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Rafael Benítez, Universidad de Valencia - framespa

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castellano » 48 . Quelques années plus tard, un <strong>de</strong> ses neveux, Angel Castilla Van Asbroeck, se<br />

voit refuser l’entrée dans le régiment sous prétexte qu’il est espagnol 49 . D’ailleurs, au vu <strong>de</strong> la<br />

virulence <strong>de</strong>s attaques dont il est l’objet durant l’enquête sur les comptes, Enrique Van<br />

Asbroeck prévient une éventuelle rupture définitive avec l’institution et la communauté. En<br />

1779, en plein scandale financier, il sollicite auprès du roi une reconnaissance <strong>de</strong> noblesse<br />

alléguant le désir <strong>de</strong> sa famille <strong>de</strong> s’installer définitivement dans les domaines du roi<br />

d’Espagne 50 .<br />

Il est probable qu’en attaquant <strong>de</strong> front le colonel du régiment, Enrique Van Asbroeck n’ait<br />

pas pleinement mesuré la portée <strong>de</strong> son action. La démission du comte <strong>de</strong> Priego, mais surtout<br />

la vacance <strong>de</strong> l’emploi <strong>de</strong> colonel pendant dix ans, conduisent en quelques années à la<br />

désagrégation complète <strong>de</strong> la communauté. En effet, avec la disparition du colonel, la<br />

configuration sociale et symbolique qui fait tenir le groupe est mise à mal. Les conséquences<br />

se font sentir au len<strong>de</strong>main du départ du comte <strong>de</strong> Priego. Les candidatures, d’abord <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>scendants métissés <strong>de</strong>s premiers officiers flamands puis progressivement <strong>de</strong> prétendants<br />

espagnols sans liens avec la communauté, affluent. Les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s ne parviennent plus par le<br />

biais <strong>de</strong>s réseaux informels tissés aux Pays-Bas et en Espagne, mais par le canal officiel du<br />

secrétaire <strong>de</strong> guerre qui transmet les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s pour avis au lieutenant colonel, chargé<br />

temporairement <strong>de</strong> la direction du régiment. Celui-ci remet systématiquement un avis négatif<br />

mais il n’a pas l’autorité suffisante pour empêcher <strong>de</strong>s dispenses, ni pour se substituer au<br />

colonel dans la maîtrise <strong>de</strong>s réseaux qui faisaient tenir la communauté. En réalité, au cours <strong>de</strong>s<br />

années 1780, le corps <strong>de</strong>s officiers perd progressivement le contrôle <strong>de</strong> son recrutement. Le<br />

régiment, décapité, n’est plus capable d’opposer au pouvoir royal un système<br />

d’autorégulation. Dès lors, la couronne voit une occasion <strong>de</strong> se substituer au colonel dans la<br />

sélection <strong>de</strong>s candidats. En face, le corps <strong>de</strong>s officiers tâche d’inventer un système <strong>de</strong><br />

substitution en traduisant en termes formels la complexité <strong>de</strong>s relations sociales qui<br />

régissaient l’organisation du corps. Progressivement, l’imbrication étroite entre institution et<br />

communauté, commune à tout l’Ancien Régime mais particulièrement forte dans les<br />

régiments étrangers, se différencie. La perte <strong>de</strong> contrôle sur le recrutement <strong>de</strong>s officiers ne<br />

permet plus <strong>de</strong> définir la communauté uniquement par les pratiques professionnelles et les<br />

sociabilités au sein <strong>de</strong> l’institution. Par conséquent, le corps <strong>de</strong>s officiers invente une nouvelle<br />

définition <strong>de</strong> la communauté indépendante <strong>de</strong>s pratiques professionnelles. Il développe dans<br />

un vocabulaire vaguement juridique une définition <strong>de</strong> la « nationalité » flaman<strong>de</strong> qui<br />

s’évaluerait en nombre <strong>de</strong> quartiers. En portant la question <strong>de</strong>s limites du corps sur le terrain<br />

juridique, les officiers n’opposent qu’une vaine résistance. Les candidats se contentent<br />

d’adresser au secrétaire <strong>de</strong> guerre une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> dispense <strong>de</strong>s quartiers flamands qui leur<br />

manquent. Face à l’afflux <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s, la couronne octroie les dispenses <strong>de</strong> plus en plus<br />

facilement. Et, le 6 janvier 1791, Charles IV abroge le privilège <strong>de</strong> nation <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s<br />

wallonnes. Cette décision vient confirmer la brèche qui s’est ouverte entre la communauté et<br />

l’institution. L’institution persiste jusqu’au début du XIXe siècle, mais elle ne constitue plus<br />

le socle exclusif d’un tissu social très <strong>de</strong>nse. Concrètement, le flux <strong>de</strong> jeunes officiers en<br />

provenance <strong>de</strong>s Pays-Bas, déjà affaibli, se tarit complètement. Selon leur <strong>de</strong>gré d’intégration<br />

dans la société espagnole, les groupes familiaux quittent l’Espagne ou y restent mais se<br />

détournent progressivement <strong>de</strong> l’institution. A cela s’ajoutent les événements politiques<br />

(révolution française, révolution brabançonne) qui ren<strong>de</strong>nt particulièrement difficiles le<br />

maintien <strong>de</strong> relations entre le noyau familial d’origine et les branches espagnoles. En 1818,<br />

48 AGS, GM, 2335, s. f. Van Asbroeck à Ricla (Camp <strong>de</strong> San Roque, mai 1780).<br />

49 AGS, GM, 2345, s. f. Hautregard à Lopez Lerena (Valladolid, 20 octobre 1786) : « Don Angel Castilla carece <strong>de</strong> la calidad<br />

<strong>de</strong> ser flamenco, su madre aunque hija <strong>de</strong> flamenco, ha nacido en España y que si se abre la puerta <strong>de</strong> admitir sujetos que no<br />

sean <strong>de</strong> las provincias flamencas, con el pretexto <strong>de</strong> alianzas, hay una infinidad <strong>de</strong> pretendientes a quienes siempre me he<br />

negado para conformarme a la voluntad <strong>de</strong> Su Majestad ».<br />

50 AHN, Consejos, 13242, exp. 11. Mémoire Enrique Van Asbroeck (Madrid, 23 mars 1779).<br />

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