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Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

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intéressante : Hugh Gray, par exemple, mentionne<br />

qu'entre les îles à l'embouchure <strong>de</strong> la rivière Mingan<br />

« il y a un bon mouillage et ces îles sont parfaitement<br />

situées pour la pêche à la morue et au <strong>saumon</strong> et à la<br />

chasse au phoque »." La réussite <strong>de</strong> la famille Lymburner<br />

<strong>dans</strong> la région est soulignée par le commentaire<br />

suivant <strong>de</strong> James McKenzie <strong>dans</strong> son journal en 1808 :<br />

La plus gran<strong>de</strong> rivière au sud <strong>de</strong> Mingan est la Natasquan<br />

(Natashquan) située à mi-chemin environ <strong>de</strong><br />

Napioshibou (Nabisipi) et <strong>de</strong> Masquaro (Musquaro);<br />

elle mesure près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux milles et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> large à<br />

l'entrée, mais elle est très peu profon<strong>de</strong>. Chaque année,<br />

250 tierces <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> (118 250 lb) sont capturées <strong>dans</strong><br />

<strong>de</strong>s filets par cinq hommes. . . En plus <strong>de</strong> cette rivière,<br />

la seigneurie compte sept autres rivières assez larges,<br />

fréquentées par les <strong>saumon</strong>s. . . 97<br />

L'importance croissante <strong>de</strong> la pêcherie <strong>de</strong> <strong>saumon</strong><br />

<strong>de</strong> Québec au tournant <strong>du</strong> siècle est illustrée par les<br />

droits perçus par les autorités coloniales pour les rivières<br />

à <strong>saumon</strong>. Avant 1800, les Postes <strong>du</strong> Roi se<br />

louent £400 par année; lorsque la Compagnie <strong>du</strong> <strong>Nord</strong>-<br />

Ouest en <strong>de</strong>vient propriétaire, les droits passent à<br />

£1025. Pour la seule pêcherie <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>, les Lymburner<br />

doivent payer £500 en 1807 pour un bail <strong>de</strong> trois<br />

ans; pour recouvrer le prix <strong>du</strong> loyer seulement, la compagnie<br />

doit pêcher plus <strong>de</strong> 50 000 livres <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>."<br />

<strong>Le</strong>s poissons capturés <strong>dans</strong> ces régions sont soit<br />

acheminés directement vers les ports <strong>du</strong> pays pour y être<br />

consommés ultérieurement, soit exportés vers les États-<br />

Unis, les Antilles ou l'Europe. En dépit <strong>du</strong> fait que les<br />

registres officiels <strong>de</strong>s exportations tenus au port <strong>de</strong> Québec<br />

font état d'exportations globales pour la province,<br />

il est fort probable qu'une partie importante <strong>de</strong>s captures<br />

<strong>de</strong> la colonie n'ait jamais figuré <strong>dans</strong> les registres<br />

<strong>de</strong>s douanes." <strong>Le</strong>s statistiques établies pour l'année<br />

1804 montrent que 597 tierces et 264 barils <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s<br />

ont été exportés cette année-là. Hugh Gray rapporte que<br />

les exportations moyennes <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> pendant la<br />

pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> trois ans se terminant en 1805 se chiffrent à<br />

610 tierces et 197 barils, soit près <strong>de</strong> 350 000 livres <strong>de</strong><br />

<strong>saumon</strong> entier, frais; à cette époque-là, le <strong>saumon</strong> se<br />

vend 65 shillings la tierce et 45 shillings le baril. En<br />

1808, les exportations se chiffrent à 794 tierces et 61<br />

barils <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> (400 000 lb <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> entier)."<br />

<strong>Le</strong> district <strong>de</strong> Gaspé est complètement à part et<br />

presque aussi éloigné que la côte <strong>du</strong> Labrador. La pêche<br />

y a décliné pendant la Révolution en raison surtout <strong>de</strong><br />

la pénurie <strong>de</strong> sel, mais plusieurs nouveaux établissements<br />

ont vu le jour après la signature <strong>du</strong> traité <strong>de</strong><br />

paix en 1783, notamment sur les rives <strong>de</strong> la baie <strong>de</strong>s<br />

Chaleurs, et la pêche reprend <strong>de</strong> plus belle. Une partie<br />

<strong>de</strong>s <strong>saumon</strong>s capturés à Gaspé est acheminée vers les<br />

Antilles et la Méditerranée. En 1805, le district a son<br />

propre lieutenant-gouverneur, et la population permanente<br />

atteint 3 500 habitants. En été, elle est beau-<br />

82<br />

coup plus nombreuse. En 1809, Hugh Gray résume<br />

l'ampleur <strong>de</strong> la pêche locale en ces mots : «Il y a<br />

plusieurs postes <strong>de</strong> pêches le long <strong>de</strong> la côte; les plus<br />

importants se trouvent à Percé et <strong>dans</strong> la baie <strong>de</strong>s Chaleurs.<br />

Chaque année, la pêche commerciale requiert<br />

environ une douzaine <strong>de</strong> bateaux à gréement carré, sans<br />

compter une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> petites embarcations<br />

côtières ».<br />

Haut-Canada<br />

Jusqu'à maintenant, on a peu parlé <strong>de</strong> la pêche au<br />

<strong>saumon</strong> à l'ouest <strong>de</strong> la rivière <strong>de</strong>s Outaouais. Ce cours<br />

d'eau n'est pas décrit comme une rivière à <strong>saumon</strong> clans<br />

les archives, mais sur les premières cartes <strong>de</strong> la<br />

Nouvelle-France, un <strong>de</strong> ses tributaires inférieurs est<br />

i<strong>de</strong>ntifié comme étant la Rivière au Saumon,' nom<br />

sous lequel ce cours d'eau est encore parfois connu <strong>de</strong><br />

nos jours.<br />

Si les <strong>saumon</strong>s remontaient effectivement la rivière<br />

<strong>de</strong>s Outaouais, ils pouvaient emprunter l'une <strong>de</strong>s<br />

trois voies d'accès en amont <strong>de</strong> la ville actuelle <strong>de</strong><br />

Montréal. Ils pouvaient remonter les rapi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Lachine<br />

sur la voie principale <strong>du</strong> Saint-Laurent, éventualité peu<br />

probable selon certains biologistes et qui est au centre<br />

d'une controverse, à savoir si les <strong>saumon</strong>s <strong>du</strong> lac Ontario<br />

étaient <strong>de</strong>s poissons <strong>de</strong> mer; après avoir franchi cet<br />

obstacle, ils pouvaient remonter les rapi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Sainte-<br />

Anne peu agitées; sur l'émissaire ouest <strong>de</strong> la rivière <strong>de</strong>s<br />

Outaouais. <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux autres voies d'accès étaient les<br />

rivières Back et <strong>de</strong>s Milles-îles qui se jettent toutes <strong>de</strong>ux<br />

<strong>dans</strong> le Saint-Laurent en aval <strong>de</strong>s rapi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Lachine.<br />

Ces <strong>de</strong>ux cours d'eau comptaient également <strong>de</strong>s rapi<strong>de</strong>s<br />

susceptibles d'entraver la progression <strong>de</strong>s <strong>saumon</strong>s.<br />

Toutefois, s'ils parvenaient à franchir ces obstacles, les<br />

<strong>saumon</strong>s remontaient le courant pratiquement sans<br />

entrave jusqu'à Ottawa où les chutes <strong>de</strong> la rivière la<br />

Chaudière leur barraient la route. Cependant, une étu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> la rivière <strong>de</strong>s Outaouais et <strong>de</strong> ses tributaires en aval<br />

<strong>de</strong> la capitale révèle que l'environnement aquatique en<br />

général est peu propice à la repro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> en<br />

ce qui a trait en particulier à la qualité <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> Irai<br />

et à l'absence <strong>de</strong> zone d'élevage adéquate. Sur ces<br />

basses-terres sablonneuses et plates, les cours d'eau<br />

sont assez tranquilles et donc dépourvus d'attrait pour<br />

les poissons.'" Il semble donc peut probable que la<br />

rivière <strong>de</strong>s Outaouais ait connu <strong>de</strong>s remontées spectaculaires<br />

<strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s.<br />

Jusqu'à la fondation <strong>de</strong> Montréal en 1642, les<br />

terres sauvages <strong>du</strong> centre <strong>du</strong> Canada <strong>de</strong>meurent peu<br />

connues; <strong>de</strong>s missionnaires, <strong>de</strong>s coureurs <strong>de</strong>s bois et <strong>de</strong>s<br />

aventuriers pénètrent peu à peu <strong>dans</strong> ce territoire à partir<br />

<strong>du</strong> milieu <strong>du</strong> siècle et vers 1760, la France déploie <strong>de</strong>s<br />

efforts pour prendre possession <strong>de</strong>s terres adjacentes<br />

aux Grands lacs. Cette année-là, un voyageur <strong>dans</strong> la<br />

région <strong>de</strong> la rivière Humber prétend avoir observé <strong>de</strong>s

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