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Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

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CAP-BRETON<br />

En 1865, un gar<strong>de</strong> <strong>du</strong> comté d'Inverness rapporte<br />

ce qui suit :<br />

La seule rivière à poissons digne <strong>de</strong> ce nom est la<br />

Margaree où sont capturées <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s quantités <strong>de</strong><br />

gaspareaux, et où le <strong>saumon</strong> et la truite abon<strong>de</strong>nt. . .<br />

quelques <strong>saumon</strong>s et truites sont pêchés à Mabou, mais<br />

le nombre reste limité; environ 20 barils <strong>de</strong> <strong>saumon</strong><br />

sont exportés chaque année.'"<br />

<strong>Le</strong>s chiffres révèlent que la pro<strong>du</strong>ction totale <strong>du</strong> Comté<br />

d'Inverness est <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> 60 000 livres en 1851, et<br />

<strong>de</strong> 46 000 livres en 1861. 1' De plus en plus <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s<br />

sont capturés ailleurs que <strong>dans</strong> les rivières, mais la<br />

Margaree fournit toujours une importante partie <strong>de</strong>s<br />

prises.<br />

La Margaree est sans aucun doute la rivière la plus<br />

connue le long <strong>de</strong> la côte à cette époque; les rapports<br />

indiquent qu'elle était <strong>de</strong>venue un endroit très recherché<br />

par les pêcheurs à la ligne, mais que le branconnage y<br />

sévissait gravement.'" Sa renommée comme rivière à<br />

<strong>saumon</strong> n'est surpassée que par sa réputation pour la<br />

pêche au gaspareau, espèce qui fraye en grand nombre<br />

<strong>dans</strong> le lac Ainslie. <strong>Le</strong>s populations <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> et <strong>de</strong><br />

gaspareau déclinent <strong>dans</strong> les années 1850, principalement<br />

à cause <strong>de</strong> l'utilisation incontrôlée <strong>de</strong> barrières à<br />

poissons; lorsque Perley visite la rivière en 1860, il<br />

parle <strong>de</strong> ces barrières :<br />

Généralement, ces pièges à poissons semblent occuper,<br />

lorsque l'eau est haute, la moitié <strong>de</strong> la largeur <strong>de</strong> la<br />

rivière, mais à basses eaux, elles émergent sur toute la<br />

largeur <strong>du</strong> lit, nous obligeant à en couper <strong>de</strong>s sections<br />

pour pouvoir passer avec les canots. <strong>Le</strong> nombre <strong>de</strong> ces<br />

pièges est si grand que je ne peux m'empêcher <strong>de</strong><br />

penser qu'il s'agit là d'une pêche maladroite et déraissonnable,<br />

et que la rivière est gran<strong>de</strong>ment surexploitée.<br />

Ces barrières sont principalement <strong>de</strong>stinées au gaspareau,<br />

et bien qu'un règlement <strong>de</strong> comté stipule qu'il est<br />

interdit <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong>s pièges <strong>dans</strong> les confluents en<br />

amont, où les poissons repro<strong>du</strong>cteurs risquent d'être<br />

pris pendant leur retour vers la mer, on trouve <strong>de</strong>s<br />

pièges partout, en amont comme en aval.<br />

L'ancienne pêcherie à <strong>saumon</strong>, qui s'est développée<br />

à St. Anns est toujours en activité <strong>dans</strong> les années<br />

1850 et 1860, et ce sont surtout les habitants <strong>de</strong> l'endroit<br />

qui y pratiquent une pêche <strong>de</strong> subsistance. <strong>Le</strong>s<br />

principales rivières à <strong>saumon</strong>s sont la Bad<strong>de</strong>ck et la<br />

Middle, niais le Rév. R.J. Uniacke signale que les<br />

rivières au nord <strong>de</strong> Sidney abon<strong>de</strong>nt également en <strong>saumon</strong>.'"<br />

Dans cette région, il y a déclin comme <strong>dans</strong> le<br />

reste <strong>de</strong> la province; vers la fin <strong>de</strong>s années 1860, un<br />

habitant <strong>de</strong> Bad<strong>de</strong>ck écrit que le <strong>saumon</strong> est en voie<br />

d'extinction <strong>dans</strong> les cours d'eau locaux : « par suite <strong>de</strong><br />

leur capture, principalement à la pointe et au filet, lorsqu'ils<br />

remontent les rivières pour frayer ». 1"<br />

<strong>Le</strong>s principaux cours d'eau pour la pêche au <strong>saumon</strong><br />

<strong>dans</strong> le comté <strong>du</strong> Cap-Breton sont la rivière Mira<br />

avec ses <strong>de</strong>ux principaux affluents, les rivières Salmon<br />

et Gaspereau. Comme <strong>dans</strong> le comté <strong>de</strong> Victoria, le<br />

<strong>saumon</strong> constitue seulement une pêche <strong>de</strong> subsistance,<br />

une très faible quantité étant exportée. <strong>Le</strong> bassin <strong>de</strong> la<br />

Mira connaît une gran<strong>de</strong> activité pendant la remontée<br />

<strong>du</strong> <strong>saumon</strong>, <strong>de</strong>s claies pour le conditionnement <strong>du</strong> poisson<br />

étant installées sur place. Un rapport <strong>de</strong>s années<br />

1860 pour la région signale que le gaspareau a presque<br />

complètement été exterminé par l'utilisation immodéré<br />

<strong>de</strong>s filets; les montaisons <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s ont gran<strong>de</strong>ment<br />

diminué pour les mêmes raisons.'"<br />

À cette époque, la pêcherie à <strong>saumon</strong> <strong>dans</strong> le<br />

comté <strong>de</strong> Richmond n'est exploitée que par les<br />

habitants <strong>de</strong> l'endroit, mais beaucoup d'entre eux s'y<br />

engagent à fond, particulièrement <strong>dans</strong> les régions <strong>de</strong>s<br />

rivières Grand et Inhabitants."<br />

COMTÉ DE GUYSBOROUGH<br />

En 1845, le comté <strong>de</strong> Guysborough se classe au<br />

premier rang <strong>de</strong>s régions pro<strong>du</strong>ctrices <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> <strong>de</strong> la<br />

Nouvelle-Écosse, et il semble y être resté probablement<br />

bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l'avènement <strong>de</strong> la Confédération. <strong>Le</strong>s<br />

chiffres <strong>de</strong> 1851 et <strong>de</strong> 1861 montrent que cette région<br />

fournit au moins 36 % <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ction annuelle <strong>de</strong><br />

<strong>saumon</strong> <strong>de</strong> la province. 161 Bien que la pêcherie côtière<br />

<strong>de</strong> la baie <strong>de</strong> Chedabouctou contribue largement à la<br />

pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> comté, le joyau <strong>de</strong> la pêche en rivière est<br />

la St. Marys, dont ont écrit :<br />

Il n'existe peut-être <strong>dans</strong> aucune <strong>de</strong>s Basses-Provinces<br />

<strong>de</strong> rivière plus fameuse que celle-ci. Elle est très<br />

gran<strong>de</strong>, et reçoit <strong>de</strong>ux magnifiques affluents, appelés la<br />

East St. Marys et la West St. Marys. <strong>Le</strong> paysage le long<br />

<strong>de</strong> ses rives est d'une gran<strong>de</strong> beauté, et la manière<br />

gracieuse avec laquelle elle on<strong>du</strong>le à travers les champs<br />

agricoles et les prairies naturelles la rend bien digne <strong>de</strong><br />

son nom « la belle St. Malys ». 162<br />

«La pêcherie <strong>de</strong> la St. Marys est alors insurpassable<br />

»; mais, déjà à cette époque, on commence à<br />

se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r pendant combien <strong>de</strong> temps elle pourra<br />

maintenir son rythme <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction. L'in<strong>du</strong>strie <strong>du</strong> bois<br />

est en train <strong>de</strong> dépasser rapi<strong>de</strong>ment le secteur <strong>de</strong> la<br />

pêche, comme principale activité <strong>du</strong> comté; le flottage<br />

<strong>du</strong> bois et la construction <strong>de</strong> barrages <strong>de</strong> moulins commencent<br />

à menacer la remontée <strong>du</strong> <strong>saumon</strong>, et <strong>de</strong>s secteurs<br />

<strong>du</strong> bassin jusque là épargnés, sont maintenant<br />

envahis par les bûcherons. Bientôt on raconte que : « les<br />

bûcherons rivalisent d'habileté avec les Indiens lors <strong>de</strong><br />

leurs expéditions nocturnes <strong>de</strong> pêche à la pointe ».' 63<br />

Vers 1867, on dit que la pêcherie <strong>de</strong> la St. Marys<br />

est en train <strong>de</strong> rendre son « <strong>de</strong>rnier soupir » à cause <strong>de</strong><br />

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