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Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

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l'expansion considérable <strong>de</strong> la pêche commerciale<br />

américaine <strong>de</strong>viennent inévitables. Dès 1624, la<br />

Nouvelle-Angleterre compte un très grand nombre <strong>de</strong><br />

pêcheries côtières tandis que la Nouvelle-France n'en<br />

possè<strong>de</strong> aucune; cette année-là, Gloucester à elle seule<br />

n'a pas moins <strong>de</strong> 50 bateaux occupés à la pêche locale<br />

<strong>de</strong> la morue.' En 1625, la colonie <strong>de</strong> Plymouth commence<br />

à exporter <strong>du</strong> poisson et, en 1628, elle en vend<br />

aux Hollandais <strong>de</strong> New York. Selon Prowse, les colons<br />

<strong>de</strong> la Nouvelle-Angleterre viennent à Terre-Neuve dès<br />

1645 pour la pêche et le commerce.'<br />

<strong>Le</strong> <strong>saumon</strong> capturé est gardé surtout pour la consommation<br />

sur les marchés locaux, mais il est évi<strong>de</strong>nt<br />

que les exportations <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> vers d'autres colonies et<br />

nations débutent avant la fin <strong>du</strong> XVII' siècle. Samuel<br />

Sewall, un commerçant <strong>de</strong> Boston, inscrit <strong>dans</strong> un<br />

copie-lettres pour l'année 1686 le message suivant :<br />

Nathaniel Dwight — Espère que vous vendrez facilement<br />

cet achigan salé, ayant cru comprendre qu'il est<br />

très en <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>dans</strong> les In<strong>de</strong>s occi<strong>de</strong>ntales; pourrait<br />

peut-être remplacer le <strong>saumon</strong>. 83<br />

Un rapport à l'Office britannique <strong>du</strong> commerce et <strong>de</strong>s<br />

plantations daté <strong>de</strong> 1700 mentionne que les colonies<br />

possè<strong>de</strong>nt en propre 315 navires <strong>de</strong> pêche et, avant<br />

1705, ce nombre seul fréquente les bancs <strong>de</strong> pêche<br />

acadiens." À cette époque, les colons <strong>de</strong> la Nouvelle-<br />

Angleterre ven<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> poisson à la France, à l'Espagne<br />

et aux Îles Canaries, la « morue moins fraîche » étant<br />

écoulée aux îles sous le vent, à la Barba<strong>de</strong> et à Antigua.<br />

Il n'est pas déraisonnable <strong>de</strong> conclure que <strong>dans</strong> ces<br />

exportations <strong>de</strong> poisson, le <strong>saumon</strong> occupe une certaine<br />

place.<br />

Avec la renommée <strong>de</strong> ses pêches, la Nouvelle-<br />

Angleterre <strong>de</strong>vient un lieu riche <strong>de</strong> promesses; Thomas<br />

Morton la désigne comme la « nouvelle terre <strong>de</strong> Canaan<br />

anglaise », et parlant <strong>du</strong> <strong>saumon</strong>, il fait observer « qu'il<br />

y en a une gran<strong>de</strong> abondance et qu'il peut être considéré<br />

comme une marchandise ». liberté totale <strong>de</strong> pêcher<br />

est accordée à tous les habitants <strong>de</strong> ces colonies, premier<br />

exemple <strong>de</strong>s efforts britanniques pour encourager<br />

la colonisation et <strong>de</strong> son attitu<strong>de</strong> libérale à l'égard <strong>de</strong> la<br />

poursuite <strong>de</strong> cette activité, à l'époque. Cependant, cette<br />

politique ne contribue guère à protéger ou à conserver<br />

les espèces, notamment <strong>dans</strong> les rivières qui, clans quelques<br />

régions vont souffrir d'un déclin rapi<strong>de</strong> et <strong>dans</strong><br />

certains cas même avant 1700. À l'origine, la réglementation<br />

<strong>de</strong> la pêche n'est en aucune façon considérée<br />

comme nécessaire, la population étant assez<br />

clairsemée et le poisson abondant. Lorsque le besoin<br />

d'une réglementation se fait sentir, celle-ci porte sur la<br />

manutention <strong>du</strong> poisson après sa capture — en d'autres<br />

termes, elle vise à protéger le pro<strong>du</strong>it et non la<br />

ressource.<br />

Cette réglementation est appliquée par le Massachusetts<br />

en 1641, lorsqu'il entreprend <strong>de</strong> standardiser<br />

36<br />

les contenants <strong>dans</strong> lesquels est exporté le poisson salé<br />

et <strong>de</strong> nommer <strong>de</strong>s jaugeurs pour s'assurer que la quantité<br />

exacte est mise clans chaque baril.' Dix ans plus<br />

tard, le gouverneur émet une nouvelle proclamation<br />

pour « prévenir la frau<strong>de</strong> <strong>dans</strong> le pacquage <strong>du</strong> poisson »,<br />

en rétablissant la loi antérieure et en stipulant que tout<br />

poisson salé pacqué pour la vente doit porter le sceau <strong>du</strong><br />

jaugeur. Dorénavant, les fonctions <strong>de</strong> celui-ci sont éten<strong>du</strong>es<br />

et comportent I;inspection <strong>du</strong> poisson pour s'assurer<br />

qu'il est en bon état, que chaque espèce est<br />

pacquée séparément et que le pro<strong>du</strong>it est sain et bien<br />

salé; cette mesure s'avère nécessaire en raison <strong>de</strong>s<br />

plaintes émanant <strong>de</strong> divers marchés à propos <strong>de</strong> poissons<br />

détériorés. Dans chaque centre <strong>de</strong> pêche, <strong>de</strong>s personnes<br />

« avisées et honnêtes » sont nommées comme<br />

inspecteurs et jaugeurs, et généralement appelées<br />

« examinateurs <strong>de</strong> poisson »; à l'époque, ils reçoivent<br />

un penny le quintal (100-112 lb), la moitié <strong>de</strong> leurs<br />

appointements étant fournie par le ven<strong>de</strong>ur et l'autre<br />

moitié par l'acheteur. Cette pratique marque le début <strong>du</strong><br />

service d'inspection <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong> la pêche en<br />

Amérique.'<br />

L'engin <strong>de</strong> pêche le plus couramment utilisé <strong>dans</strong><br />

les rivières est la barrière à poisson ou pêche à fascines.<br />

L'une <strong>de</strong>s premières <strong>de</strong>scriptions <strong>de</strong> cet engin aperçu<br />

<strong>dans</strong> les eaux <strong>de</strong> la Nouvelle-Angleterre est faite par un<br />

Français en visite <strong>dans</strong> la colonie <strong>de</strong> Plymouth vers<br />

1628 :<br />

Dans la partie sud <strong>de</strong> la ville coule une petite rivière<br />

(probablement Billington Brook) d'eau froi<strong>de</strong>, très rapi<strong>de</strong><br />

mais peu profon<strong>de</strong>, alimentée par plusieurs lacs <strong>du</strong><br />

territoire en amont ... <strong>Le</strong>s Anglais l'ont fermée par <strong>de</strong>s<br />

planches avec une petite porte au milieu qui monte et<br />

<strong>de</strong>scend, et <strong>de</strong>s treillis sur les côtés à travers lesquels<br />

l'eau circule, mais qui peuvent également être fermés<br />

par une pièce coulissante. À l'embouchure, la construction<br />

est en planches, comme un piège à anguilles,<br />

avec <strong>de</strong>s ailes où, <strong>dans</strong> Ic milieu, il y a encore une porte<br />

coulissante et un treillis sur les côtés, <strong>de</strong> sorte qu'entre<br />

les <strong>de</strong>ux digues se trouvent un bassin carré <strong>dans</strong> lequel<br />

les poissons viennent nager pour monter plus<br />

haut."<br />

Des barrières semblables sont également construites sur<br />

les rivières <strong>du</strong> New Hampshire, plus particulièrement<br />

pour le <strong>saumon</strong>." <strong>Le</strong>s barrières construites le long <strong>de</strong> la<br />

Merrimack sont elles aussi importants pour la pêche au<br />

<strong>saumon</strong>, comme le montre le curieux testament d'un<br />

indivi<strong>du</strong> <strong>de</strong> Newbury où il est indiqué : «Je donne<br />

chaque année le premier <strong>saumon</strong> capturé <strong>dans</strong> ma barrière<br />

à M. Noyes et le second à M. Rogers jusqu'à ce<br />

que mon fils atteigne l'âge <strong>de</strong> 19 ans ». 9' En plus <strong>de</strong> la<br />

barrière à poisson, le harpon et Ic carrelet sont les principaux<br />

engins utilisés pendant <strong>de</strong> nombreuses années<br />

pour prendre le <strong>saumon</strong> clans les eaux froi<strong>de</strong>s et estuariennes<br />

<strong>de</strong> la Nouvelle-Angleterre, quoique <strong>de</strong>s filets

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