27.06.2013 Views

Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Terre-Neuve et Labrador<br />

La pêche au <strong>saumon</strong> à Terre-Neuve se développe<br />

rapi<strong>de</strong>ment après la Révolution américaine. Dès la fin<br />

<strong>de</strong>s hostilités, les Américains ne s'intéressent plus à la<br />

pêche <strong>dans</strong> les eaux terre-neuviennes, et leurs alliés les<br />

Français ont abandonné toute activité <strong>de</strong> pêche sur le<br />

French Shore (<strong>du</strong> cap Ray à la Pointe Riche). En 1784,<br />

et probablement pour la première fois <strong>dans</strong> <strong>l'histoire</strong> <strong>de</strong><br />

la colonie, la pêcherie <strong>dans</strong> l'ouest <strong>de</strong> <strong>l'Atlantique</strong> <strong>Nord</strong><br />

est principalement, mais temporairement, entre les<br />

mains <strong>de</strong>s sujets britanniques.'<br />

À la faveur <strong>de</strong> ces conditions, les pêcheurs britanniques<br />

et terre-neuviens accélèrent et intensifient leurs<br />

activités vers l'ouest et vers le nord sans subir aucune<br />

concurrence, et déploient pour ce faire beaucoup<br />

d'énergie et <strong>de</strong> célérité. Ils sont convaincus que la<br />

guerre a annulé les droits <strong>de</strong> pêche traditionnels acquis<br />

par les Américains et les Français <strong>dans</strong> la colonie avant<br />

la révolution; toutefois, le gouvernement britannique<br />

n'est pas aussi prompt à accepter cette interprétation,<br />

car il juge que la question <strong>de</strong>s droits étrangers sur les<br />

pêches peut être négociée <strong>dans</strong> le cadre <strong>de</strong>s pourparlers<br />

<strong>de</strong> paix. Dans ce contexte, les Terre-Neuviens <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt<br />

au moins à définir <strong>de</strong>s droits exclusifs sur la<br />

pêcherie <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> <strong>de</strong> la colonie; la Gran<strong>de</strong>-Bretagne<br />

accepte cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, car elle a toujours eu l'intention<br />

<strong>de</strong> limiter la pêche étrangère à la morue seulement. De<br />

plus, le <strong>saumon</strong> étant anadrome et fréquentant autant les<br />

éten<strong>du</strong>es d'eau douce que salée, il appartient à la terre.<br />

Toutefois, à la signature <strong>du</strong> traité, la question <strong>de</strong>s droits<br />

spécifiques à la pêche au <strong>saumon</strong> n'est pas définie.'<br />

Même avant que la paix soit conclue et que les<br />

intentions <strong>du</strong> gouvernement soient connues <strong>dans</strong> leur<br />

totalité, les pêcheurs britanniques et terre-neuviens<br />

pénètrent <strong>dans</strong> les zones en litige pour défendre leurs<br />

présumés droits par l'occupation. Pendant et immédiatement<br />

après les hostilités, les pêcheurs anglais <strong>de</strong><br />

<strong>saumon</strong>, par exemple, s'établissent <strong>dans</strong> la partie septentrionale<br />

<strong>du</strong> French Shore, <strong>dans</strong> la baie Blanche, la<br />

baie aux Lièvres et le ruisseau Southwest; ils occupent<br />

également la baie St-Georges sur la côte ouest. <strong>Le</strong>s<br />

pêcheurs et les compagnies sont avertis par leurs gouvernements<br />

respectifs d'abandonner ces établissements<br />

jusqu'à ce que la question <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> pêche <strong>de</strong>s Français<br />

soit réglée;" toutefois, plus d'un pêcheur avait<br />

déjà tiré profit <strong>de</strong> la pêche <strong>dans</strong> les cours d'eau situés au<br />

nord <strong>de</strong>s caps Ray et St-Jean et ne voulait donc pas<br />

quitter la région.<br />

<strong>Le</strong>s droits territoriaux et <strong>de</strong> pêche à la morue <strong>de</strong> la<br />

France sont redéfinis et rétablis en 1783; ils comprennent<br />

la boucle nord autour <strong>de</strong> Terre-Neuve entre la<br />

baie St-Georges (cap Ray) et la baie White (cap St-<br />

Jean). En contrepartie <strong>de</strong>s droits côtiers entre le cap<br />

Bonavista et le cap St-Jean, région négligée par les<br />

Français et accaparée par les Anglais, les Français ob-<br />

tiennent le droit d'utiliser la côte entre les caps Riche et<br />

Ray. Ces droits sont jalousement défen<strong>du</strong>s par les Français<br />

à tel point qu'ils revendiquent <strong>de</strong>s droits sur la<br />

pêche au <strong>saumon</strong> et s'opposent avec acharnement à<br />

l'existence <strong>de</strong> pêcheries <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> britanniques <strong>dans</strong> la<br />

région. Sur la côte ouest, par exemple, la controverse<br />

soulevée par le contrôle <strong>de</strong>s pêcheries <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> atteint<br />

son point culminant en 1785, lorsque au moins <strong>de</strong>ux<br />

postes britanniques sont détruits <strong>dans</strong> la baie St-<br />

George.'<br />

Bien que menacés par les pêcheurs français et apparemment<br />

par leur propre gouvernement, certains pêcheurs<br />

anglais restent néanmoins sur le French Shore ou<br />

lancent <strong>de</strong>s raids <strong>dans</strong> les cours d'eau à <strong>saumon</strong> à l'intérieur<br />

<strong>de</strong> la zone française. Ainsi, la florissante société<br />

oble and Pinson pêche le <strong>saumon</strong> <strong>dans</strong> les eaux <strong>de</strong><br />

Terre-Neuve <strong>de</strong>puis les années 1760 et a aménagé <strong>de</strong>s<br />

stations <strong>de</strong> pèche <strong>dans</strong> la zone française, notamment<br />

<strong>dans</strong> la baie Hare, et ailleurs. En 1787, un <strong>de</strong> leurs<br />

bateaux, qui a pénétré <strong>dans</strong> la pêcherie est capturé par<br />

un brick français. De plus, un <strong>de</strong> leurs employés qui<br />

pêchait le <strong>saumon</strong> <strong>dans</strong> la baie aux Lièvres est à ce point<br />

harcelé par les Français qu'il s'estime heureux d'avoir<br />

survécu à l'épreuve qu'il décrivit <strong>dans</strong> une plainte<br />

adressée au Secrétaire d'État britannique au début <strong>de</strong><br />

1788."<br />

Contraints par les circonstances d'abandonner le<br />

French Shore, les pêcheurs <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> se replient, <strong>dans</strong><br />

une certaine mesure, sur la baie Notre-Dame et le Labrador.<br />

En 1786, la société Payton and Miller pêche<br />

<strong>dans</strong> la baie Notre-Dame où ses activités sont parmi les<br />

plus éten<strong>du</strong>es; la rivière aux Exploits constitue son lieu<br />

<strong>de</strong> pêche au <strong>saumon</strong>, et la station principale se trouve au<br />

fond <strong>de</strong> la baie, à environ 20 milles en aval <strong>de</strong>s chutes<br />

Grand Falls. De plus, la société Jeffrey and Street,<br />

basée à Poole et à Trinité, dispose probablement d'une<br />

équipe permanente <strong>de</strong> pêcheurs <strong>dans</strong> la baie Gan<strong>de</strong>r<br />

<strong>de</strong>puis 1775, et ces hommes exercent également le<br />

métier <strong>de</strong> pelletiers en hiver.' D'autres hommes et<br />

groupes pratiquent la pêche au <strong>saumon</strong> au sud <strong>du</strong> cap<br />

St-Jean, notamment Charles Rousell <strong>dans</strong> la baie Halls,<br />

John Crease <strong>dans</strong> la baie Loo, John Sta<strong>de</strong> « Jr. » <strong>dans</strong> le<br />

bras Indian et la baie Dog, la société Matthew Ward<br />

<strong>dans</strong> la baie New, et la société <strong>Le</strong>ster <strong>dans</strong> le havre<br />

Ragged, la baie Freshwater et la baie Indian. Ces sociétés<br />

emploient trente-sept hommes, et les prises<br />

totales s'élèvent à 1 170 tierces en 1786; en 1789, la<br />

société <strong>Le</strong>ster exploite à elle seule 1 183 tierces <strong>de</strong><br />

poisson. On utilise <strong>de</strong>s barrages <strong>de</strong> fascines et <strong>de</strong>s filets<br />

à maille <strong>de</strong> 4 pouces <strong>dans</strong> toutes les pêcheries <strong>de</strong><br />

<strong>saumon</strong>, mais seuls <strong>de</strong>s filets sont employés <strong>dans</strong> le<br />

havre Ragged et la baie Gan<strong>de</strong>r.'<br />

La pêche au <strong>saumon</strong> connaît également une expansion<br />

rapi<strong>de</strong> sur la côte <strong>du</strong> Labrador. En 1784, le ren<strong>de</strong>ment<br />

à cet endroit 1773, et un nombre sans cesse<br />

croissant <strong>de</strong> sociétés pratiquent la pêche. Noble et Pin-<br />

85

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!