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Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

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nager près <strong>du</strong> bateau ». 115 Dans son article sur les <strong>saumon</strong>s<br />

<strong>du</strong> lac Ontario, Sherwood Fox mentionne que les<br />

habitants <strong>de</strong> tous les villages situés le long <strong>de</strong>s tributaires<br />

<strong>du</strong> lac mangent <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> <strong>de</strong> mai à novembre."'<br />

À l'ouest <strong>de</strong>s rivières York et Don, un cours d'eau<br />

est connu pour être la meilleure rivière à <strong>saumon</strong> <strong>de</strong> tout<br />

le Haut-Canada; il s'agit <strong>de</strong> la rivière Credit, lieu <strong>de</strong><br />

pêche traditionnel <strong>de</strong>s Indiens locaux. A Erindale, leur<br />

endroit préféré, ils ont érigé un barrage <strong>de</strong> fascines et ils<br />

pêchent régulièrement plusieurs centaines <strong>de</strong> poissons<br />

<strong>du</strong>rant la nuit. Lorsque les Blancs sont arrivés <strong>dans</strong> la<br />

région, ils eurent autant <strong>de</strong> succès que les Indiens. Un<br />

dénommé McGuaig par exemple, prétend que, pendant<br />

son séjour à cet endroit vers 1810, « les rivières. . .<br />

regorgeaient <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s à tel point qu'on pouvait les<br />

ramasser à la pelle et même à la main »." 7 <strong>Le</strong>s rivières<br />

Clarke, Darlington, Whitney, Pickering, « Tobyco »<br />

(Etobicoke) et Dufferin entre autres, sont i<strong>de</strong>ntifiées<br />

comme étant <strong>de</strong>s rivières à <strong>saumon</strong> <strong>dans</strong> les premiers<br />

rapports. Encore plus à l'ouest, les tout premiers colons<br />

ont découvert <strong>de</strong>s <strong>saumon</strong>s <strong>dans</strong> la baie <strong>de</strong> Burlington<br />

et le cours d'eau qui s'y jette via la vallée <strong>de</strong> Dundas.<br />

C'est Mme Simcoe qui la première détermine la limite<br />

occi<strong>de</strong>ntale <strong>de</strong> l'aire <strong>de</strong> dispersion <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> : à l'emplacement<br />

<strong>de</strong> ce qui <strong>de</strong>viendra la ville <strong>de</strong> Hamilton, elle<br />

a vu <strong>de</strong>s <strong>saumon</strong>s capturés en grand nombre par les<br />

Indiens et les colons en 1796. 118<br />

Après 1800, les effets <strong>de</strong> la pêche illimitée se<br />

manifestent <strong>dans</strong> plusieurs régions <strong>du</strong> Haut-Canada.<br />

L'utilisation toujours plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> filets et <strong>de</strong> barrages<br />

<strong>de</strong> fascines a permis d'accroître le ren<strong>de</strong>ment et<br />

quelques pêcheurs bloquent même certains cours d'eau<br />

sur toute leur largeur avec ces engins, suscitant ainsi <strong>de</strong>s<br />

plaintes d'autres pêcheurs. C'est <strong>dans</strong> ce contexte<br />

qu'est formulée la première loi sur les pêches <strong>de</strong> la<br />

colonie, la loi « pour la préservation <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> » adoptée<br />

le 10 mars 1807. Cette loi interdit d'utiliser tout<br />

filet, « barrage <strong>de</strong> fascines » ou « tout autre engin » à<br />

l'embouchure <strong>de</strong> toute rivière située <strong>dans</strong> les districts <strong>de</strong><br />

Home et <strong>de</strong> Newcastle. <strong>Le</strong>s rivières à <strong>saumon</strong> les plus<br />

renommées <strong>de</strong> la colonie se trouvent <strong>dans</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />

régions; quiconque est reconnu coupable d'une première<br />

infraction à la loi est passible d'une amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> £5<br />

ou d'une peine d'emprissonnement d'un mois."'<br />

Toutefois, la loi reste sans gran<strong>de</strong> valeur; la pêche<br />

à la foène est encore permise en tout temps et en tout<br />

lieu et les pêcheurs continuent <strong>de</strong> pêcher sur les lieux <strong>de</strong><br />

frai. Aucune disposition <strong>de</strong> la loi ne prévoit la nomination<br />

<strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s-pêche <strong>de</strong> sorte qu'il est douteux que<br />

l'application <strong>de</strong> la loi entraîne une forte baisse <strong>de</strong>s activités<br />

<strong>de</strong> pêche. Avec un filet, ou même un foène, un<br />

homme peut facilement pêcher une centaine <strong>de</strong> poissons<br />

par soir dont la vente fait plus que compenser l'amen<strong>de</strong><br />

ou le court séjour en prison s'il a la malchance d'être<br />

pris sur le fait. Robert Gourlay écrit qu'il est même<br />

possible d'utiliser un bâton fourchu, aussi rudimentaire<br />

84<br />

que cela puisse paraître, pour capturer <strong>de</strong>s <strong>saumon</strong>s<br />

<strong>dans</strong> tous les cours d'eau <strong>du</strong> Haut-Canada; il connaît un<br />

cas où 70 <strong>saumon</strong>s ont été pêchés <strong>de</strong> cette manière en<br />

un après-midi.<br />

Il <strong>de</strong>vint bientôt évi<strong>de</strong>nt que la loi était sans effet;<br />

trois ans après son adoption, le Parlement déci<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l'annuler et <strong>de</strong> la remplacer par une ature loi. Cette<br />

nouvelle loi vise à rendre plus sévères les règlements<br />

concernant la protection <strong>de</strong> l'espèce, notamment en interdisant<br />

la pêche entre le 25 octobre et le 1" janvier. Il<br />

est également interdit <strong>de</strong> pêcher à moins <strong>de</strong> cent pieds<br />

<strong>de</strong> la base <strong>du</strong> barrage et d'utiliser <strong>de</strong>s filets à l'embouchure<br />

<strong>de</strong>s cours d'eau <strong>dans</strong> le district <strong>de</strong> Home. ' 21<br />

Seuls les Indiens peuvent s'adonner librement à leurs<br />

activités traditionnelles, et la <strong>de</strong>scription suivante montre<br />

à quel point leurs métho<strong>de</strong>s ont peu changé <strong>de</strong>puis<br />

l'arrivée <strong>de</strong> l'homme blanc à l'exception, peut-être, <strong>de</strong><br />

l'utilisation plus fréquente <strong>du</strong> filet :<br />

<strong>Le</strong>s sauvages pêchent les poissons <strong>dans</strong> les cours d'eau<br />

et les lacs soit en les harponnant avec une longuefourche<br />

à pointes bien effilées ou recouvertes <strong>de</strong> fer,<br />

soit en tendant <strong>de</strong>s filets à l'endroit où un ruisseau ou<br />

une source d'eau froi<strong>de</strong> se jette <strong>dans</strong> un cours d'eau ou<br />

un lac. À l'embouchure, ils plantent <strong>de</strong>s pieux et ménagent<br />

une petite ouverture pour permettre l'entrée <strong>de</strong>s<br />

poissons qui s'emprisonnent <strong>dans</strong> les filets... <strong>Le</strong>s autochtones<br />

se procurent <strong>du</strong> poisson en hiver en pratiquant<br />

<strong>de</strong>s trous <strong>dans</strong> la glace. À la nuit tombée, ils<br />

tiennent <strong>de</strong>s torches <strong>de</strong> bouleau blanc près <strong>de</strong>s trous où,<br />

attirés par la lumière, les poissons sont harponnés ou<br />

emprisonnés <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s filets. ' 22<br />

Lac Champlain<br />

Au même moment où les populations <strong>de</strong> <strong>saumon</strong><br />

<strong>de</strong> la côte atlantique déclinent rapi<strong>de</strong>ment, <strong>de</strong> nouvelles<br />

populations sont découvertes et exploitées <strong>dans</strong> les<br />

terres intérieures et sauvages <strong>de</strong> la région <strong>du</strong> lac Champlain.<br />

William Gilliland, le chef <strong>de</strong> l'une <strong>de</strong>s premières<br />

familles à venir s'établir <strong>dans</strong> la région, fait <strong>de</strong> l'argent<br />

en approvisionnant les troupes américaines en <strong>saumon</strong>s<br />

<strong>du</strong> lac <strong>du</strong>rant la guerre <strong>de</strong> l'Indépendance; en un an, il<br />

aurait fourni à l'armée jusqu'à 1 500 <strong>saumon</strong>s capturés<br />

<strong>dans</strong> son barrage <strong>de</strong> fascines.'"<br />

Au début <strong>de</strong>s années 1800, les <strong>saumon</strong>s fréquentent<br />

encore en grand nombre les tributaires <strong>du</strong> lac<br />

Champlain comme les rivières Au Sable, Bouquet,<br />

Missiquoi, Lamoille et Winooski, à tel point que, pendant<br />

la remonte, il est dangereux pour un cavalier <strong>de</strong><br />

franchir un cours d'eau sur un cheval facile à effrayer.<br />

<strong>Le</strong>s hommes poussent parfois <strong>de</strong>s chariots <strong>dans</strong> la rivière<br />

puis, armés <strong>de</strong> fourches, les remplissent <strong>de</strong> poissons;<br />

à une occasion, 500 <strong>saumon</strong>s sont pêchés <strong>de</strong> cette<br />

façon <strong>dans</strong> la rivière Bouquet <strong>du</strong>rant un après-midi.<br />

Edward Oliphant mentionne que les <strong>saumon</strong>s <strong>du</strong> lac<br />

Champlain sont petits, mais certains auraient néanmoins<br />

pesé jusqu'à vingt livres.'

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