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Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

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nent rares. Ce déclin entraîne une hausse <strong>de</strong>s prix <strong>du</strong><br />

poisson au Connecticut; les <strong>saumon</strong>s pêchés à l'épuisette<br />

et à la seine se ven<strong>de</strong>nt respectivement 2 et 3<br />

pences la livre en 1787; en 1794, ils se ven<strong>de</strong>nt 4 pences<br />

la livre et en 1798, 7 et 8 pences la livre. 15 '<br />

<strong>Le</strong> <strong>saumon</strong> disparaît rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> toutes les éten<strong>du</strong>es<br />

d'eau douce, <strong>de</strong> la rivière Connecticut à la rivière<br />

Penobscot. On attribue le déclin <strong>de</strong> la population à la<br />

construction <strong>de</strong> barrages et à la surpêche, et en 1813, un<br />

habitant <strong>du</strong> New Hampshire émet une hypothèse inquiétante,<br />

selon laquelle chaque cours d'eau compte<br />

une population distincte <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s, <strong>de</strong> sorte que si la<br />

montaison est interrompue, l'espèce ne pourra plus se<br />

renouveler.' Malheureusement, personne ne prendra<br />

cette hypothèse au sérieux, et l'espèce continuera inévitablement<br />

à décliner.<br />

Comme <strong>dans</strong> la rivière Connecticut, la rivière<br />

Merrimack présente <strong>de</strong> bonnes montaisons jusqu'à la<br />

Guerre <strong>de</strong> l'Indépendance, mais bien avant 1774, on<br />

avait remarqué que les <strong>saumon</strong>s interrompaient leur<br />

remontée au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Concord." Dès 1773, les habitants<br />

<strong>de</strong> Haverhill au Massachusetts ont observé que les<br />

montaisons diminuent en amont <strong>de</strong> leur agglomération<br />

et en septembre <strong>de</strong> la même année, la Cour générale<br />

adopte une loi « pour prévenir la <strong>de</strong>struction <strong>du</strong> <strong>saumon</strong><br />

<strong>dans</strong> la rivière Merrimack » qui interdit <strong>de</strong> tendre <strong>de</strong>s<br />

seines et <strong>de</strong>s filets sur toute la largeur <strong>de</strong> la rivière; en<br />

vertu <strong>de</strong> la nouvelle réglementation, les seines doivent<br />

mesurer moins <strong>de</strong> seize perches <strong>de</strong> long (264 pieds). 54<br />

<strong>Le</strong>s chutes Amoskeag Falls <strong>de</strong>meurent l'une <strong>de</strong>s lieux<br />

<strong>de</strong> pêche <strong>de</strong> prédilection et le 7 juin 1785, un pêcheur<br />

écrit <strong>dans</strong> son journal : «Je suis arrivé aux chutes vers<br />

le milieu <strong>de</strong> la journée et j'ai pêché à l'emplacement le<br />

lus haut. J'ai pris un <strong>saumon</strong> <strong>de</strong> neuf livres que j'ai<br />

ven<strong>du</strong> pour un <strong>de</strong>mi dollar ». 155 Il mentionne également<br />

qu'un <strong>de</strong> ses amis a pêché un <strong>saumon</strong> <strong>de</strong> vingt livres.<br />

Toutefois, la construction <strong>de</strong> nouveaux barrages en<br />

travers <strong>de</strong> la rivière accélère le déclin <strong>de</strong> la pêcherie et<br />

la ville <strong>de</strong> Haverhill doit nommer douze gar<strong>de</strong>s-pêche<br />

en 1801, puis réviser la réglementation sur la pêche,<br />

l'année suivante. <strong>Le</strong>s nouvelles restrictions ont peu<br />

d'effets favorables, semble-t-il, sur les populations <strong>de</strong><br />

poissons, même si la rivière n'est plus obstruée <strong>dans</strong><br />

son cours supérieur. Lorsque la ville déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> réglementer<br />

complètement l'in<strong>du</strong>strie en délivrant <strong>de</strong>s<br />

permis en 1809, les populations <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s ont encore<br />

davantage diminué. Vers l'an 1800, Edward Oliphant<br />

rapport les faits suivants : «Au printemps et en été, les<br />

<strong>saumon</strong>s, les aloses et les gaspareaux sont capturés en<br />

très grand nombre et uitlisés soit comme appâts <strong>dans</strong> la<br />

pêcherie <strong>de</strong> morues, soit saumurés puis expédiés aux<br />

Antilles », 156 mais en 1817, il est évi<strong>de</strong>nt que la rivière<br />

Merrimack ne mérite plus le qualificatif <strong>de</strong> cours d'eau<br />

à <strong>saumon</strong>. <strong>Le</strong>s droits <strong>de</strong> pêche <strong>de</strong> Haverhill en témoignent:<br />

en 1815 les revenus provenant <strong>de</strong> la vente <strong>de</strong> lots<br />

totalisent 91,35 $; l'année suivante, ils baissent à<br />

88<br />

46,25 $, et en 1817, à 36,25 $.<br />

En 1792, un certain nombre <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s est encore<br />

capturé <strong>dans</strong> la rivière Piscataqua, comme le laisse supposer<br />

la citation suivante : «La drague utilisée par les<br />

Indiens ressemble à une poche; la lame est fixée à un arc<br />

en bois à l'extrémité d'un long pieu. Elle sert à capturer<br />

le <strong>saumon</strong>, l'alose, le gaspareau, l'éperlan et la<br />

lamproie ». I" Toutefois, l'utilisation excessive <strong>de</strong> filets<br />

maillants et la construction <strong>de</strong> barrages continuent à<br />

décimer les stocks <strong>de</strong> poissons vers la fin <strong>du</strong> siècle.<br />

Lorsque le bar eut pratiquement disparu <strong>de</strong> la rivière en<br />

raison <strong>de</strong> la surpêche, <strong>de</strong>s lois ont été adoptées, mais les<br />

stocks ne se sont pas régénérés pour autant. La pêche au<br />

<strong>saumon</strong> est limitée à trois jours par semaine, en vertu <strong>de</strong><br />

la loi, mais sans résultat, et en 1813, Jeremy Belknap<br />

écrit :<br />

<strong>Le</strong>s <strong>saumon</strong>s fréquentaient autrefois la rivière Piscataqua;<br />

mais les nombreux barrages érigés en travers<br />

<strong>de</strong> ses tributaires ont fait obstacle au passage <strong>de</strong> ces<br />

excellents poissons qui, <strong>de</strong>puis longtemps, ont totalement<br />

déserté la rivière. Ils remontent encore les rivières<br />

Saco, Merrimack et Connecticut. ' 59<br />

À la fin <strong>de</strong> la guerre, l'espèce abon<strong>de</strong> encore <strong>dans</strong><br />

la rivière Androscoggin dont le lit graveleux <strong>du</strong> cours<br />

supérieur constitue un excellent lieu <strong>de</strong> frai, <strong>de</strong> même<br />

que <strong>dans</strong> certains tributaires, comme la rivière Swift.<br />

<strong>Le</strong>s <strong>saumon</strong>s remontent la rivière sur plus <strong>de</strong> cent milles<br />

jusqu'aux chutes Rumford Falls, même si les chutes à<br />

<strong>Le</strong>wiston les arrêtent en partie. Néanmoins, <strong>de</strong>s <strong>saumon</strong>s<br />

sont encore observés à ces <strong>de</strong>ux endroits jusqu'en<br />

1815, mais l'espèce disparaît <strong>du</strong> cours supérieur peu<br />

après la construction d'un barrage à Brunswick. »<br />

Jusqu'aux environs <strong>de</strong> l'an 1800, les <strong>saumon</strong>iers<br />

<strong>du</strong> Maine utilisent principalement <strong>de</strong>s filets à mailles <strong>de</strong><br />

7 pouces habituellement, <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 40 pieds <strong>de</strong> longueur<br />

et <strong>de</strong> 8 à 9 pieds <strong>de</strong> hauteur. De toute évi<strong>de</strong>nce,<br />

les pêcheurs ne songent pas encore à prendre <strong>de</strong>s grilses<br />

avec ces filets. Faits <strong>de</strong> fils <strong>de</strong> chanvre moyen, les filets<br />

sont soit stationnaires, soit dérivants. La métho<strong>de</strong> suivante<br />

est généralement utilisée sur toute la côte est pour<br />

fixer les filets stationnaires : une extrémité est fixée sur<br />

le rivage ou à proximité, et l'autre extrémité est maintenue<br />

en place, en eau profon<strong>de</strong>, au moyen d'une ancre<br />

<strong>de</strong> fortune ou killick. <strong>Le</strong>s pêcheurs exploitent habituellement<br />

les îles, chenaux et parcelles <strong>de</strong> terre où ils<br />

ten<strong>de</strong>nt leurs filets et fixent souvent l'extrémité <strong>de</strong> leurs<br />

filets très loin <strong>de</strong> la rive. Ils disposent <strong>de</strong>s roches et <strong>de</strong>s<br />

broussailles entre la rive et l'extrémité <strong>du</strong> filet. De 1787<br />

à 1800, les prises ainsi effectuées rapportent aux pêcheurs<br />

<strong>de</strong> la région <strong>de</strong> Bangor <strong>de</strong>ux pences la livre et un<br />

<strong>de</strong>mi pence <strong>de</strong> plus la livre si le poisson est saumuré. La<br />

marchand qui achète <strong>de</strong>s poissons saumurés les revend<br />

quatre pences la livre.<br />

En règle générale, l'utilisation <strong>de</strong> ces filets ne<br />

comporte aucune restriction, sauf <strong>dans</strong> la rivière Penob-

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