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Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

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l'in<strong>du</strong>strie <strong>du</strong> bois et <strong>de</strong>s pratiques abusives <strong>de</strong>s pêcheurs<br />

<strong>de</strong> l'endroit. 164 Bien qu'il n'y ait pas <strong>de</strong> barrage<br />

sur le cours principal <strong>de</strong> la rivière, on signale :<br />

qu'au moins 200 filets <strong>de</strong> toutes longueurs, sont<br />

installés <strong>dans</strong> la section tidale, partout où il y a une<br />

place <strong>de</strong> libre. . . et qu'aucune <strong>de</strong>scription ne peut<br />

EXAGÉRER le nombre <strong>de</strong> ceux [filets] qui sont placés<br />

<strong>dans</strong> la section d'eau douce. Il y a en a <strong>de</strong> toutes sortes,<br />

certains se chevauchant ou s'entrecroisant les uns les<br />

autres; les filets fixés par <strong>de</strong>s pieux, véritables engins<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>struction, abon<strong>de</strong>nt le long <strong>de</strong>s rives <strong>du</strong> lac [lac<br />

Glenelg] sur la East Marys. . . Toute la population<br />

s'acharne sur les poissons. .. Voilà une rivière dont<br />

tout pays à travers le mon<strong>de</strong> serait fier, mais, évi<strong>de</strong>mment<br />

pas <strong>dans</strong> l'état où elle se trouve, illégalement<br />

exploitée par la pêche au filet, et tellement décimée par<br />

les pêcheurs à la pointe, que seul un miracle pourrait<br />

encore permettre à un <strong>saumon</strong> <strong>de</strong> s'échapper pour<br />

gagner les frayères. ' 65<br />

Apparemment, les miracles sont courants à cette époque<br />

en Nouvelle-Écosse, car en dépit <strong>de</strong> la <strong>de</strong>struction<br />

généralisée qui sévit <strong>dans</strong> toute la province, le <strong>saumon</strong><br />

continue à réapparaître chaque saison malgré l'acharnement<br />

<strong>de</strong>s hommes à en ré<strong>du</strong>ire le nombre.<br />

COMTÉ DE HALIFAX<br />

Dans les années 1840 et 1850, la ville <strong>de</strong> Halifax<br />

est l'un <strong>de</strong>s marchés <strong>de</strong> poissons les plus réputés <strong>du</strong><br />

mon<strong>de</strong>.' Pour ce qui est <strong>du</strong> <strong>saumon</strong>, ce marché est<br />

principalement approvisionné par les pêches <strong>dans</strong> les<br />

anses <strong>de</strong> Ferguson, Herring et Portuguese, entre Halifax<br />

et Sambro. La marché est tellement actif qu'il est ouvert<br />

sept jours par semaine, au grand dam <strong>du</strong> clergé local :<br />

<strong>Le</strong> marché aux poissons est ouvert <strong>de</strong> 6 heures à<br />

9 heures <strong>du</strong> matin. Dimanche <strong>de</strong>rnier, entre 7 heures et<br />

8 heures, il y avait vingt-six étalages <strong>de</strong> poissons, neuf<br />

bateaux à flot, et quatre à terre; cent vingt-quatre personnes<br />

ont acheté <strong>du</strong> poisson entre 7 et 8 heures. ' 67<br />

Halifax est également le principal centre d'exportation<br />

<strong>de</strong> la province; les chiffres <strong>de</strong> la douane pour<br />

1851 indiquent que 340 tierces et 6 412 barils <strong>de</strong> <strong>saumon</strong><br />

(environ 1 384 400 lb <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> salé) quittent la<br />

province par cette ville. En fait, la quantité <strong>de</strong> <strong>saumon</strong><br />

provenant <strong>du</strong> voisinage ou même <strong>de</strong> la province est très<br />

faible, car, comme le relate P.S. Hamilton, la majeure<br />

partie <strong>de</strong>s poissons capturés <strong>dans</strong> la province n'est généralement<br />

pas conditionnée, mais envoyée directement<br />

à l'état frais jusqu'aux divers marchés.'" Cela<br />

laisse supposer que le pro<strong>du</strong>it salé (en barils) ne provient<br />

pas <strong>de</strong>s eaux domestiques.<br />

<strong>Le</strong>s rivières et les ruisseaux autour <strong>de</strong> Halifax<br />

constituent une pêcherie idéale pour le <strong>saumon</strong> jusque<br />

<strong>dans</strong> les années 1850, époque à laquelle <strong>de</strong> nombreux<br />

152<br />

cours d'eau s'encombrent <strong>de</strong> tant d'obstacles qu'une<br />

Société <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s pêcheries est créée pour essayer<br />

<strong>de</strong> corriger et d'améliorer la situation. Comme on<br />

l'a signalé précé<strong>de</strong>mment, ce groupe s'intéresse principalement<br />

au comté <strong>de</strong> Halifax, mais sont influence se<br />

fait sentir <strong>dans</strong> toute la province. Vers le milieu <strong>de</strong>s<br />

années 1860, la société compte plus <strong>de</strong> 100 membres,<br />

mais bien qu'elle continue à pointer <strong>du</strong> doigt la terrible<br />

indifférence qui sévit <strong>dans</strong> le secteur <strong>de</strong>s pêches, et à<br />

payer <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s-pêche <strong>dans</strong> le comté <strong>de</strong> Halifax, les<br />

progrès sont en général lents. Dans les années 1840, par<br />

exemple, le <strong>saumon</strong> était abondant <strong>dans</strong> la rivière<br />

Sackville au nord <strong>de</strong> Halifax. En 1848, un habitant <strong>de</strong><br />

Bedford en pêche 19 à la ligne en un seul jour, le plus<br />

petit pesant 18 livres. La pêche commerciale au <strong>saumon</strong><br />

se pratique également à cette époque <strong>dans</strong> le Bedford<br />

Basin; mais, après la construction d'un barrage à environ<br />

6 milles en amont <strong>de</strong> l'embouchure <strong>de</strong> la rivière<br />

Sackville <strong>dans</strong> les années 1850, les montaisons <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s<br />

baissent au point où pêcheurs à la ligne et pêcheurs<br />

commerciaux abondonnent toute activité <strong>dans</strong> la<br />

région. À l'époque <strong>de</strong> la Confédération, la Société <strong>de</strong><br />

protection <strong>de</strong>s pêches tente <strong>de</strong> régénérer la rivière Sackville<br />

en la faisant surveiller par un gar<strong>de</strong>-pêche, et en<br />

consacrant une centaine <strong>de</strong> dollars à l'aménagement<br />

d'une passe migratoire au barrage. Malheureusement,<br />

<strong>de</strong> nouveaux abus <strong>de</strong> pêche au filet empêchent toute<br />

amélioration directe.'<br />

À l'est <strong>de</strong> Halifax, la rivière Little Salmon, drainant<br />

le lac Major, est, d'après les rapports <strong>de</strong> l'époque,<br />

une excellente réserve <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>, <strong>de</strong> truite et <strong>de</strong> gaspareau,<br />

peut-être jusqu'en 1825. Mais, un barrage ruine<br />

cette réputation et ce n'est qu'a partir <strong>de</strong> 1865, année où<br />

une forte crue emporte l'obstacle, que le <strong>saumon</strong> peut<br />

à nouveaux remonter le cours d'eau. La rivière Big<br />

Salmon, ou rivière Salmon, à Lawrencetown, n'est plus<br />

une rivière à <strong>saumon</strong> <strong>de</strong>puis le milieu <strong>de</strong>s années 1840,<br />

en raison <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong> plusieurs barrages sur son<br />

cours. La Chezzetcook, bien que non obstruée par <strong>de</strong>s<br />

barrages, n'offre pas <strong>de</strong> perspectives très prometteuses<br />

: « <strong>Le</strong>s filets <strong>de</strong> toute faille utilisés à cet endroit<br />

en laissent passer aucun poisson qui tente <strong>de</strong> remonter<br />

les eaux vers l'intérieur <strong>de</strong>s terres. <strong>Le</strong> <strong>saumon</strong> était<br />

autrefois très abondant <strong>dans</strong> cette rivière ». 17° La<br />

Petpeswick est un autre ruisseau complètement fermé<br />

aux poissons anadromes à cause <strong>de</strong> la présence d'un<br />

barrage à la pointe <strong>de</strong> la marée.<br />

La Musquodoboit — la rivière <strong>de</strong> Plenty —<br />

abon<strong>de</strong> en <strong>saumon</strong> en 1847; un pêcheur <strong>de</strong> l'époque<br />

aurait capturé sept <strong>saumon</strong>s chaque jour pendant une<br />

semaine, ce qui représente un total à peine dépassé<br />

aujourd'hui par les prises saisonnières <strong>de</strong> tous les pêcheurs<br />

à la ligne <strong>de</strong> la rivière. La rivière est encore<br />

intéressante pour la pêche à la ligne en 1864, niais vers<br />

1868, Fre<strong>de</strong>rick Vieth signale que le <strong>saumon</strong> capturé<br />

l'est principalement à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> filets <strong>de</strong> pêche commer-

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