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Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

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econnue pour l'abondance <strong>de</strong>s <strong>saumon</strong>s et <strong>de</strong>s gaspareaux,<br />

mais les nombreux Indiens et les premiers<br />

colons français n'avaient guère tiré profit <strong>de</strong> l'immense<br />

potentiel commercial <strong>de</strong> la région.<br />

En 1798, toutefois, le jeune Powell s'associe à<br />

Thomas Pagan et met sur pied une entreprise <strong>de</strong> pêche<br />

et d'exportation <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> et <strong>du</strong> gaspareau. Une fois,<br />

Powell lui-même pêche 700 saunions au cours d'une<br />

expédition <strong>de</strong> vingt-quatre heures sur la rivière. La<br />

compagnie Powell & Pagan se retire <strong>de</strong>s affaires en<br />

1807, car les stocks <strong>de</strong> poissons sont <strong>de</strong>venus trop faibles<br />

pour assurer la rentabilité <strong>de</strong> l'entreprise. Malgré le<br />

nombre considérable <strong>de</strong> prises effectuées par la compagnie<br />

en dix ans, le déclin <strong>de</strong> la population <strong>de</strong> poissons<br />

est plutôt imputé à une surexploitation <strong>de</strong> la ressource<br />

après 1800 par les nouveaux colons établis <strong>dans</strong> la région<br />

<strong>de</strong> Kouchibouguac, <strong>de</strong> Kouchibouguacis et <strong>de</strong><br />

Buctouche et qui dépen<strong>de</strong>nt fortement <strong>de</strong>s remontées <strong>de</strong><br />

<strong>saumon</strong>s et <strong>de</strong> gaspareaux.'<br />

Il est difficile d'évaluer le ren<strong>de</strong>ment réel <strong>de</strong> la<br />

pêche au <strong>saumon</strong> sur la côte nord <strong>du</strong> Nouveau-<br />

Brunswick, car les relevés officiels n'indiquent pas le<br />

niveau <strong>de</strong>s exportations au cours <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong>. Par<br />

exemple, <strong>dans</strong> les archives <strong>de</strong>s douanes <strong>de</strong> 1808, 1809<br />

et 1810, il est indiqué que moins <strong>de</strong> 100 tierces <strong>de</strong><br />

poissons sont exportées chaque saison.' Ces statistiques<br />

s'expliquent en partie par le fait que le bureau <strong>de</strong>s<br />

douanes se trouve à Saint-Jean, la ville <strong>de</strong> Miramichi<br />

étant considéré uniquement comme un avant-port <strong>de</strong> la<br />

ville située en bor<strong>du</strong>re <strong>de</strong> la baie <strong>de</strong> Fundy; en réalité,<br />

les intérêts commerciaux et territoriaux distincts créent<br />

un énorme fossé entre les <strong>de</strong>ux régions. <strong>Le</strong>s relevés <strong>de</strong>s<br />

exportations indiquent, toutefois, qu'une bonne partie<br />

<strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its exportés <strong>de</strong> Miramichi sont acheminés vers<br />

les Antilles. En 1806, un premier historien mentionnait<br />

l'existence d'une pêche générale extensive <strong>dans</strong> le nord<br />

<strong>du</strong> Nouveau-Brunswick :<br />

d'énormes quantités <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> sont pêchées <strong>dans</strong> différentes<br />

rivières qui se jettent <strong>dans</strong> le golfe, et en particulier<br />

<strong>dans</strong> la rivière Restigouche qui se jette <strong>dans</strong> la<br />

baie <strong>de</strong>s Chaleurs, et <strong>dans</strong> la rivière Miramichi... On<br />

a souvent exporté 4 000 tierces <strong>de</strong> poisson <strong>de</strong> 300 livres<br />

chacune par an <strong>dans</strong> cette rivière... Je peux affirmer<br />

sans risque <strong>de</strong> me tromper que 10 000 tierces <strong>de</strong><br />

poisson pêché <strong>dans</strong> le golfe sont exportées par an»<br />

Robert Clooney, le premier historien <strong>de</strong> la région,<br />

donne une autre <strong>de</strong>scription précise <strong>de</strong> la valeur réelle<br />

<strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong> poisson lorsqu'il écrit en 1832 que,<br />

pendant la première décennie <strong>du</strong> XIX' siècle, la pêche<br />

au <strong>saumon</strong> a été très pro<strong>du</strong>ctive, variant souvent <strong>de</strong><br />

«3 000 barils à 5 000 tierces <strong>de</strong> poisson capturé et<br />

préparé en vue <strong>de</strong> l'exportation. . . On peut considérer<br />

que ces exportations se sont maintenues à ce niveau<br />

jusqu'aux environs <strong>de</strong> 1813 ou 1814 ».'<br />

RIVIÈRE SAINT-JEAN<br />

En Amérique <strong>du</strong> <strong>Nord</strong> britannique, peu <strong>de</strong> régions<br />

connaissent une expansion aussi rapi<strong>de</strong> et déterminante<br />

après 1783 que la vallée <strong>de</strong> la rivière Saint-Jean. En<br />

1782, moins <strong>de</strong> 200 familles vivaient le long <strong>de</strong> la<br />

rivière, mais dès 1785, plus <strong>de</strong> 10 000 immigrants se<br />

sont établis le long <strong>de</strong> la rivière et <strong>de</strong> ses affluents." <strong>Le</strong>s<br />

répercussions sur la pêche sont immédiates. Avant<br />

1784, la pêche était pratiquée uniquement par les Indiens,<br />

quelques Blancs et la compagnie Simonds,<br />

Hazen et White, laquelle s'adonnait à une pêche cornmerciale<br />

intensive à l'embouchure <strong>de</strong> la rivière.<br />

Avec l'arrivée <strong>de</strong>s Loyalistes et la création ultérieure<br />

<strong>de</strong> Parrtown, la compagnie Simonds, Hazen et<br />

White doit se battre contre les nouveaux colons. La<br />

charte <strong>de</strong> la ville prévoit que la pêcherie entre la ligne<br />

<strong>de</strong> basses eaux et la ligne <strong>de</strong> hautes eaux <strong>du</strong> côté est <strong>du</strong><br />

havre sera « réservée uniquement pour l'usage, le profit<br />

et l'avantage <strong>de</strong>s hommes libres et <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> la<br />

ville »." <strong>Le</strong> conseil municipal exerce le droit <strong>de</strong> réglementer<br />

et <strong>de</strong> gérer la pêche, droit qui s'étendra ultérieurement<br />

à la rive ouest <strong>du</strong> havre. <strong>Le</strong>s droits <strong>de</strong> pêche<br />

octroyés <strong>dans</strong> la charte et le droit <strong>du</strong> conseil à réglementer<br />

les ressources <strong>dans</strong> le havre sont jalousement<br />

gardés à tel point que le cinquième article <strong>de</strong> la première<br />

loi <strong>du</strong> Nouveau-Brunswick sur les pêches adoptée en<br />

1786 stipule que la loi ne doit en aucun cas gêner<br />

l'application <strong>du</strong> règlement déjà en vigueur sur la pêche<br />

<strong>dans</strong> la rivière Saint-Jean. L'essentiel <strong>de</strong> cet article sera<br />

respecté presque jusqu'à nos jours.'<br />

Tous les ans en janvier, le Conseil <strong>de</strong> la ville<br />

organise une loterie au cours <strong>de</strong> laquelle <strong>de</strong>s lots <strong>de</strong><br />

pêche sont attribués; ce tirage suscite beaucoup d'enthousiasme<br />

parmi la population. Tout homme libre <strong>de</strong> la<br />

ville peut acheter un billet pour la somme <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

shillings; le détenteur <strong>du</strong> premier billet gagnant peut<br />

choisir un lot parmi les différents lots <strong>de</strong> pêche <strong>du</strong><br />

havre. De <strong>de</strong>ux choses l'une : ou bien il utilise luimême<br />

le lot, ou bien il le loue et reçoit une partie <strong>de</strong>s<br />

prises comme paiement. Ainsi, en 1791, un <strong>de</strong>s meilleurs<br />

sites <strong>de</strong> pêche est loué pour 450 saunions, ce qui<br />

indique l'importance et l'éten<strong>du</strong>e <strong>de</strong> la pêche à Saint-<br />

Jean à cette époque.'<br />

De l'avis <strong>de</strong> certains, et en particulier <strong>de</strong> pêcheurs.<br />

<strong>de</strong> bonne foi, la loterie est une manière inéquitable<br />

d'octroyer <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> pêche, car ils ne sont guère<br />

favorisés. Si les pêcheurs eux-mêmes jouent <strong>de</strong> malchance<br />

à la loterie, ils doivent acheter les droits d'une<br />

personne plus chanceuse, ce qui n'est pas toujours possible;<br />

aussi la loterie sera-t-elle critiquée dès le début.<br />

Pour cette raison, <strong>de</strong> nombreuses illégalités sont cornmises<br />

et beaucoup <strong>de</strong> gens font preuve <strong>de</strong> mauvaise foi.<br />

Ainsi, en 1795, un dénommée Jabez Husted, un<br />

boucher possédant un lot au Havre aux Cèdres intente<br />

<strong>de</strong>s poursuites contre Richards Bonsal, John Boggs,<br />

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