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Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

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Mais, à cette époque, les sections en aval <strong>de</strong> la<br />

rivière Jacques-Cartier sont fortement exploitées par les<br />

pêcheurs sportifs, les pêcheurs <strong>de</strong> commerce et les braconniers;<br />

Bowsell se rend bien compte que la remontée<br />

<strong>de</strong> ses poissons jusqu'à son cantonnement ne sera possible<br />

que s'il exerce lui-même un certain contrôle sur les<br />

activités <strong>de</strong> pêche le long <strong>de</strong> la rivière. Il adresse une<br />

requête à la Législature, lui <strong>de</strong>mandant <strong>de</strong> protéger son<br />

entreprise; mais, on n'y donne pas suite. Jusque là, très<br />

peu d'information sur l'art <strong>de</strong> la pisciculture a réussi à<br />

traverser <strong>l'Atlantique</strong>, et même si cela avait été le cas,<br />

la Législature aurait probablement décidé qu'il y avait<br />

encore assez <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> au Canada en 1850, et que <strong>de</strong>s<br />

moyens artificiels pour augmenter leur nombre n'étaient<br />

pas nécessaires, particulièrement lorsqu'ils visaient<br />

à assurer le profit <strong>de</strong> spéculateurs. Boswell est<br />

forcé d'abandonner ses projets, et bientôt il renonce à<br />

ses droits <strong>de</strong> pêche. Mais, il n'est pas totalement découragé,<br />

car il écrit à son frère, un avocat <strong>de</strong> Dublin, pour<br />

lui faire part <strong>de</strong> ses idées sur la science <strong>de</strong> l'élevage <strong>de</strong>s<br />

poissons. Vers 1852, ce frère achète en Irlan<strong>de</strong> un cours<br />

d'eau dépourvu <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> et, grâce à l'intro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong><br />

stock repro<strong>du</strong>cteur, il réussit à réensemencer sa section<br />

<strong>du</strong> cours d'eau; en l'espace <strong>de</strong> quelques années, le nombre<br />

<strong>de</strong> montaisons est remarquable, et en 1856 il peut<br />

vendre sa pêcherie pour 9 000 £. 195<br />

Vers le milieu <strong>de</strong>s années 1840 et au début <strong>de</strong>s<br />

années 1850, la pêcherie <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> <strong>du</strong> Bas-Canada est<br />

en assez bonne santé; les captures <strong>de</strong> poissons pesant <strong>de</strong><br />

16 à 18 livres ne sont apparemment pas rares, et on peut<br />

les acheter pour seulement 2 shillings la pièce. ' 96 Mais,<br />

le <strong>saumon</strong> ne peut continuer à survivre à l'exploitation<br />

qui s'intensifie d'année en année, sans subir <strong>de</strong>s perties<br />

graves qui mettent son existence même en jeu.<br />

La rivière Jacques-Cartier est un bon exemple <strong>de</strong><br />

ce qui se passe <strong>dans</strong> beaucoup <strong>de</strong> cours d'eau pendant<br />

cette pério<strong>de</strong>. En 1829, la rivière abondait en <strong>saumon</strong>,<br />

et jusqu'en 1845, <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> poissons remontaient<br />

la rivière. Au moment <strong>de</strong> l'achat effectué par Boswell,<br />

les captures ont baissé à quelques centaines <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s<br />

par année, et vers 1860, à quelques douzaines. En<br />

1850, la pêche commerciale n'est pratiquée que sur les<br />

10 milles <strong>du</strong> bassin inférieur <strong>du</strong> cours d'eau, la limite<br />

supérieure étant constituée par les chutes mentionnées<br />

précé<strong>de</strong>mment; le <strong>saumon</strong> réussissait à les passer, mais<br />

non sans difficulté; et, en plus d'être le site <strong>de</strong> la pêcherie<br />

<strong>de</strong> Dery, les chutes sont également le ren<strong>de</strong>z-vous<br />

<strong>de</strong>s pêcheurs sportifs à la ligne <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Québec.<br />

Charles Langevin, dont la maison <strong>de</strong> campagne donne<br />

sur la rivière Jacques-Cartier à Derys Bridge, peut surveiller<br />

étroitement la pêche au <strong>saumon</strong> <strong>dans</strong> la rivière<br />

entre 1850 et 1856; il note le déclin, les captures passant<br />

<strong>de</strong> 410 poissons en 1850 à seulement 185 en 1856. 1"<br />

Mais, après presque dix ans <strong>de</strong> recul, la rivière Jacques-<br />

Cartier recommence à renaître, principalement grâce<br />

aux efforts <strong>du</strong> Quebec Fish & Game Club qui s'inté-<br />

156<br />

resse activement à la rivière. <strong>Le</strong>s membres <strong>du</strong> club<br />

tiennent ar<strong>de</strong>mment à conserver le stock pour leurs<br />

propres besoins <strong>de</strong> pêche à la ligne, et l'existence d'un<br />

club <strong>dans</strong> une pêcherie fait généralement fuir les branconniers<br />

— mais revenir le <strong>saumon</strong>. En 1867, la rivière<br />

Jacques-Cartier est <strong>de</strong> nouveau une excellente réserve<br />

pour la pêche sportive.'"<br />

En progressant vers l'est, le long <strong>de</strong> la rive sud <strong>du</strong><br />

Saint-Laurent jusqu'à Gaspé, on peut voir <strong>de</strong>s pêcheries<br />

<strong>de</strong> <strong>saumon</strong> à divers endroits. Mais, la pêche est en<br />

déclin, comme en fait foi un document <strong>de</strong> l'époque :<br />

« <strong>Le</strong>s cours d'eau se jetant <strong>dans</strong> le Saint-Laurent par la<br />

rive sud ne sont plus dignes d'être appelés <strong>de</strong>s rivières<br />

à <strong>saumon</strong>, car ils ont été ruinés par les barrages <strong>de</strong><br />

moulins, excepté ceux qui s'écoulent <strong>dans</strong> le bassin <strong>de</strong><br />

Gaspé ».'" Seuls quelques ports exportent <strong>du</strong> poisson;<br />

<strong>de</strong> Gaspé, par exemple, 275 et 290 barils <strong>de</strong> <strong>saumon</strong><br />

sont expédiés respectivement en 1848 et en 1849. 2(9 '<br />

À l'échelle provinciale, cependant, la pêcherie <strong>du</strong><br />

bassin supérieur <strong>du</strong> Saint-Laurent est relativement peu<br />

importante; le territoire le plus intéressant — là où se<br />

situe presque toute l'activité — est représenté par la<br />

longue ligne côtière s'étendant <strong>de</strong> l'embouchure <strong>de</strong> la<br />

rivière Saguenay jusqu'à Blanc-Sablon; le long <strong>de</strong> cette<br />

ban<strong>de</strong>, les pêcheries <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> connaissent un développement<br />

et une expansion très rapi<strong>de</strong>s. Une <strong>de</strong>s principales<br />

raisons <strong>de</strong> ce fulgurant essor est l'arrivée à<br />

gran<strong>de</strong> échelle <strong>de</strong> la Compagnie <strong>de</strong> la baie d'Hudson sur<br />

le marché <strong>de</strong>s pêches; cette gran<strong>de</strong> compagnie anglaise<br />

est surtout connue pour le commerce <strong>de</strong>s fourrures,<br />

mais elle est prête à faire <strong>de</strong>s profits avec n'importe<br />

quoi, qu'il s'agisse <strong>de</strong> plumes d'oie ou <strong>de</strong> baleines.<br />

Beaucoup <strong>de</strong> postes <strong>de</strong> la compagnie pratiquent régulièrement<br />

et <strong>de</strong>puis longtemps une pêche <strong>de</strong> subsistance<br />

pour nourrir les employés et les équipages <strong>de</strong> chiens.<br />

Au tout début <strong>du</strong> siècle, une pêcherie au <strong>saumon</strong> <strong>du</strong><br />

Pacifique s'est développée au poste <strong>de</strong> Fort Langley,<br />

sur le fleuve Fraser en Colombie-Britannique et <strong>de</strong>s<br />

barils <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> sont expédiés sous forme <strong>de</strong> rations<br />

vers les postes <strong>de</strong> traite <strong>de</strong>s fourrures <strong>de</strong> l'intérieur; en<br />

1850, <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> salé est expédié <strong>de</strong> Fort Langley à<br />

Hawaii au coût <strong>de</strong> 15 $ le baril. La compagnie n'allait<br />

donc pas tar<strong>de</strong>r à lorgner vers ces postes <strong>de</strong> l'est pour<br />

<strong>de</strong> nouvelles possibilités <strong>de</strong> profits.'<br />

Comme on l'a déjà mentionné, la Compagnie <strong>de</strong> la<br />

baie d'Hudson est déjà bien implantée le long <strong>du</strong> littoral<br />

<strong>du</strong> Québec, pour la traite <strong>de</strong>s fourrures et pour la pêche<br />

locale <strong>de</strong> la morue et <strong>de</strong> la baleine. Tout naturellement,<br />

la compagnie s'intéresse également au <strong>saumon</strong>, bien<br />

qu'au début l'espèce ne soit pas exploitée <strong>de</strong> façon<br />

intensive. <strong>Le</strong>s activités <strong>de</strong> la compagnie à cette époque<br />

<strong>dans</strong> le secteur <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> sont décrites par R.M. Ballantyne,<br />

un homme <strong>de</strong> la compagnie et un auteur dont<br />

les récits colorés et plein d'aventures sur les immenses<br />

terres vierges <strong>de</strong> <strong>l'Amérique</strong> <strong>du</strong> <strong>Nord</strong> ont décidé <strong>de</strong><br />

nombreuse jeunes <strong>du</strong> vieux pays à venir joindre les

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