Rafael BenÃtez, Universidad de Valencia - framespa
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En 1585, avec la conquête <strong>de</strong>s luso-brésiliens (sous la direction <strong>de</strong> Fructuoso Barbosa,<br />
envoyé par Philipe II) <strong>de</strong> l’embouchure du fleuve Paraíba face aux Potiguara et leurs alliés<br />
français, est fondée la ville <strong>de</strong> Filipéia <strong>de</strong> Nossa Senhora das Neves et démembrée la portion<br />
nord <strong>de</strong> la Capitainerie d’Itamaracá (au nord <strong>de</strong> la baie <strong>de</strong> Pitimbu). Avec cette partition, la<br />
Couronne fait créer la Capitainerie Royale <strong>de</strong> Paraíba – « royale » parce qu’elle n’a pas eu <strong>de</strong><br />
donataires particuliers, en restant sous la direction <strong>de</strong>s fonctionnaires royaux – une borne <strong>de</strong><br />
l’occupation coloniale sur le cours du fleuve Paraíba et tout le littoral dès l’Île d’Itamaracá<br />
jusqu’à la Baie <strong>de</strong> Traição.<br />
En conséquence <strong>de</strong> cet effort concentré, plusieurs groupes Potiguara ont été soumis à<br />
l’esclavage dans les moulins à sucre <strong>de</strong> Pernambuco ou ont été inclus dans les al<strong>de</strong>amentos<br />
missionnaires dans les aires <strong>de</strong> la forêt atlantique d’Itamaracá et <strong>de</strong> Paraíba. Cette action a fait<br />
diminuer considérablement les combats antérieurement fréquents entre colons et Potiguara le<br />
long <strong>de</strong> la frontière nord <strong>de</strong> Pernambuco. Mais il faut remarquer que les groupes Potiguara<br />
habitant au-<strong>de</strong>là cette frontière coloniale, plus au nord (capitaineries <strong>de</strong> Rio Gran<strong>de</strong> et Ceará),<br />
ont continué à commercer avec les navigateurs et corsaires français.<br />
Aussi, les Caeté, habitants du littoral sud <strong>de</strong> la Capitainerie <strong>de</strong> Pernambuco, ont fait<br />
commerce du bois-brésil (caesalpinia echinata) avec les navigateurs et commerçants français.<br />
Les Caeté, cette nation Tupi gran<strong>de</strong> et guerrière, ont participé à un épiso<strong>de</strong> très particulier qui<br />
a attiré l’attention et la colère <strong>de</strong>s colonisateurs portugais au milieu du XVIe siècle.<br />
Après l’installation <strong>de</strong> l’évêché du Brésil en 1551 210 , le premier évêque Pero<br />
Fernan<strong>de</strong>s Sardinha est arrivé à Salvador <strong>de</strong> Bahia le 22 juin 1552. Cependant les <strong>de</strong>ux<br />
autorités majeures <strong>de</strong> la Couronne en Amérique portugaise ne sont pas parvenu à une bonne<br />
entente et après plusieurs disputes et querelles entre l’évêque et le Gouverneur-général Duarte<br />
da Costa, le premier en retournant pour Lisbonne pour exposer au roi leurs insatisfactions, son<br />
navire Nossa Senhora da Ajuda a fait naufrage le 15 juin 1556 211 à l’embouchure du fleuve<br />
Mucuripe, dans le territoire <strong>de</strong> Caeté. En accord avec les coutumes <strong>de</strong>s peuples Tupi, qui<br />
pratiquaient l’anthropophagie rituelle, l’équipage et les voyageurs qui avaient survécu, parmi<br />
eux l’évêque, ont été fait prisonniers et après, ont été dévorés rituellement.<br />
La conséquence plus évi<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> cet épiso<strong>de</strong> a été la déflagration d’une guerre juste 212 ,<br />
la plupart soutenue par le donataire <strong>de</strong> Pernambuco, mais avec le soutien du Gouvernementgénéral.<br />
La guerre a durée <strong>de</strong> 1560 jusqu’à 1565 et a été considérée par les colonisateurs<br />
comme une « guerre d’extermination », face la gravité <strong>de</strong> la faute commise par ce peuple<br />
contre l’autorité ecclésiastique.<br />
La guerre contre les Caeté a été fortement tenace, les Caeté ayant plusieurs fois assiégé<br />
la ville d’Olinda, capitale <strong>de</strong> Pernambuco. Cependant, avec les renforts reçus du<br />
Gouvernement-général, les Caeté ont été vaincus en 1565 et même si quelques survivants ont<br />
été soumis à l’esclavage dans les plantations <strong>de</strong> canne à sucre, ce peuple a été considéré<br />
« exterminé ».<br />
Comme nous avons pu le constater, le chapitre <strong>de</strong>s rapports entre les colonisateurs et<br />
les peuples indigènes habitants du littoral du Nor<strong>de</strong>ste du Brésil a fonctionné dès les conflits<br />
jusqu’à la réduction <strong>de</strong>s survivants dans les missions catholiques où à la condition d’esclave.<br />
Les peuples Tupi du littoral ont été combattus, parfois exterminés, d’autres fois accueillis<br />
comme alliés, mais le bilan <strong>de</strong> ces rapports à la fin du XVIe siècle a été l’acquisition <strong>de</strong><br />
210 Créée par le pape Jules III à travers la bulle Super specula militantis Ecclesiae, <strong>de</strong> 25 février 1551, dans la ville <strong>de</strong><br />
Salvador <strong>de</strong> Bahia, alors siège du Gouvernement-général du Brésil.<br />
211 PITTA, Sebastião da Rocha, História da América Portuguesa [1 ère édition 1730], São Paulo : W. M. Jackson, 1964, p.<br />
164.<br />
212 Il y avait plusieurs lois royales interdisant la guerre et l’esclavage <strong>de</strong>s indigènes, mais dans certains cas il y avait aussi la<br />
possibilité d’avoir l’autorisation royale <strong>de</strong> combattre les groupes insoumis. La guerre faite sous l’autorisation royale a été<br />
désignée par l’expression juridique « guerre juste ».<br />
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