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Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

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nues <strong>de</strong> scieries et <strong>de</strong> moulins à grain le long <strong>de</strong>s différentes<br />

rivières exercent <strong>de</strong>s ravages sur les ressources<br />

halieutiques, au cours <strong>de</strong> la première moitié <strong>du</strong> XVIII'<br />

siècle. Dès la fin <strong>de</strong>s années 1600, <strong>de</strong> tels efforts sont<br />

déployés pour la pêche sur les rivières qu'il faut promulguer<br />

<strong>de</strong>s lois pour contrôler l'expansion <strong>de</strong> cette<br />

activité et protéger la fraie; la liberté totale <strong>de</strong> pêcher<br />

concédée un siècle auparavant est désormais la cause <strong>de</strong><br />

graves problèmes <strong>dans</strong> <strong>de</strong> nombreuses régions. Dès<br />

1668, le Massachusetts, la plus populeuse <strong>de</strong>s colonies,<br />

juge nécessaire d'établir au moyen d'une loi une saison<br />

pour pêcher la morue, l'aiglefin et le maquereau sur la<br />

côte.' Néanmoins, la protection initiale <strong>de</strong>s pêches à<br />

l'intérieur <strong>de</strong>s terres est laissée aux différentes communes,<br />

qui ne sont pas tentées d'intro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong>s restrictions<br />

pouvant nuire à elles-mêmes et avantager <strong>de</strong>s<br />

communes avoisinantes. En dépit <strong>de</strong> cela, en 1687, le<br />

conseil <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Haverhill au Massachusetts, en<br />

réponse au « désir général <strong>de</strong> la population », estime<br />

qu'il est indispensable d'établir un règlement pour<br />

assurer la circulation libre <strong>du</strong> poisson à travers plusieurs<br />

barrages artificiels <strong>de</strong> la rivière Merrimack et <strong>de</strong> ses<br />

affluents,<br />

en toutes saisons <strong>de</strong> l'année, et particulièrement la nuit,<br />

pour que le poisson monte frayer <strong>dans</strong> le bassin, et à<br />

cette fin d'ordonner que personne ne construise <strong>de</strong> barrage<br />

sans consentir à y laisser un passage ouvert pendant<br />

la nuit, ou ne tolère que son barrage ou autre engin<br />

n'entrave l'accès <strong>de</strong>s poissons au(x) bassin(s). 47<br />

Malgré ce premier règlement <strong>de</strong>stiné à protéger la<br />

migration <strong>de</strong>s poissons <strong>dans</strong> les rivières <strong>du</strong> Massachusetts,<br />

la situation n'en continue pas moins <strong>de</strong> se détériorer.<br />

Il semble y avoir peu <strong>de</strong> compromis entre le<br />

poisson et les structures qui entravent ses déplacements;<br />

les retenues <strong>de</strong> moulin, les engins <strong>de</strong> pêche et autres<br />

obstacles surgissent avec une gran<strong>de</strong> rapidité et se multiplient<br />

tellement que la législature <strong>du</strong> Massachusetts est<br />

contrainte <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong> nouvelles mesures. En 1709, la<br />

colonie inaugure la première série <strong>de</strong> lois <strong>de</strong>stinées à<br />

protéger la pêche sur les rivières : « Une loi pour prévenir<br />

les empêchements causés par les haies, barrières<br />

et autres obstacles gênant le passage <strong>du</strong> poisson <strong>dans</strong> les<br />

rivières ». 48 Cette loi interdit la construction d'engins <strong>de</strong><br />

pêche, <strong>de</strong> retenues <strong>de</strong> moulin et d'autres obstacles qui<br />

empêchent carrément le poisson <strong>de</strong> remonter les cours<br />

d'eau, et délègue aux administrations <strong>de</strong>s différents<br />

comtés l'autorité pour la faire respecter, et stipule que<br />

la pêche ne peut être effectuée sans une permission<br />

accordée par les services appropriés. <strong>Le</strong> matériel <strong>de</strong><br />

pêche non autorisé peut être détruit.<br />

Toutefois, cette loi se révèle assez inefficace étant<br />

donné qu'elle ne s'applique pas aux retenues <strong>de</strong> moulin<br />

déjà existantes, et que les nouveaux propriétaires jugent<br />

inacceptables d'être les seuls visés par cette loi. La<br />

remise aux comtés <strong>de</strong>s pouvoirs pour faire respecter la<br />

loi constitue une autre lacune, ces cours municipales<br />

ayant peu <strong>de</strong> ressources à consacrer à la protection <strong>de</strong>s<br />

pêcheries. Pendant <strong>de</strong> nombreuses années, aucun surveillant<br />

n'est nommé — Haverhill n'a pas eu <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>spêche<br />

avant 1722 49 — et quand enfin les nominations se<br />

pro<strong>du</strong>isent, les surveillants sont en trop petit nombre<br />

pour donner <strong>de</strong>s résultats satisfaisants. Lorsque, en raison<br />

<strong>de</strong>s pressions exercées, elles doivent enfin assurer<br />

la protection <strong>de</strong>s pêches, les villes commencent à exiger<br />

<strong>de</strong>s pêcheurs une certaine forme <strong>de</strong> rémunération pour<br />

financer les mesures nécessaires. Ainsi, lorsqu'il obtient<br />

<strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Newbury le droit <strong>de</strong> pêcher sur un<br />

certain tronçon <strong>de</strong> rivière, le dénommé Moses Chase est<br />

obligé <strong>de</strong> remettre <strong>de</strong>ux <strong>saumon</strong>s à chacun <strong>de</strong>s responsables<br />

<strong>de</strong>s pêches <strong>de</strong> la commune; et en 1738, un<br />

comité local autorisé d'Amoskeag Falls impose aux<br />

pêcheurs un penny par <strong>saumon</strong> pour la réglementation<br />

et la protection <strong>de</strong> la pêche locale.'<br />

Depuis la fondation <strong>de</strong> Boston en 1630, ses habitants<br />

développent un goût particulier à l'endroit <strong>du</strong> <strong>saumon</strong>.<br />

Chaque semaine, <strong>de</strong>s wagons chargés <strong>de</strong> ce poisson<br />

en provenance <strong>de</strong> la rivère Merrimack sont amenés<br />

au marché <strong>de</strong> cette ville. 51 Non seulement il est servi<br />

régulièrement à la table <strong>de</strong> l'homme ordinaire, mais<br />

c'est également un mets <strong>de</strong> choix chez les notables : par<br />

exemple, un certain colonel Hutchinson est ravi d'accepter<br />

une invitation <strong>du</strong> gouverneur <strong>de</strong> la colonie <strong>du</strong><br />

Massachusetts pour partager avec lui un délicieux repas<br />

<strong>de</strong> <strong>saumon</strong>, un jour d'élection en 1712. 52 Cependant, le<br />

nombre <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s capturés chaque année atteint <strong>de</strong><br />

telles proportions qu'il se pro<strong>du</strong>it périodiquement <strong>de</strong>s<br />

baisses <strong>de</strong> stocks qui, associées au nombre croissant <strong>de</strong>s<br />

retenues <strong>de</strong> moulin empêchant la remonte <strong>du</strong> poisson,<br />

commencent à menacer sérieusement l'avenir <strong>de</strong> l'espêce.<br />

Jusqu'à la fin <strong>du</strong> siècle, les remontes sont plus ou<br />

moins assurées correctement chaque année; à la fin <strong>de</strong>s<br />

années 1720, les saisons ratées sont la règle. En 1728,<br />

un citoyen <strong>de</strong> Boston estime qu'il est nécessaire <strong>de</strong><br />

recourir à une certaine ruse pour au moins goûter au<br />

<strong>saumon</strong> <strong>de</strong> la Merrimack cette année-là. Dans une lettre<br />

à un ami, il écrit :<br />

Je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rais la faveur dc me réserver un, <strong>de</strong>ux,<br />

trois ou même davantage <strong>de</strong>s premiers <strong>saumon</strong>s <strong>de</strong><br />

l'année. Je suis disposé à mettre un bon prix et même<br />

le prix fort plutôt que <strong>de</strong> n'en pas avoir; pour me<br />

contenter, je paierai les services d'un homme à cheval,<br />

mais veillez à ce qu'il n'en apporte pour personne<br />

d'autre en même temps. S'il ne <strong>de</strong>vait y avoir qu'un<br />

seul <strong>saumon</strong>, envoyez-le quand même sur le champ. 53<br />

Néanmoins, le <strong>saumon</strong> reste abondant sur tout le<br />

reste <strong>de</strong> son ancien territoire naturel. William Douglas<br />

écrit en 1747 que :<br />

<strong>Le</strong> <strong>saumon</strong> foisonne <strong>dans</strong> toutes les rivières <strong>de</strong> l'Amé-<br />

rique <strong>du</strong> <strong>Nord</strong> britannique à partir <strong>de</strong> Terre-Neuve jus-<br />

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