulaire fut au premier plan.<br />

Depuis toujours, les Maltais étaient tenus <strong>de</strong> contribuer, au nom <strong>de</strong> leur protection et <strong>de</strong> celle<br />

<strong>de</strong> leur île-frontière, à l’avancement <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> mise en défense menés par les chevaliers.<br />

Quel que fût leur âge et leur sexe, les insulaires pouvaient toujours être appelés sur les<br />

chantiers 96 . Mais la participation était surtout financière et ce fut bien là la raison <strong>de</strong> la révolte<br />

<strong>de</strong> 1637. Depuis 1635, l’Ordre finançait l’édification d’une nouvelle ligne <strong>de</strong> rempart<br />

portuaire, la Floriana, qui <strong>de</strong>vait protéger La Valette. En 1636, pour hâter les travaux et<br />

soulager ses finances, il effectua le prélèvement <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux taxes sur la population laïque (50<br />

000 écus) et sur le clergé (5 000 écus) 97 que les Maltais acceptèrent sans rechigner. Le<br />

problème était que l’Ordre, mécontent <strong>de</strong>s travaux, envisageait <strong>de</strong> détruire les nouveaux<br />

remparts pour en édifier d’autres à leur place : pour ce faire, en 1637, le Conseil réclama une<br />

nouvelle imposition <strong>de</strong> la population insulaire 98 . L’attitu<strong>de</strong> incongrue <strong>de</strong> l’Ordre, qui s’entêtait<br />

à vouloir abattre la Floriana, n’échappa pas aux Maltais, rendus furieux par l’éventualité<br />

d’une nouvelle imposition <strong>de</strong>stinée au financement d’une fortification déjà existante.<br />

À l’annonce du prélèvement <strong>de</strong> la taxe, plusieurs casaux maltais s’insurgèrent dès le mois <strong>de</strong><br />

septembre 1637 99 . La révolte débuta à Zejtun, sous l’influence <strong>de</strong>s prêtres <strong>de</strong>s villages <strong>de</strong><br />

Zejtun, <strong>de</strong> Marsa, ainsi que du prêtre <strong>de</strong> la paroisse <strong>de</strong> Birkirkara, Don Filippo Borg, lettré<br />

maltais, artisan irréprochable <strong>de</strong> la Réforme Catholique à Malte et consultore du Saint-<br />

Office 100 . Les meneurs <strong>de</strong> la révolte, tous membres du clergé, incitèrent les habitants à<br />

marcher sur le port en procession, en portant un crucifix et une statue du saint <strong>de</strong> leur village,<br />

pour témoigner <strong>de</strong> leur indignation. Dans le même temps, une Relazione anonyme, sans doute<br />

95 - Antonio Leanza, « I Gesuiti in Malta al tempo <strong>de</strong>i Cavalieri gerosolomitani », in Varia Historia Societatis Iesu, 1934, p.<br />

12.<br />

96 - AOM 465, ff°290v.-291r., 3 juin 1635.<br />

97 - AOM 256, f°143r., 3 avril 1636.<br />

98 - Vincent Borg, Fabio Chigi, apostolic <strong>de</strong>legate in Malta (1634-1639), Biblioteca Apostolica Vaticana, Città <strong>de</strong>l Vaticano,<br />

1967, p.328, Lettre <strong>de</strong> l’Inquisiteur au pape rappelant les faits, 10 novembre 1637.<br />

99 - V. Borg, p.328, I<strong>de</strong>m.<br />

100 - Godfrey Wettinger, « Early maltese popular attitu<strong>de</strong>s to the government of the Or<strong>de</strong>r of St John », in Melita Historica,<br />

VI, 1974, p. 258.<br />

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