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Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

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Tout comme <strong>dans</strong> le Bas-Canada, on commence,<br />

<strong>dans</strong> le Haut-Canada, à s'intéresser aux moyens <strong>de</strong><br />

conservation. En 1864, on se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> même si certains<br />

cours d'eau à <strong>saumon</strong>s <strong>de</strong> l'Ontario ne <strong>de</strong>vraient pas<br />

être réservés exclusivement à la repro<strong>du</strong>ction naturelle,<br />

et <strong>dans</strong> cet ordre d'idée on pense tout particulièrement<br />

aux rivières Moira et Credit." En 1865, Samuel<br />

Wilmot, qui allait <strong>de</strong>venir le promoteur <strong>de</strong> la pisciculture<br />

canadienne pendant les 30 années suivantes, propose<br />

au gouvernement <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s réserves où il serait<br />

possible <strong>de</strong> réaliser un repeuplement artificiel. Pour<br />

montrer que cela est réalisable <strong>dans</strong> la pratique, Wilmot<br />

décrit <strong>de</strong>s expériences qu'il a effectuées <strong>dans</strong> son propre<br />

sous-sol où, grâce à l'eau d'un cours d'eau voisin, il a<br />

réussi à faire éclore <strong>de</strong>s oeufs sur <strong>de</strong> simples plateaux et<br />

à élever les poissons.<br />

En 1866, la proposition <strong>de</strong> Wilmot est acceptée<br />

par le gouvernement; par décret, la Newcastle, où<br />

« ruisseau <strong>de</strong> Wilmot » est déclarée réserve pour le repeuplement<br />

naturel et artificiel en <strong>saumon</strong> sous la supervision<br />

<strong>de</strong> Wilmot. <strong>Le</strong> ruisseau Wilmot était autrefois<br />

un remarquable cours d'eau à <strong>saumon</strong>, <strong>dans</strong> lequel plus<br />

<strong>de</strong> 1 000 poissons pouvaient être comptés à l'époque <strong>de</strong><br />

la fraie. <strong>Le</strong> poisson était impitoyablement pêché à la<br />

pointe, et servait souvent <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>it d'échange <strong>dans</strong> les<br />

transactions commerciales avec la ville <strong>de</strong> Rochester<br />

aux États-Unis. Cette pêche excessive avait ré<strong>du</strong>it le<br />

nombre <strong>de</strong> montaisons <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s à un niveau très<br />

faible à l'époque où Wilmot réussit à protéger le cours<br />

d'eau.<br />

Sans savoir si le ruisseau lui fournirait un stock<br />

suffisant pour la fraie, Wilmot aménage un petit bassin<br />

<strong>de</strong> retenue au bord <strong>de</strong> la rivière, au-<strong>de</strong>ssus <strong>du</strong>quel il fait<br />

construire un bâtiment <strong>de</strong> 15' x 36', qu'il appelle<br />

« maison <strong>de</strong> réception ». Un barrage est érigé en amont<br />

<strong>de</strong> ce bâtiment pour approvisionner en eau un bassin<br />

récepteur contenant une nasse métallique. À la fin <strong>de</strong><br />

l'automne, 15 repro<strong>du</strong>cteurs, mâles et femelles, sont<br />

retenus <strong>dans</strong> l'installation. Mais, les choses se gâtent<br />

lorsque, au moment <strong>de</strong> la fraie artificielle, <strong>de</strong>s malotrus<br />

pénètrent <strong>dans</strong> le bâtiment et emportent Il <strong>de</strong>s poissons.<br />

Heureusement, il réussit à obtenir 15 000 oeufs<br />

<strong>de</strong>s quatre poissons restants.<br />

Après le transfert <strong>de</strong> ces oeufs <strong>dans</strong> les boîtes à<br />

éclosion <strong>du</strong> sous-sol <strong>de</strong> la maison qu'il habite, il arrive<br />

à les conserver pendant tout l'hiver sans gran<strong>de</strong>s pertes.<br />

La température <strong>de</strong> l'alimentation en eau printanière se<br />

maintient entre 40 et 44°F, et une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s<br />

oeufs arrivent à éclosion en 70 jours. <strong>Le</strong> frai, après<br />

avoir atteint le sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> tacon, est remis <strong>dans</strong> le cours<br />

d'eau natal, à l'exception <strong>de</strong> quelques spécimens qui<br />

sont conservés pour étu<strong>de</strong>. Certains <strong>de</strong> ces poissons<br />

atteignent le sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> smolt en 1868. La réussite <strong>de</strong> la<br />

fraie artificielle le pousse à recommencer la même<br />

expérience à l'automne <strong>de</strong> 1867, cette fois-ci avec une<br />

ai<strong>de</strong> financière plus généreuse <strong>du</strong> gouvernement.<br />

D'autres problèmes surgissent; bien que Wilmot réussisse<br />

à recueillir 25 poissons repro<strong>du</strong>cteurs et à un<br />

obtenir plus <strong>de</strong> 50 000 oeufs, il constate qu'un grand<br />

nombre <strong>de</strong> ceux-ci sont immatures et inféconds. Mais,<br />

beaucoup donnent néanmoins <strong>du</strong> frai qui sert à repeupler<br />

le ruisseau. Sous l'égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> Wilmot et avec l'ai<strong>de</strong><br />

<strong>du</strong> nouveau gouvernment <strong>du</strong> Dominion, la pisciculture<br />

canadienne va prendre un essor rapi<strong>de</strong> et <strong>de</strong>venir un<br />

exemple pour le reste <strong>de</strong> <strong>l'Amérique</strong> <strong>du</strong> <strong>Nord</strong>."<br />

Terre-Neuve et Labrador<br />

Pendant les cinq années précédant 1844, les exportations<br />

<strong>de</strong> <strong>saumon</strong> au départ <strong>de</strong> Terre-Neuve et <strong>de</strong> la<br />

région <strong>du</strong> Labrador administrée par Terre-Neuve sont<br />

estimées par calcul à 5 000 tierces par année; en 1849,<br />

les exportations combinées <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux territoires dépassent<br />

6 000 tierces chaque saison, ce qui représente plus<br />

<strong>de</strong> 2,75 millions <strong>de</strong> livres <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> frais entier." Et<br />

même ces chiffres phénoménaux sont peut-être <strong>de</strong>s<br />

sous-évaluations pour la pério<strong>de</strong>, car, en 1852, une<br />

station non i<strong>de</strong>ntifiée <strong>de</strong> la côte <strong>du</strong> Labrador signale à<br />

elle seule une pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> 1 200 tierces.'<br />

<strong>Le</strong>s années 1850 représentent une époque propsère<br />

pour Terre-Neuve. En 1855, la colonie a enfin un gouvernement<br />

responsable, et cela lui permet d'intervenir<br />

<strong>de</strong> façon plus efficace pour son propre développement.<br />

<strong>Le</strong>s administrateurs <strong>de</strong> Terre-Neuve sont particulièrement<br />

fiers <strong>du</strong> fait qu'ils ont réussi à faire échec à la<br />

Convention <strong>de</strong> 1857, entre la France et la Gran<strong>de</strong>-<br />

Bretagne, qui aurait donné à la France certains privilèges<br />

<strong>de</strong> pêche et d'accès territorial à Terre-Neuve et au<br />

Labrador, privilèges qui n'avaient pas été garantis par<br />

le Traité <strong>de</strong> 1783. Ce <strong>de</strong>rnier, par exemple, interdisait<br />

l'installation <strong>de</strong> postes permanents sur le « rivage<br />

français », et autorisait les <strong>de</strong>ux nations à y pêcher<br />

concurremment. Toutes les parties ignoraient ces<br />

clauses, et pour les Terre-Neuviens qui choisissent <strong>de</strong><br />

s'établir sur le rivage français, la situation est quelque<br />

peu précaire. À plusieurs reprises, <strong>de</strong>s pêcheurs fiançais<br />

<strong>de</strong> l'endroit interdisent à ces Terre-Neuviens <strong>de</strong><br />

pêcher; on les accuse aussi d'extorquer aux colons britanniques,<br />

installés le long <strong>de</strong> la côte ouest <strong>de</strong> Terre-<br />

Neuve, la moitié <strong>de</strong>s saunions que ceux-ci prennent<br />

<strong>dans</strong> les rivières, pour payer ce que les Français considèrent<br />

comme leur privilège <strong>de</strong> pêche <strong>dans</strong> ces cours<br />

d'eau. Jusqu'en 1857, la Gran<strong>de</strong>-Bretagne s'est réservé<br />

le droit exclusif <strong>de</strong> négocier avec la France les droits <strong>de</strong><br />

pêche riverains <strong>de</strong>s Français à Terre-Neuve. Mais, en<br />

1857, les objections et les protestations <strong>de</strong> la colonie au<br />

sujet <strong>de</strong> la Convention qui vient d'être signée, font que<br />

la Gran<strong>de</strong>-Bretagne annule l'accord et délègue à<br />

l'Assemblée <strong>de</strong> Terre-Neuve les pleins pouvoirs en la<br />

matière. <strong>Le</strong> <strong>de</strong>rnier mot concernant le rivage français<br />

appartient maintenant aux Terre-Neuviens, et ils<br />

commencent à imposer <strong>de</strong>s règlements pour mettre un<br />

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