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Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

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24 juillet, <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong> la pêche <strong>de</strong>s chutes Scoodic<br />

arrivent à Campobello : «Ai reçu <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> fumé et<br />

<strong>de</strong>ux barils <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> salé <strong>de</strong>s chutes »." Owen fon<strong>de</strong><br />

un empire puissant, mais éphémère, <strong>dans</strong> la baie<br />

Passamaquoddy. Après son départ, en 1771, l'in<strong>du</strong>strie<br />

<strong>de</strong> la pêche décline : jusqu'à l'arrivée <strong>de</strong>s loyalistes à<br />

St. Andrews et à St. Stephen, seuls les Indiens et<br />

quelques habitants <strong>de</strong> la Nouvelle-Angleterre pratiquent<br />

la pêche au <strong>saumon</strong>.<br />

LA MIRAMICHI ET LA RESTIGOUCHE<br />

En 1760, la région <strong>de</strong> la rivière Miramichi est<br />

en gran<strong>de</strong> partie inconnue <strong>de</strong>s Anglais mais, <strong>de</strong>puis le<br />

début <strong>du</strong> XVIc siècle, les pêcheurs français sèchent et<br />

salent le poisson <strong>dans</strong> les îles qui se trouvent à son<br />

embouchure. Vers 1672, <strong>de</strong>s immigrants <strong>de</strong> Saint-Malo<br />

s'établissent à la « baie <strong>de</strong>s Vents » (bay <strong>du</strong> Vin) et, en<br />

1688, Richard Denys fon<strong>de</strong> un poste <strong>de</strong> traite près <strong>de</strong><br />

l'endroit appelé aujourd'hui Newcastle. En 1690, la<br />

région comprend plusieurs établissements, mais les<br />

habitants ne semblent pas beaucoup s'intéresser à la<br />

pêche <strong>du</strong> <strong>saumon</strong>. En 1765, les Indiens sont les seuls<br />

à exploiter cette ressource.' Des rapports sont rédigés<br />

<strong>de</strong> temps à autre sur le potentiel <strong>de</strong> la Miramichi et<br />

même Charles Morris, arpenteur en chef <strong>de</strong> la<br />

Nouvelle-Écosse, fait remarquer que « cette région<br />

pourrait bientôt être exploitée car on y trouve <strong>de</strong>s<br />

havres et plusieurs cours d'eau riches en <strong>saumon</strong>s et<br />

accessibles aux petites embarcations » •<br />

52<br />

En fait, on commence à s'établir <strong>dans</strong> la région <strong>de</strong><br />

la Miramichi peu <strong>de</strong> temps après. En 1765, un Écossais<br />

d'Aber<strong>de</strong>enshire débarque en Nouvelle-Écosse <strong>dans</strong> le<br />

but premier <strong>de</strong> développer la pêche au <strong>saumon</strong>, activité<br />

qu'il connaît et pratique <strong>de</strong>puis sa jeunesse sur les côtes<br />

<strong>du</strong> golfe <strong>de</strong> Moray. William Davidson passe l'été <strong>de</strong><br />

1765 à explorer la côte <strong>de</strong> la colonie avec son associé,<br />

John Cort, pour trouver le meilleur emplacement possible<br />

pour leur entreprise. Ils choisissent finalement la<br />

« rivière Meriamerchie » et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt au gouverneur la<br />

permission <strong>de</strong> s'y établir. <strong>Le</strong>ur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> acceptée, ils<br />

reçoivent une concession d'environ 150 milles canés<br />

bordant l'entrée <strong>de</strong>s rivières Miramichi-<strong>Nord</strong>-Ouest et<br />

Miramichi-Sud-Ouest. Davidson et Cort obtiennent<br />

leur concession à la condition qu'ils s'y établissent,<br />

qu'ils en défrichent une certaine partie chaque année<br />

et qu'ils encouragent la colonisation. En outre, il est<br />

précisé qu'ils n'ont droit à la concession que s'ils<br />

l'occupent et que leur droit <strong>de</strong> pêcher sur la rivière ou<br />

sur ses rives ne vaut que s'ils continuent d'y capturer le<br />

poisson et <strong>de</strong> la saler et le sécher.'<br />

Ces conditions d'obtention d'une concession, courantes<br />

à l'époque, causeront <strong>de</strong>s problèmes à Davidson<br />

qui s'intéresse bien plus à la pêche qu'à l'agriculture ou<br />

à la colonisation. <strong>Le</strong> gouvernement, pour sa part, considère<br />

que la pêcherie est annexée au terrain et que pour<br />

avoir le droit <strong>de</strong> pêcher, il faut occuper la terre.<br />

Davidson construit <strong>de</strong>s habitations, <strong>de</strong>s entrepôts,<br />

une tonnellerie et <strong>de</strong>s supports à filets à Elm Tree, près<br />

<strong>de</strong> Quarryville. La carte <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> la rivière<br />

Miramichi, établie en 1767 par Wright et Blaskurly<br />

sous la direction <strong>de</strong> l'arpenteur en chef Samuel<br />

Holland, indique l'emplacement exact <strong>de</strong>s installations<br />

<strong>de</strong> pêche <strong>de</strong> Davidson (quatre bâtiments, indiqués par<br />

les mots « salmon fishery » (pêcherie <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>) sur la<br />

rive sud <strong>de</strong> la rivière, à la hauteur <strong>du</strong> ruisseau Doyle).<br />

Davidson expérimente d'abord la métho<strong>de</strong> écossaise<br />

traditionnelle <strong>de</strong> pêche au <strong>saumon</strong>, qui consiste à<br />

« balayer» le lit <strong>du</strong> cours d'eau avec <strong>de</strong>s filets, mais<br />

sans succès. Il finit par mettre au point une métho<strong>de</strong><br />

fondée sur l'utilisation d'un « filet transversal » qui<br />

traverse le cours d'eau en diagonale. <strong>Le</strong>s filets sont<br />

attachés à <strong>de</strong>s pieux ou à <strong>de</strong>s piquets plantés au fond<br />

<strong>de</strong> la rivière. <strong>Le</strong>s <strong>saumon</strong>s capturés sont vidés, salés et<br />

pacqués en tierces <strong>de</strong> 300 livres chacune.<br />

Davidson s'intéresse aussi au commerce local <strong>de</strong>s<br />

fourrures et <strong>du</strong> bois <strong>de</strong> coupe. Vers 1773, il fait venir<br />

<strong>de</strong>s ouvriers spécialisés pour faire construire ses propres<br />

bateaux sur la Miramichi en vue <strong>de</strong> transporter ses<br />

pro<strong>du</strong>its en Gran<strong>de</strong>-Bretagne et <strong>dans</strong> les pays <strong>de</strong> la<br />

Méditerrannée. Au début, les affaires progressent lentement;<br />

il a beaucoup <strong>de</strong> difficulté à obtenir suffisamment<br />

<strong>de</strong> sel pour préparer le poisson et la première cargaison<br />

<strong>de</strong> <strong>saumon</strong> saumuré en direction <strong>de</strong> l'Europe fait naufrage<br />

sur les côtes <strong>de</strong> l'île <strong>du</strong> Prince-Édouard. Toutefois,<br />

au milieu <strong>de</strong>s années 1770, Davidson exporte<br />

annuellement 660 000 à 850 000 livres <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s<br />

provenant <strong>de</strong> la Miramichi.'<br />

Davidson et ses hommes ne sont pas les seuls<br />

à pratiquer la pêche sur la Miramichi en ce temps-là.<br />

La Robin, Piper and Company, <strong>du</strong> New Jersey, établit<br />

une base <strong>de</strong> pêche à Paspébiac, <strong>dans</strong> la baie <strong>de</strong>s<br />

Chaleurs, mais elle construit également un poste<br />

secondaire sur le cours inférieur <strong>de</strong> la Miramichi vers<br />

1763. Bien que ses affaires soient moins prospères que<br />

celles <strong>de</strong> Davidson, cette compagnie exporte tous les<br />

ans <strong>de</strong> petites quantités <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s vers l'Espagne —<br />

70 tierces sont exportés en 1769. 55<br />

En 1768, le commodore George Walker débarque<br />

à Bathurst Harbour et construit un petit poste <strong>de</strong> traite<br />

à la pointe Alston. À trois milles environ en amont <strong>de</strong><br />

l'embouchure <strong>de</strong> la Nepisiguit ou « Big River» (Gran<strong>de</strong><br />

Rivière), il établit une station <strong>de</strong> pêche d'où il expédie<br />

annuellement une cargaison <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s. <strong>Le</strong> commodore<br />

poursuit d'autres activités : tous les ans, il<br />

exporte <strong>de</strong> la morue et <strong>de</strong>s poissons salés et séchés<br />

vers les marchés <strong>de</strong> la Méditerranée et <strong>de</strong>s Antilles.'<br />

Un <strong>de</strong> ses établissements <strong>de</strong> pêche secondaires est<br />

situé <strong>dans</strong> le fond <strong>de</strong> la baie <strong>de</strong>s Chaleurs où <strong>de</strong>ux<br />

marchands anglais, Schoolbred et Smith, s'y installent<br />

aussi à peu près à la même époque, à la limite extrême<br />

<strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> marée sur la rivière Restigouche. Il semble<br />

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