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Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

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ses champs; <strong>de</strong>s baleines, <strong>de</strong>s phoques et <strong>de</strong>s morues<br />

<strong>dans</strong> son havre superbe; <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s oeufs, <strong>du</strong><br />

<strong>du</strong>vet d'ei<strong>de</strong>r et <strong>du</strong> bois <strong>dans</strong> ses forêts; et « à proximité<br />

<strong>de</strong> la maison. . . une petite rivière (Brador) où abon<strong>de</strong>nt<br />

le <strong>saumon</strong> et la truite ». 32 Que souhaiter <strong>de</strong> plus?<br />

Cette région a été exploitée par <strong>de</strong>s navires français<br />

<strong>de</strong> passage avant 1700, mais une expansion rapi<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s pêcheries sé<strong>de</strong>ntaires se pro<strong>du</strong>it après la réussite <strong>de</strong><br />

Courtemanche. Ainsi, <strong>de</strong>s droits seigneuriaux <strong>de</strong> pêche<br />

sont accordés sur la rivière Etamamu (1733), la rivière<br />

<strong>du</strong> Petit Mécatina (1740), la rivière <strong>du</strong> Gros Mécatina<br />

(1749) et les rivières St-Paul, St-Augustin et Forteau<br />

vers 1750. <strong>Le</strong> littoral au nord-est <strong>du</strong> détroit <strong>de</strong> Belle-Isle<br />

constitue à cette époque une sorte <strong>de</strong> no-man's-land<br />

séparant les Français et les Anglais, néanmoins <strong>de</strong>s<br />

droits <strong>de</strong> pêche sont concédés aux Français sur les cours<br />

d'eau <strong>de</strong> la baie <strong>de</strong>s Châteaux (1736) et les rivières<br />

Alexis et St-<strong>Le</strong>wis (1743); en 1743, les Français sont<br />

même parvenus <strong>dans</strong> le <strong>Nord</strong> jusqu'à l'inlet Hamilton<br />

pour trouver <strong>du</strong> <strong>saumon</strong>.' Quoique le traité d'Utrecht<br />

ait donné à la France <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> pêche côtière sur le<br />

littoral occi<strong>de</strong>ntal et septentrional <strong>de</strong> Terre-Neuve, la<br />

pêche <strong>dans</strong> le Golfe reste toutefois centrée sur les rives<br />

<strong>du</strong> Labrador et <strong>de</strong> Mingan.<br />

Confiance absolue <strong>dans</strong> la morue<br />

<strong>Le</strong> traité d'Utrecht inaugure une nouvelle ère d'expansion<br />

et d'exploitation <strong>de</strong> la pêche <strong>de</strong> Terre-Neuve<br />

par les Britanniques. La France renonce à toutes revendications<br />

territoriales sur la colonie, abandonne sa<br />

principale base <strong>de</strong> pêche à Placentia et transfère ses<br />

entreprises <strong>de</strong> pêche sé<strong>de</strong>ntaire à l'île Royale. Elle<br />

abandonne également ses droits <strong>de</strong> pêche sur le littoral<br />

méridional <strong>de</strong> Terre-Neuve à partir <strong>du</strong> cap Ray jusqu'au<br />

cap Ste-Marie. Toutefois, le traité concè<strong>de</strong> à la France<br />

le droit <strong>de</strong> pêcher sur le littoral occi<strong>de</strong>ntal et septentrional,<br />

à partir <strong>du</strong> détroit <strong>de</strong> Belle Isle, et d'y ériger les<br />

installations nécessaires à la poursuite <strong>de</strong> cette activité.<br />

À l'époque <strong>du</strong> traité, les Anglais concentrent leurs<br />

efforts autour <strong>de</strong> Saint-Jean avec environ quarante à<br />

cinquante autres emplacements sur le pourtour <strong>de</strong> la<br />

presqu'île d'Avalon occupés en saison.' La pêche<br />

porte en majeure partie sur la morue, et les lois et<br />

règlements établis <strong>de</strong> temps à autre par le gouvernement<br />

britannique découragent toutes les autres entreprises et<br />

favorisent plutôt le monopole <strong>de</strong> la pêche commerciale<br />

pratiqué par les marchands <strong>de</strong>s comtés <strong>de</strong> l'Ouest <strong>de</strong><br />

l'Angleterre. Ainsi, il existe <strong>de</strong>s règlements interdisant<br />

aux pêcheurs britanniques <strong>de</strong> rester <strong>dans</strong> la colonie une<br />

fois terminée la saison <strong>de</strong> la pêche <strong>de</strong> peur qu'ils ne<br />

soient plus disponibles apr la suite pour s'occuper <strong>de</strong>s<br />

intérêts <strong>de</strong>s marchands <strong>de</strong> morue et <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong><br />

commerce anglais, ou parce qu'ils risquent <strong>de</strong> leur faire<br />

concurrence en travaillant pour leur propre compte. Un<br />

autre règlement <strong>de</strong> longue date défend l'occupation per-<br />

manente <strong>de</strong> toute portion <strong>de</strong> l'île <strong>dans</strong> un rayon <strong>de</strong> six<br />

milles <strong>de</strong> la côte; cette ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> six milles représente le<br />

territoire mis <strong>de</strong> côté par les capitaines <strong>de</strong> pêche, qui<br />

utilisent les grèves pour y faire sécher le poisson et la<br />

forêt pour construire les chaffauds.<br />

La colonisation n'est pas proscrite mais elle se<br />

trouve sérieusement entravée par cette politique. Néanmoins,<br />

<strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> gens restent à Terre-Neuve et<br />

certains d'entre eux s'abonnent à d'autres entreprises<br />

comme la pêche au <strong>saumon</strong>, la chasse au phoque et le<br />

commerce <strong>de</strong>s fourrures en dépit <strong>de</strong>s critiques et <strong>de</strong><br />

l'opposition manifestée par les milieux intéressés <strong>du</strong><br />

sud-ouest <strong>de</strong> l'Angleterre. Des colonies surgissent également<br />

<strong>dans</strong> les baies éloignées, principalement au nord<br />

<strong>de</strong> la presqu'île d'Avalon. Dans ces nouvelles régions,<br />

les colons et « sé<strong>de</strong>ntaires » non seulement emploient le<br />

bois qu'ils trouvent <strong>dans</strong> la zone réservée <strong>de</strong> six milles<br />

mais brûlent également pour se chauffer l'hiver les<br />

claies en bois <strong>de</strong>s pêcheurs <strong>de</strong> morue « étrangers » inutilisées<br />

en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la saison."<br />

Sous l'impulsion <strong>de</strong> cette expansion progressive<br />

vers le <strong>Nord</strong>, le relâchement <strong>de</strong> l'ancienne politique<br />

gouvernementale <strong>de</strong>vient inévitable. Cette nouvelle attitu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> tolérance ainsi que la nouvelle génération <strong>de</strong><br />

colons sont bien illustrées par la carrière <strong>de</strong> George<br />

Skeffington, qui semble être le premier particulier <strong>de</strong><br />

Terre-Neuve à entreprendre la pêche au <strong>saumon</strong> comme<br />

activité principale. Etabli comme commerçant à Bonavista<br />

vers 1700, il reçoit, semble-t-il, un appui financier<br />

<strong>de</strong> la part d'un commerçant <strong>de</strong> Saint-Jean, nommé<br />

James Campbell, pour entreprendre vers 1705 l'exploitation<br />

<strong>de</strong> la pêche au nord <strong>du</strong> poste qu'il occupe."<br />

En dépit <strong>de</strong>s difficultés innombrables qu'il a avec les<br />

Indiens, il n'en continue pas moins d'étendre son entreprise<br />

vers le <strong>Nord</strong>, en prenant bien soin <strong>de</strong> ne surexploiter<br />

aucun cours d'eau. En 1718, avec William<br />

Keen, un autre marchand <strong>de</strong> Saint-Jean, il fon<strong>de</strong> une<br />

entreprise <strong>de</strong> pêche et, en 1720, il dépose une requête<br />

auprès <strong>du</strong> gouvernement pour obtenir le droit <strong>de</strong> pêcher<br />

le <strong>saumon</strong> entre le cap Bonavista et le cap Saint-Jean<br />

pendant une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 21 ans. En 1723, il reçoit la<br />

concession <strong>de</strong> Freshwater Bay, Ragged Harbour, Gan<strong>de</strong>r<br />

Bay et Dog Creek.' Pendant une année, d'après les<br />

rapports, Skeffington emploie 30 hommes pour la<br />

pêche et capture 530 tierces <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> d'une valeur <strong>de</strong><br />

30 shillings le tierce. Il quitte et capture 530 tierces <strong>de</strong><br />

<strong>saumon</strong> d'un valeur <strong>de</strong> 30 shillings le tierce. Il quitte les<br />

affaires en 1729."<br />

<strong>Le</strong> titre <strong>de</strong> propriétaire accordé à Skeffington pour<br />

la pêche au <strong>saumon</strong> est l'une <strong>de</strong>s premières dérogations<br />

importantes à la politique gouvernementale concernant<br />

la pêche à Terre-Neuve — sans doute parce que la<br />

région pour laquelle il reçoit un droit <strong>de</strong> pêche exclusive<br />

n'est pas considérée comme une zone <strong>de</strong> pêche à la<br />

morue; l'autorisation accordée ne stipule pas moins<br />

qu'il n'a pas le droit <strong>de</strong> franchir la limite réglementaire<br />

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