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Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

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Dès 1807, les colons <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt au gouvernement anglais<br />

<strong>de</strong> les protéger contre les « agressions » <strong>de</strong> leurs<br />

voisins américains. Afin <strong>de</strong> défendre leurs intérêts, un<br />

guetteur, chargé <strong>de</strong> compter les bateaux américains qui<br />

passent par le détroit <strong>de</strong> Canso, en dénombre 938 en<br />

une journée. ' 6<br />

Dès 1815, on estime à 1500 le nombre <strong>de</strong> bateaux<br />

américains qui pêchent <strong>dans</strong> les eaux <strong>du</strong> Labrador, et<br />

toutes les baies et criques jusqu'à Passamaquoddy sont<br />

fréquentées par <strong>de</strong>s pêcheurs américains qui, soit jettent<br />

leurs propres filets pour capturer toutes les espèces <strong>de</strong><br />

poissons, y compris le <strong>saumon</strong>, soit échangent <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its<br />

<strong>de</strong> la Nouvelle-Angleterre contre <strong>du</strong> poisson. <strong>Le</strong><br />

commerce <strong>du</strong> poisson <strong>dans</strong> les colonies anglaises chute<br />

brusquement, sauf <strong>dans</strong> les Antilles; les efforts <strong>de</strong> pêche<br />

<strong>de</strong>s autorités coloniales anglaises sont toutefois entravés<br />

par la réouverture <strong>de</strong> ce marché aux États-Unis en<br />

1822. 17<br />

BAIE DES CHALEURS<br />

Ce n'est que quelques années après la Révolution<br />

américaine que la pêche reprend activement <strong>dans</strong> la baie<br />

<strong>de</strong>s Chaleurs. En 1787, Hollingsworth écrivait à propos<br />

<strong>de</strong> cette région que :<br />

sur la rive sud, à l'extrémité est <strong>de</strong>s terres qui constituent<br />

l'entrée est <strong>du</strong> fleuve Saint-Laurent se trouve un<br />

établissement autrefois célèbre (Gaspé?) sous l'occupation<br />

française, où s'exerçaient <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> pêche<br />

considérables, mais qui fut abandonné et n'est plus<br />

fréquenté désormais qu'à l'occasion."'<br />

Toutefois, Gaspé, Restigouche et Miscou qui constituent<br />

les limites <strong>de</strong> la baie, ne sont pas totalement<br />

désertées. Des 1763, la compagnie Robin obtient <strong>de</strong>s<br />

droits sur divers établissements comme Percé, Newport,<br />

Miscou et Gran<strong>de</strong>-Rivière et poursuit apparemment<br />

ses opérations <strong>de</strong> pêche à partir <strong>de</strong> Paspébiac<br />

<strong>du</strong>rant la guerre, sans être inquiétée par les Américains,<br />

en raison <strong>du</strong> drapeau français qu'elle arbore.' Juste à<br />

l'est <strong>de</strong> Paspébiac, <strong>de</strong>s Loyalistes avaient fondé Hopetown<br />

en 1786. D'autres établissent <strong>de</strong>s villages comme<br />

New Carlisle et Matapédia et d'autres encore affluent<br />

<strong>dans</strong> les nouveaux établissements <strong>de</strong> Carleton, Maria et<br />

New Richmond. Un petit groupe s'installe <strong>dans</strong> l'île<br />

Bonaventure <strong>dans</strong> le seul but <strong>de</strong> conserver la possession<br />

<strong>de</strong>s pêcheries.' Sur la rive sud <strong>de</strong> la baie <strong>de</strong>s Chaleurs,<br />

la colonisation n'est pas aussi rapi<strong>de</strong> que sur la rive nord<br />

en dépit <strong>du</strong> fait que le commandant Walker revient<br />

lui-même s'établir à l'ancien poste <strong>de</strong> Nicolas Denys<br />

sur la rivière Nepisiguit et commence à envoyer <strong>du</strong><br />

<strong>saumon</strong> pêché à cet endroit sur les marchés étrangers<br />

peu <strong>de</strong> temps après la guerre.'<br />

<strong>Le</strong>s progrès toutefois sont lents, et comme l'écrivait<br />

George Heriot au début <strong>du</strong> XIX' siècle : «La<br />

morue, le <strong>saumon</strong> et le hareng sont les seuls pro<strong>du</strong>its<br />

72<br />

commerciaux provenant <strong>de</strong> la baie <strong>de</strong> Gaspé et <strong>de</strong> la<br />

baie <strong>de</strong>s Chaleurs ». L'agriculture est « particulièrement<br />

négligée » et la pêche est d'abord lente à se développer<br />

en raison <strong>de</strong> la pénurie <strong>de</strong> sel attribuable à la Révolution<br />

américaine.'<br />

Peter Bonamy est l'un <strong>de</strong>s premiers à obtenir <strong>de</strong>s<br />

terres <strong>dans</strong> le secteur supérieur <strong>de</strong> la baie <strong>de</strong>s Chaleurs<br />

et il s'installe près <strong>de</strong> l'actuelle ville <strong>de</strong> Dalhousie vers<br />

1787. Bonamy avait quitté Miramichi où, associé à<br />

Davidson, il pratiquait la pêche <strong>dans</strong> le bras nord-ouest<br />

<strong>de</strong> la rivière; <strong>dans</strong> sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour obtenir <strong>de</strong>s terres<br />

<strong>dans</strong> la région <strong>de</strong> la baie <strong>de</strong>s Chaleurs, il écrivait : « J'ai<br />

décidé <strong>de</strong> quitter cette région pour <strong>de</strong>nvenir cultivateur<br />

et m'intéresser à la pêche au <strong>saumon</strong> et au hareng<br />

ici »." On ignore clans quelle mesure Bonamy s'adonne<br />

à l'agriculture, mais sa participation à la pêche au <strong>saumon</strong><br />

est probablement considérable. Bientôt d'autres<br />

hommes viennent s'installer <strong>dans</strong> la région <strong>de</strong> Dalhousie<br />

et l'in<strong>du</strong>strie connaît une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> prospérité.<br />

La très gran<strong>de</strong> proportion <strong>de</strong>s terres occupées initialement<br />

par les tonnelleries et sur lesquelles se trouve<br />

l'actuelle ville <strong>de</strong> Dalhousie, témoigne <strong>de</strong> l'importance<br />

<strong>de</strong> la pêche.'<br />

De 1790 à 1800, la baie <strong>de</strong>s Chaleurs pro<strong>du</strong>it<br />

généralement entre 3000 et 4000 tierces <strong>de</strong> <strong>saumon</strong><br />

saumuré (entre 900 000 et 1 200 000 livres) par an; il<br />

n'est donc guère étonnant qu'elle soit considérée<br />

comme une mine inéuisable <strong>de</strong> poissons. Robert<br />

Ferguson d'Athol House, près <strong>de</strong> Campbellton, capture<br />

et exporte 1400 barils <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> saumuré (280 000<br />

livres) provenant <strong>de</strong> ses seules stations <strong>de</strong> pêche. De<br />

telles prises sont apparemment monnaie courante jusqu'aux<br />

environs <strong>de</strong> 1815, époque à laquelle elles commencent<br />

à décliner en raison surtout <strong>de</strong> la surpêchc. On<br />

ne peut toutefois exclure les facteurs biologiques.'<br />

D'autres pêcheries prospèrent également à l'embouchure<br />

<strong>de</strong> la rivière Restigouche, où se rassemblent<br />

d'énormes quantités <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s. <strong>Le</strong>s Indiens locaux<br />

surtout pêchent <strong>dans</strong> la région; armés traditionnellement<br />

<strong>de</strong> harpons pour capturer les <strong>saumon</strong>s, ils<br />

empruntent toutefois souvent <strong>de</strong>s filets aux Blancs afin<br />

<strong>de</strong> faciliter leur travail. En 1791, un voyageur note que<br />

les Indiens ferment souvent un émissaire d'un grand<br />

bassin à l'embouchure <strong>de</strong> la rivière Restigouche à l'ai<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> ces filets, puis :<br />

remontent parfois la rivière sur huit à dix milles en<br />

canots contenant chacun un <strong>saumon</strong> bouilli; arrivés à<br />

<strong>de</strong>stination, ils disposent leurs canots <strong>de</strong> chaque côté <strong>de</strong><br />

la rivière et émiettent le <strong>saumon</strong> bouilli aussi rapi<strong>de</strong>rrient<br />

que possible jusqu'à ce que l'eau <strong>de</strong>viennent<br />

blanche et brouillée. Ensuite, ils se mettent au travail<br />

et aSsomment les poissons avec leurs pieux et leurs<br />

harpons à la même ca<strong>de</strong>nce qu'ils émiettent le <strong>saumon</strong><br />

bouilli, jusqu'à ce qu'ils atteignent le bassin à l'extrémité<br />

<strong>du</strong>quel le filet est jeté, puis ils raclent (draguent)<br />

le bassin.26

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