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Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

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vance généralement <strong>de</strong> quelques années celle <strong>du</strong> golfe<br />

<strong>du</strong> Saint-Laurent.<br />

Un autre visiteur <strong>de</strong> Saint-Jean en 1849 parle <strong>de</strong> la<br />

pêcherie <strong>de</strong> cette ville <strong>dans</strong> les ternies suivants :<br />

La ville connaît une gran<strong>de</strong> activité commerciale, particulièrement<br />

<strong>dans</strong> les secteurs <strong>de</strong>s pêcheries et <strong>du</strong> bois.<br />

La pêche représente une ressource importante, qui donne<br />

<strong>du</strong> travail à un grand nombre d'habitants. L'étranger<br />

<strong>de</strong> passage peut apercevoir un nombre impressionnant<br />

<strong>de</strong> bateaux <strong>de</strong> pêche rejoindre les quais, lorsqu'ils sont<br />

suffisamment proches, car le brouillard ne permet <strong>de</strong><br />

les voir qu'une fois ren<strong>du</strong>s à quelques verges <strong>de</strong> la terre<br />

ferme, et tous sont toujours remplis <strong>de</strong>s poissons <strong>de</strong>s<br />

plus fins. 98<br />

Certains <strong>de</strong>s bateaux dont le visiteur parle sont peut-être<br />

ceux qui pratiquent la pêche au filet dérivant <strong>dans</strong> le<br />

port, métho<strong>de</strong> qui, bien que contraire à la loi provinciale,<br />

est appliquée avec gran<strong>de</strong> ferveur, et avec l'assentiment<br />

<strong>de</strong> la Corporation <strong>de</strong> la ville. La pêche au filet<br />

dérivant est surtout pratiquée la nuit, mais ce n'est pas<br />

pour échapper à la surveillance <strong>de</strong>s autorités chargées<br />

<strong>de</strong> faire respecter les règlements provinciaux, car les<br />

pêcheurs <strong>de</strong> Saint-Jean n'hésitent pas à pêcher ainsi<br />

même le dimanche — journée où toute pêche est interdite.<br />

<strong>Le</strong>s filets utilisés sur ces petits bateaux ont généralement<br />

une longueur <strong>de</strong> 200 brasses et une profon<strong>de</strong>ur<br />

<strong>de</strong> 40 mailles, et il faut être très habile pour passer avec<br />

tout cet attirail à travers l'encombrement <strong>du</strong> port. Mais,<br />

peut-être le brouillard est-il trop épais pour permettre à<br />

notre visiteur <strong>de</strong> voir les autres instruments <strong>de</strong> pêches<br />

classiques, employés localement : <strong>de</strong>s barrières <strong>de</strong><br />

filets, constituées <strong>de</strong> filets à maille <strong>de</strong> 2.75 pouces,<br />

accrochés à <strong>de</strong>s pieux et à <strong>de</strong>s barres en bois, avec <strong>de</strong>s<br />

ailes d'amenée déployées à partir <strong>de</strong> la ligne <strong>de</strong> hautes<br />

eaux vers le bassin circulaire au niveau <strong>de</strong>s basses eaux;<br />

ces systèmes sont parfois appelés verveux."<br />

La vente par loterie <strong>de</strong>s permis d'exploitation <strong>de</strong>s<br />

barrières <strong>de</strong> filets et <strong>de</strong>s filets fixes se pratique encore<br />

<strong>dans</strong> les années 1850; mais, elle est très critiquée par les<br />

pêcheurs, qui ne sont pas toujours sûrs d'obtenir le<br />

poste qu'ils souhaitent. De 80 à 100 lots sont attribués<br />

chaque année par loterie; et, au début <strong>de</strong>s années 1850,<br />

on les achète aux gagnants <strong>du</strong> tirage pour <strong>de</strong>s sommes<br />

allant <strong>de</strong> quelques shillings à 40e, 50f ou même<br />

100 £. 1" Cette loterie, intégrée aux autres activités <strong>de</strong><br />

pêche <strong>de</strong> Saint-Jean, est contraire à la loi provinciale,<br />

mais elle sera pratiquée jusqu'en 1862. À partir <strong>de</strong> cette<br />

année, le système litigieux est aboli en vertu d'un règlement<br />

municipal et remplacé par une vente à l'encan<br />

libre, <strong>de</strong>vant se tenir chaque année le premier mardi <strong>de</strong><br />

janvier. <strong>Le</strong>s enchérisseurs ayant acquis <strong>de</strong>s lots peuvent<br />

y aménager <strong>de</strong>s barrières ou installer <strong>de</strong>s filets fixes à<br />

<strong>saumon</strong>s, aussi bien sur la rive est qu'a l'ouest <strong>du</strong> port;<br />

il est intéressant <strong>de</strong> noter que <strong>dans</strong> les années 1860, les<br />

encans annuels permettent <strong>de</strong> recueillir assez d'argent<br />

<strong>de</strong> la vente <strong>de</strong>s lots sur le côté est pour financer la<br />

construction d'un nouvel hôtel <strong>de</strong> ville. 10 '<br />

Depuis les années 1830, la pêcherie <strong>du</strong> port a<br />

connu une nette progression, et le marché américain en<br />

expansion représente un débouché très intéressant. En<br />

1850, la pro<strong>du</strong>ction totale <strong>de</strong> la pêcherie <strong>du</strong> port, en<br />

alose, <strong>saumon</strong> et gaspareau, est évaluée à 20 000 £ et on<br />

estime que 32 000 saunions ont été pêchés, dont<br />

17 150, soit 55 %, sont exportés aux États-Unis.'<br />

Dans cette seule année, 15 tonnes <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> et <strong>de</strong><br />

homard en glace sont expédiées à Eastport, <strong>dans</strong> le<br />

Maine, où la U.S. Treat Company met ces poissons en<br />

conserves. <strong>Le</strong>s pêcheurs reçoivent localement cinq shillings<br />

par poisson, qu'il soit grand ou petit, niais sur le<br />

marché <strong>de</strong>s États-Unis ils reçoivent le double.' En<br />

1851, les exportations sont en baisse par suite d'une<br />

dépression <strong>dans</strong> le secteur <strong>de</strong>s pêches qui <strong>du</strong>re pendant<br />

plusieurs années; mais, vers 1861, le ren<strong>de</strong>ment annuel<br />

<strong>du</strong> port remonte à environ 30 000 poissons, et en 1864,<br />

il atteint 40 000 poissons, dont un pourcentage élevé est<br />

mis en glace et exporté aux Etats-Unis. 04<br />

Vers cette <strong>de</strong>rnière année, les pêcheurs ven<strong>de</strong>nt<br />

leurs prises à la livre, un <strong>saumon</strong> <strong>de</strong> 12 livres leur<br />

rapportant maintenant six shillings.' Entre 1845 et<br />

1867, on estime que le ren<strong>de</strong>ment annuel <strong>du</strong> port en<br />

<strong>saumon</strong> fluctue entre 250 000 et 500 000 livres.' Durant<br />

la <strong>de</strong>rnière moitié <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s sources<br />

fiables signalent que 1 500 <strong>saumon</strong>s sont pris lors d'une<br />

seule marée, <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s filets dérivants, entre Musquash<br />

et le fanal <strong>de</strong> « Partridge Island »."<br />

Au début <strong>de</strong>s années 1860, la pêche au filet<br />

dérivant se développe rapi<strong>de</strong>ment le long <strong>de</strong> la côte <strong>du</strong><br />

Comté <strong>de</strong> Charlotte, et vers 1867, Venning peut écrire :<br />

«Si les filets que j'ai vus cette saison dérivant tous en<br />

même temps <strong>dans</strong> la baie, avaient été mis à la queue leu<br />

leu, ils auraient atteint Digby." Cette expansion <strong>de</strong> la<br />

pêcherie vers l'ouest <strong>dans</strong> les années 1860, et l'apparition<br />

<strong>de</strong> communautés <strong>de</strong> pêcheurs <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s, comme<br />

Piserinco (Lorneville) vont à l'encontre <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scription<br />

<strong>de</strong> la région faite en 1850, <strong>dans</strong> laquelle on prétend<br />

que : « <strong>de</strong> Point <strong>Le</strong>preau au port <strong>de</strong> Saint-Jean, il n'y a<br />

pas d'établissement <strong>de</strong> pêche permanent ».<br />

Beaucoup <strong>de</strong>s affluents <strong>de</strong> la rivière Saint-Jean,<br />

particulièrement en-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> Fre<strong>de</strong>ricton, bénéficient<br />

encore au début <strong>de</strong>s années 1860 d'abondantes montaisons<br />

<strong>de</strong> <strong>saumon</strong>, bien que le poisson soit impitoyablement<br />

chassé à la pointe. Mais, <strong>dans</strong> certaines rivières,<br />

la situation <strong>de</strong>vient désespérée. En 1853, quelqu'un<br />

écrit que « les barrages construits sur la rivière sont la<br />

cause <strong>de</strong> ce changement, et c'est à la même cause qu'il<br />

faut attribuer le faible nombre <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s <strong>dans</strong> les<br />

rivières et ruisseaux Oromocto, Nashwaak, Me<strong>du</strong>xnekeak,<br />

Mispec, Great Salmon, Emerson, Gardner et<br />

Goose ». I° <strong>Le</strong> <strong>saumon</strong> est abondant <strong>dans</strong> la Kennebecasis<br />

— <strong>du</strong> moins jusqu'à Sussex Vale — et <strong>dans</strong> la<br />

rivière Hammond jusqu'à Titus Mill, à douze milles <strong>de</strong><br />

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