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Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

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à l'application <strong>de</strong>s lois <strong>dans</strong> une rivière aussi éten<strong>du</strong>e<br />

que la Restigouche et bordant la frontière canadienne. 29<br />

À cette époque, la pêche au <strong>saumon</strong> se pratique<br />

principalement <strong>dans</strong> les rivières et leurs estuaires; la<br />

Restigouche est naturellement la rivière la plus importante,<br />

les principaux efforts <strong>de</strong> pêche étant effectués<br />

à partir <strong>de</strong> Campbellton jusqu'aux eaux d'amont. Il y a<br />

peu <strong>de</strong> postes <strong>de</strong> pêche au <strong>saumon</strong> <strong>dans</strong> la baie <strong>de</strong>s<br />

Chaleurs elle-même à cette époque (1830), comparativement<br />

aux années suivantes. On peut supposer,<br />

d'après les commentaires <strong>de</strong> John Mowat, que <strong>de</strong> 30 à<br />

40 filets sont ten<strong>du</strong>s sur le haut fond <strong>de</strong> Campbellton et<br />

autour <strong>de</strong>s principales agglomérations <strong>de</strong> Campbellton,<br />

Dalhousie, Bathurst, Janeville, Caraquet, Port Daniel,<br />

New Carlisle, New Richmond et Schoolbred (Nouvelle).<br />

La pêche à la pointe est toujours une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

pêche favorite et populaire et on discutera très longtemps<br />

pour savoir si davantage <strong>de</strong> poissons sont capturés<br />

à la pointe ou au filet. La pêche à la pointe se<br />

pratique surtout la nuit à bord <strong>de</strong> canots et à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

flambeaux faits d'écorce <strong>de</strong> bouleau. Certains disent<br />

que la Restigouche est tellement jonchée <strong>de</strong> vieux flambeaux<br />

que ses berges semblent bordées d'andains <strong>de</strong><br />

foin et que si l'on réussisait à parcourir tout le réseau<br />

<strong>de</strong>s cours d'eau faisant partie <strong>du</strong> système <strong>de</strong> la Restigouche<br />

en une seule nuit, on pourrait toujours voir un<br />

flambeau allumé.'<br />

<strong>Le</strong>s filets ten<strong>du</strong>s, les filets dérivants et les drèges<br />

sont principalement utilisés <strong>dans</strong> les sections d'aval <strong>de</strong><br />

la rivière mais les Blancs ne sont pas les seuls à le faire;<br />

ainsi, en 1824, un marchand rapporte que les Micmacs<br />

ont attrapé pas moins <strong>de</strong> 3 000 <strong>saumon</strong>s avec <strong>de</strong>s filets<br />

ten<strong>du</strong>s <strong>dans</strong> la Restigouche en <strong>de</strong>ux nuits.' <strong>Le</strong>s Indiens<br />

semblent s'adonner presque continuellement à la pêche<br />

pendant la montaison <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> et en tirer énormément<br />

<strong>de</strong> profits; leurs droits traditionnels les placent <strong>dans</strong> une<br />

position légèrement meilleure que les colons blancs<br />

pour exploiter cette ressource, leur principal village se<br />

trouvant à Mission Point, au Québec, directement en<br />

face <strong>de</strong> la ville champignon <strong>de</strong> Campbellton. Cette réserve<br />

indienne est très convoitée par les colons blancs<br />

en raison <strong>de</strong> son grand potentiel agricole et <strong>de</strong> sa proximité<br />

par rapport à la précieuse pêcherie <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> <strong>du</strong><br />

haut-fond. Lui reconnaissant cette valeur, Lord Dalhousie<br />

offre aux Indiens la somme <strong>de</strong> 600 £ et le double<br />

<strong>de</strong> terres ailleurs s'ils cè<strong>de</strong>nt leur titre <strong>de</strong> propriété à la<br />

réserve et à la pêcherie; les Indiens refusent sagement<br />

son offre.'<br />

Il est in<strong>du</strong>bitable que la surexploitation contribue<br />

au déclin <strong>de</strong>s stocks <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> <strong>de</strong> la rivière Restigouche<br />

et <strong>de</strong> la baie <strong>de</strong>s Chaleurs, mais malgré cela,<br />

quelques personnes espèrent toujours une reconstitution<br />

<strong>de</strong>s stocks et certains sont capables <strong>de</strong> prévoir un avenir<br />

prometteur pour la région. John McTaggert écrit en<br />

1829 :<br />

112<br />

<strong>Le</strong>s petites rivières qui se jettent <strong>dans</strong> la baie <strong>de</strong>s Chaleurs<br />

regorgent <strong>du</strong> meilleur <strong>saumon</strong> dont on ne fait<br />

aucun cas ni <strong>dans</strong> cette baie ni <strong>dans</strong> les autres qui<br />

donnent <strong>dans</strong> le golfe Saint-Laurent. La marée a habituellement<br />

une amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> trois peids <strong>dans</strong> la baie <strong>de</strong>s<br />

Chaleurs, atteignant six pieds pendant les marées <strong>de</strong><br />

vive-eau. Il y aurait donc I , ] quelque avantage à ancrer<br />

les parcs en filet sur les hauts-fonds. Il y a beaucoup <strong>de</strong><br />

neige et <strong>de</strong> glace en hiver et il conviendrait peut-être <strong>de</strong><br />

construire <strong>de</strong>s bâtiments adéquats pour les conserver en<br />

été; un petit bateau à vapeur pourrait ensuite transporter<br />

le poisson encore frais jusqu'à Québec où il pourrait<br />

être ven<strong>du</strong> rapi<strong>de</strong>ment ou jusqu'à Montréal, où il serait<br />

très bien prise. Une telle entreprise nécessite un peu<br />

d'argent pour débuter niais, au train où vont les choses,<br />

on y verra bientôt <strong>de</strong>s pêcheurs."<br />

Même si les populations <strong>de</strong> poissons sont considérées<br />

comme peu abondantes à la fin <strong>de</strong>s années 1820<br />

et la pêche relativement inactive, la crise n'est pas aussi<br />

grave qu'elle le sera à la fin <strong>de</strong>s années 1830. John<br />

Duncan, un agriculteur <strong>de</strong> Campbellton qui a suivi la<br />

pêche au <strong>saumon</strong> <strong>de</strong>puis le début <strong>du</strong> siècle, note que<br />

3 000 barils <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s sont encore attrapés chaque<br />

année <strong>dans</strong> la rivière Restigouche à la fin <strong>de</strong>s années<br />

1820; ce chiffre est bien sûr une diminution par rapport<br />

aux milliers <strong>de</strong> tierçons expédiés <strong>de</strong> la Restigouche au<br />

moment <strong>de</strong> l'arrivée <strong>de</strong> Duncan. Dès le milieu <strong>de</strong>s<br />

années 1830, la pro<strong>du</strong>ction diminue toutefois pour n'atteindre<br />

que quelques centaines <strong>de</strong> barils; en 1835, les<br />

prises officelles à Dalhousie (Restigouche) ne sont que<br />

d'environ 150 000 livres <strong>de</strong> poisson vivant et n'atteindront<br />

que 40 000 en 1839."<br />

La même tendance à la baisse est observée plus<br />

loin en aval à Bathurst et à Caraquet; même si la pêche<br />

pratiquée à ces endroits n'a jamais été aussi importante<br />

qu'à l'embouchure <strong>de</strong> la Restigouche, elle s'etend le<br />

long <strong>de</strong> la côte à un point tel que <strong>de</strong>s règlements sont<br />

adoptés en 1833 pour en réglementer la pratique.'<br />

Soixante-douze barils <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> sont, selon les registres,<br />

exportés en 1835, mais, dès 1838, cette quantité<br />

tombe à 41 barils." La pêche <strong>de</strong>vient si maigre que <strong>de</strong><br />

nombreuses personnes travaillant habituellement <strong>dans</strong><br />

l'in<strong>du</strong>strie locale et ne voulant pas travailler <strong>dans</strong> les<br />

forêts gagnent plutôt les pêcheries <strong>du</strong> Labrador.'<br />

La pêche au <strong>saumon</strong> <strong>de</strong> la baie <strong>de</strong>s Chaleurs est<br />

<strong>dans</strong> le creux <strong>de</strong> la vague en 1841. Certains affirment<br />

que <strong>de</strong> 1830 à 1840 les différents postes <strong>de</strong> pêche <strong>de</strong> la<br />

baie attrapent rarement plus <strong>de</strong> 10 ou 12 barils <strong>de</strong> poisson<br />

en une saison — soit <strong>de</strong> 125 à 175 gros poissons<br />

chacun; si, par pur hasard, les pêcheurs réussissent à<br />

attraper 20 barils <strong>de</strong> poissons, la saison et la remonte<br />

sont considérées comme particulièrement bonnes.<br />

Même si les relevés <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> ne<br />

sont probablement pas complets, d'autres données <strong>de</strong><br />

cette époque révèlent qu'au plus 2 000 barils <strong>de</strong> poisson<br />

sont attrapés <strong>dans</strong> la baie <strong>de</strong>s Chaleurs pendant une<br />

bonne année, le plus fort pourcentage <strong>de</strong> ces prises étant

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