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Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

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chances <strong>de</strong> capturer le poisson en aidant la nature.<br />

<strong>Le</strong>s Indiens ingénieux<br />

D'après les relations <strong>de</strong>s premiers explorateurs, les<br />

Européens n'ont aucun conseil à donner aux autochtones<br />

<strong>de</strong> <strong>l'Amérique</strong> <strong>du</strong> <strong>Nord</strong> à propos <strong>de</strong> la pêche; à<br />

vrai dire, les métho<strong>de</strong>s et compétences <strong>de</strong>s Indiens son,<br />

à <strong>de</strong> nombreux égards, supérieures à celles <strong>de</strong>s pêcheurs<br />

d'Europe. Puisqu'en Amérique, les premiers Blancs<br />

exploitent surtout la morue, ils excellent principalement<br />

<strong>dans</strong> les techniques qui lui sont propres, lesquelles consistent<br />

essentiellement à capturer le poisson à la ligne à<br />

main, à la nettoyer, à le sécher et à le saumurer.<br />

<strong>Le</strong>s autochtones, pour leur part, ont plus d'initiatives<br />

: ils ne se limitent ni à la capture <strong>de</strong> la morue ni<br />

à la pêche à la ligne. En 1634, William Wood signale<br />

que les autochtones ont recours « avec habilité » à toutes<br />

les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> pêche : « ils emploient divers appâts<br />

selon l'espèce capturée et les saisons; aussi, ils savent<br />

quand il faut pêcher clans les cours d'eau, près <strong>de</strong>s<br />

roches, <strong>dans</strong> la baie et en mer" ». <strong>Le</strong>s Amérindiens<br />

utilisent beaucoup les barrières à poisson, construisent<br />

divers types <strong>de</strong> filets ainsi que <strong>de</strong>s casiers, <strong>de</strong>s salabres<br />

et <strong>de</strong>s épuisettes, emploient <strong>de</strong>s harpons, mettent au<br />

point <strong>de</strong>s techniques rudimentaires <strong>de</strong> pêche à la ligne<br />

et découvrent que certaines toxines naturelles peuvent<br />

étourdir temporairement le poisson.'<br />

Toutefois, pour prendre le <strong>saumon</strong>, les Indiens ont<br />

principalement recours au harpon. À part le maillet, les<br />

pierres et les mains nues, le harpon est probablement le<br />

moyen le plus ancien et le plus rudimentaire <strong>de</strong> tuer le<br />

gibier; il s'agit <strong>de</strong> l'arme la plus répan<strong>du</strong>e compte tenu<br />

<strong>de</strong> sa distribution <strong>dans</strong> le mon<strong>de</strong> et <strong>de</strong>s espèces <strong>de</strong> gibier<br />

pour lesquelles elle est employée. En raison <strong>de</strong> leur<br />

mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie, les autochtones <strong>du</strong> nord préfèrent le harpon;<br />

ils sont <strong>de</strong>s noma<strong>de</strong>s et penchent en faveur <strong>de</strong>s<br />

outils qu'ils peuvent transporter aisément ou fabriquer<br />

sur-le-champ. En outre, l'Indien tente <strong>de</strong> subvenir à ses<br />

propres besoins ou à ceux <strong>de</strong> sa famille plutôt qu'à ceux<br />

<strong>de</strong> la tribu, en général, et les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> pêche indivi<strong>du</strong>elles<br />

sont donc les seules qui soient nécessaires la<br />

majeure partie <strong>du</strong> temps; à ce titre, le harpon donne les<br />

meilleurs résultats par rapport à tous les engins accessibles.<br />

Même lorsque les autochtones utilisent <strong>de</strong>s<br />

métho<strong>de</strong>s plus perfectionnées, comme <strong>de</strong>s enclos et <strong>de</strong>s<br />

casiers, ils se servent surtout <strong>du</strong> harpon pour retirer les<br />

poissons pris <strong>dans</strong> ces engins.<br />

Même si l'intro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong>s engins <strong>de</strong> pêche européens<br />

influe notablement sur les techniques <strong>de</strong> pêche<br />

<strong>de</strong>s autochtones, ces <strong>de</strong>rniers continuent à capturer le<br />

<strong>saumon</strong> surtout au moyen <strong>du</strong> harpon pendant plusieurs<br />

siècles — son utilisation <strong>de</strong>vient même répan<strong>du</strong>e parmi<br />

les premiers Blancs qui colonisent <strong>l'Amérique</strong> pour<br />

prendre les gros poissons <strong>dans</strong> les cours d'eau. Bien que<br />

16<br />

les Amérindiens fabriquent plusieurs types <strong>de</strong> harpons,<br />

le tri<strong>de</strong>nt est le plus populaire pour la capture <strong>du</strong> <strong>saumon</strong><br />

<strong>dans</strong> toute son aire <strong>de</strong> répartition. Ce harpon est<br />

fait d'un long et léger manche <strong>de</strong> bois terminé par un fer<br />

pointu flanqué <strong>de</strong> <strong>de</strong>nts en forme <strong>de</strong> fourchons.<br />

D'après les <strong>de</strong>scriptions, les tri<strong>de</strong>nts sont parfois<br />

fabriqués en fendant l'extrémité d'un manche <strong>de</strong> bois en<br />

trois; niais, en général, la pointe est faite d'une pièce <strong>de</strong><br />

bois, d'os ou — après l'arrivée <strong>de</strong>s Européens — <strong>de</strong> fer<br />

qui est fixée au manche. On raconte que les Indiens <strong>de</strong><br />

la région <strong>du</strong> Saint-Laurent capturent le <strong>saumon</strong> au<br />

moyen <strong>de</strong> harpons" fabriqués par les Français qui ont la<br />

forme d'anciennes lyres ou harpes. Il est aussi possible<br />

qu'ils aient simplement enfoncé une pointe <strong>de</strong> fer <strong>dans</strong><br />

le manche ou qu'il l'ait attachée à celui-ci.<br />

Bien que les Indiens pêchent parfois le poisson au<br />

harpon <strong>dans</strong> l'eau très peu profon<strong>de</strong> à divers moments<br />

<strong>du</strong> jour, ils s'en servent surtout <strong>dans</strong> l'eau plus profon<strong>de</strong>,<br />

la nuit, <strong>dans</strong> leurs canots, en s'éclairant au<br />

moyen <strong>de</strong> flambeaux :<br />

C'est beau <strong>de</strong> voir ces petits canots qui sortent <strong>de</strong> leurs<br />

abris le long <strong>de</strong>s rives recouvertes <strong>de</strong> pins et se déplacement<br />

parmi les îles ... éclairés <strong>dans</strong> la nuit par<br />

<strong>de</strong>s flambeaux ... fixés à une perche à l'avant <strong>de</strong><br />

l'embarcation et dont les lueurs se réverbèrent sur<br />

l'eau. <strong>Le</strong> flambeau est fait <strong>de</strong> petits bois <strong>de</strong> pin qui est<br />

très combustible et pro<strong>du</strong>it très promptement une<br />

flamme ar<strong>de</strong>nte, ou d'écorce <strong>de</strong> bouleau roulée qui<br />

s'enflamme aussi très rapi<strong>de</strong>ment. À la lumière <strong>du</strong><br />

flambeau, les pêcheurs distinguent aisément les poissons<br />

<strong>dans</strong> l'eau. L'un d'eux se tient <strong>de</strong>bout au milieu<br />

<strong>du</strong> canot son harpon à la main ... prêt à tirer sur le<br />

poisson qui vient à passer sous ses yeux <strong>dans</strong> les eaux<br />

immobiles, tandis que l'autre dirige pru<strong>de</strong>mment l'embarcation<br />

avec l'aviron.<br />

L'auteur <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>scription précise ensuite que cette<br />

technique <strong>de</strong> pêche « .. requiert un oeil vif, une main<br />

sûre et beaucoup <strong>de</strong> précautions »."<br />

Quoique le harpon soit l'engin <strong>de</strong> pêche le plus<br />

couramment employé pour prendre et récupérer le <strong>saumon</strong>,<br />

les autochtones affectionnent aussi les barrières<br />

ou barrages à poisson. Au départ, ils tirent sans doute<br />

profit <strong>de</strong>s obstacles naturels comme les chutes, les barachois<br />

et les barrages <strong>de</strong> castors. Constatant que les<br />

poissons sont retenus par ces obstacles, ils commencent<br />

à construire leurs propres retenues à poissons, souvent<br />

à <strong>de</strong>s endroits qui leur sont souvent plus accessibles.<br />

<strong>Le</strong>s premiers colons venus d'Europe sont fréquemment<br />

étonnés <strong>de</strong> l'habileté avec laquelle les autochtones<br />

fabriquent leurs barrières et leurs casiers et adoptent<br />

finalement leurs métho<strong>de</strong>s. D'après les anciens documents<br />

et gravures, les Indiens <strong>de</strong> la Virginie construisent<br />

d'importantes barrières, avec plusieurs chambres<br />

en forme <strong>de</strong> coeur, <strong>dans</strong> les cours d'eau et les<br />

estuaires;' <strong>dans</strong> le nord, les Esquimaux installent <strong>de</strong>

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