27.06.2013 Views

Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

méditerranéens." On admet généralement que les Romains<br />

ont, <strong>dans</strong> une large mesure, recours à la pisciculture<br />

pour reconstituer les stocks <strong>de</strong>s cours d'eau, <strong>de</strong>s<br />

lacs et <strong>de</strong>s ruisseaux <strong>dans</strong> l'intérêt <strong>du</strong> public, quoique<br />

certains auteurs mo<strong>de</strong>rnes mettent en doute ce fait."<br />

<strong>Le</strong>s Romains croient peut-être pouvoir accor<strong>de</strong>r la<br />

même importance à la pisciculture qu'à l'agriculture, et<br />

se livrent, semble-t-il, à <strong>de</strong>s expériences <strong>de</strong> sélection et<br />

d'élevage pour en faire la preuve. Voici un extrait d'un<br />

traité qui porte sur ce sujet : « <strong>Le</strong>s premiers Romains<br />

connaissent à fond la pisciculture et en font un usage<br />

considérable; ils ne se contentent pas simplement <strong>de</strong><br />

mener <strong>de</strong>s essais d'élevage, mais tentent <strong>de</strong> donner <strong>de</strong><br />

nouvelles saveurs à la chair <strong>de</strong> poisson et s'appliquent<br />

particulièrement à enghraisser les poissons au maximum<br />

À toutes fins pratiques, l'élevage <strong>du</strong> poisson,<br />

qui est alors répan<strong>du</strong> en Europe, perd <strong>de</strong> sa popularité<br />

avec la chute <strong>de</strong> l'empire romain. La pisciculture ne<br />

reparaît qu'au XVIII' siècle, sauf en Chine et peut-être<br />

<strong>dans</strong> quelques enclaves d'Europe où <strong>de</strong>s moines, <strong>de</strong>s<br />

érudits et quelques scientifiques continuent à élever le<br />

poisson et à stocker les aquariums et les étangs réservés<br />

par les rois et les évêques pour leur propre usage et<br />

Au milieu <strong>de</strong>s années 1730, un naturaliste allemand<br />

<strong>du</strong> nom <strong>de</strong> Jacobi s'intéresse à l'insémination<br />

artificielle <strong>du</strong> poisson. En tant qu'ar<strong>de</strong>nt observateur <strong>de</strong><br />

la nature, il surveille attentivement la fraie <strong>du</strong> <strong>saumon</strong><br />

<strong>dans</strong> un cours d'eau situé près <strong>de</strong> chez lui. Il constate<br />

que la fécondation est un processus tout à fait externe et<br />

déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> recueillir les oeufs et le sperme séparément et<br />

<strong>de</strong> les combiner en laboratoire <strong>dans</strong> l'espoir <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ire<br />

<strong>de</strong>s embryons vivants. Il est intéressant <strong>de</strong> noter que les<br />

techniques <strong>de</strong> base employées actuellement en pisciculture<br />

sont découvertes par Jacobi au cours <strong>de</strong> ses<br />

étu<strong>de</strong>s sur le <strong>saumon</strong>. Pendant plus <strong>de</strong> 30 ans, il poursuit<br />

ses essais <strong>dans</strong> le domaine <strong>de</strong> la pisciculture et<br />

publie finalement les résultats <strong>de</strong> ses recherches en<br />

1763. Ses initiatives sont accueillies avec enthousiasme<br />

par les scientifiques <strong>de</strong> l'époque et, en guise <strong>de</strong> reconnaissance,<br />

le gouvernement lui octroie une pension.<br />

Cependant, ses réalisations sont considérées comme<br />

<strong>de</strong>s découvertes purement théoriques et, en conséquence,<br />

on accor<strong>de</strong> peu d'attention aux applications<br />

partiques <strong>de</strong> ses recherches — notamment la possibilité<br />

qu'offre la pisciculture d'étendre les pêcheries <strong>de</strong> son<br />

pays et d'en assurer une gestion adéquate.'<br />

En général, les contraintes politiques, les guerres,<br />

l'apathie <strong>du</strong> peuple et les différences <strong>de</strong> langues empêchent<br />

ou pour le moins restreignent la diffusion <strong>de</strong>s<br />

connaissances scientifiques en Europe. Ce n'est qu'au<br />

cours <strong>de</strong>s années 1840 que l'on témoigne <strong>de</strong> nouveau <strong>de</strong><br />

l'intérêt à l'égard <strong>de</strong> la pisciculture; précisons qu'à ce<br />

moment, ce regain d'intérêt est provoqué par le fait que,<br />

<strong>de</strong> façon générale, les populations <strong>de</strong> nombreux stocks<br />

naturels <strong>de</strong> poissons européens sont à la baisse.<br />

6<br />

C'est en Écosse que l'intérêt renaît d'abord. Durant<br />

les années 1830, John . Shaw, Andrew Young et un<br />

nommé Knox étudient <strong>l'histoire</strong> naturelle et le développement<br />

<strong>du</strong> <strong>saumon</strong>; dès 1840, Shaw pro<strong>du</strong>it <strong>de</strong>s<br />

spéciments en fécondant les ovaires <strong>de</strong>s femelles par<br />

voie d'insémination artificielle, observe les différents<br />

sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> leur évolution et détermine que les tacons et<br />

les smolts constituent les <strong>de</strong>ux premières étapes <strong>de</strong> la<br />

croissance <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> <strong>de</strong> <strong>l'Atlantique</strong>." En 1841, un<br />

ingénieur civil britannique, Gottlieb Boccius, répète les<br />

étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Shaw sur la truite. Boccius est sans doute<br />

le premier à reconnaître les avantages pratiques et<br />

commerciaux <strong>de</strong> la pisciculture, et encourage divers<br />

groupes <strong>de</strong> personnes à rétablir et à créer <strong>de</strong>s stocks <strong>de</strong><br />

poissons <strong>dans</strong> l'ensemble <strong>du</strong> pays; plus tard, il publie un<br />

livre qui sensibilise les Britanniques aux avantages <strong>de</strong><br />

cette nouvelle technolgie.'<br />

À cette date, la pisciculture se développe aussi sur<br />

le continent européen. Quelques scientifiques allemands<br />

s'intéressent <strong>de</strong> nouveau aux travaux <strong>de</strong> Jacobi,<br />

et Louis Agassiz étudie la repro<strong>du</strong>ction d'espèces proches<br />

<strong>du</strong> <strong>saumon</strong> <strong>dans</strong> les lacs <strong>de</strong> la Suisse." <strong>Le</strong>s progrès<br />

les plus notables, toutefois, sont réalisés en France où,<br />

en 1852, un établissement <strong>de</strong> pisciculture est créé par<br />

l'État sur le Rhin, à Humaingue, près <strong>de</strong> Bâle, grâce<br />

surtout aux initiatives <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux pionniers, Antoine Gehin<br />

et Joseph Rémy, <strong>de</strong>ux pêcheurs commerciaux. Cet établissement<br />

s'étend sur 25 acres et est consacré à la<br />

repro<strong>du</strong>ction artificielle <strong>du</strong> <strong>saumon</strong>, <strong>de</strong> la carpe, <strong>de</strong> la<br />

tanche et <strong>de</strong> plusieurs autres espèces <strong>de</strong> poissons populaires<br />

à l'époque. De nouvelles techniques sont rapi<strong>de</strong>ment<br />

mises au point, les procédés sont améliorés et<br />

<strong>de</strong>s programmes sont amorcés afin <strong>de</strong> rétalbir les populations<br />

<strong>de</strong> poissons <strong>de</strong> divers cours d'eau <strong>dans</strong> tout le<br />

pays, particulièrement <strong>dans</strong> les régions les plus défavorisées.<br />

Grâce aux efforts qu'elle déploie, la France<br />

joue bientôt le rôle <strong>de</strong> chef <strong>de</strong> file parmi les pays où se<br />

pratique la pisciculture, et les connaissances, acquises<br />

en France servent <strong>de</strong> base à l'évolution <strong>de</strong>s techniques<br />

<strong>dans</strong> d'autres régions.'<br />

Deux gentilhommes anglais dynamiques et d'excellente<br />

réputation sont encouragés par les résultats obtenus<br />

par les Français et par Boccius en Gran<strong>de</strong>-<br />

Bretagne et songent à rétablir les populations <strong>de</strong>s <strong>saumon</strong>s<br />

<strong>de</strong>s îles britanniques <strong>de</strong> sorte qu'elles puissent<br />

être exploitées comme auparavant en ayant recours à<br />

<strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> pisciculture et <strong>de</strong> reconstitution <strong>de</strong>s<br />

stocks. Ces MM. Ashworth choisissent un cours d'eau<br />

d'Irlan<strong>de</strong> où le <strong>saumon</strong> a déjà, à une époque, proliféré<br />

pour mener leurs essais. <strong>Le</strong>ur directeur <strong>de</strong>s travaux, M.<br />

Ramsbottom, dérive le cours naturel d'un petit ruisseau<br />

qu'il sélectionne <strong>de</strong> manière à ce qu'il traverse une série<br />

<strong>de</strong> boîtes en bois <strong>de</strong> 6 pieds <strong>de</strong> longueur, qui sont placés<br />

sur le lit <strong>du</strong> cours d'eau et remplies d'une couche <strong>de</strong><br />

gravier. Dans ce canal, il dépose <strong>de</strong>s oeufs <strong>de</strong> <strong>saumon</strong><br />

fécondés qui, au bout d'une pério<strong>de</strong> appropriée, se

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!