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Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

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statistiques existantes révèlent également qu'un fort<br />

pourcentage <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong> Québec sont <strong>de</strong>stinées<br />

aux îles britanniques, les États-Unis et les autres<br />

colonies britanniques d'Amérique en recevant <strong>de</strong>s<br />

quantités moindres.'<br />

Haut-Canada<br />

Vers 1815, le <strong>saumon</strong> est toujours l'une <strong>de</strong>s espèces<br />

attrapées <strong>dans</strong> la plupart <strong>de</strong>s 40 rivières et cours<br />

d'eau d'origine <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> <strong>de</strong> <strong>l'Atlantique</strong> qui se jettent<br />

<strong>dans</strong> la lac Ontario." Malgré le massacre systématique<br />

<strong>de</strong> cette espèce qui débute pendant les années 1790, les<br />

remontes ne semblent tout d'abord pas diminuer rapi<strong>de</strong>ment<br />

et il est facile <strong>de</strong> se procurer un baril <strong>de</strong> 200<br />

livres pour un prix raisonnable <strong>de</strong> 30 à 35 shillings."<br />

John McCuaig, qui <strong>de</strong>viendra par la suite surintendant<br />

<strong>de</strong>s pêches pour le Haut-Canada, dit <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> :<br />

«De 1812 à 1815, je les (<strong>saumon</strong>s) ai vu pulluler à un<br />

point tel <strong>dans</strong> les rivières, que l'on pouvait les attraper<br />

avec une pelle ou même à mains nues »."<br />

La présence <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> est un facteur économique<br />

important au sein <strong>de</strong> la colonie : l'emplacement <strong>de</strong>s<br />

propriétés et même <strong>de</strong>s villes est souvent choisi en<br />

fonction <strong>de</strong> leur proximité à <strong>de</strong>s régions pro<strong>du</strong>ctives en<br />

<strong>saumon</strong>. L'attitu<strong>de</strong> insouciante et cavalière à l'égard<br />

<strong>de</strong>s pêches et le peu <strong>de</strong> respect <strong>de</strong>s lois pertinentes<br />

poussent le pouvoir législatif à restructurer la réglementation<br />

existante et à abroger en 1821 les anciennes<br />

lois en faveur d'une législation plus stricte sur<br />

les pêches. La nouvelle loi interdit formellement la<br />

pêche au flambeau à moins <strong>de</strong> 100 verges <strong>de</strong> tout barrage;<br />

il est évi<strong>de</strong>mment déjà arrivé que <strong>de</strong>s personnes<br />

qui pêchent la nuit prés <strong>de</strong> ces barrages — un acte<br />

illégal en soi — mettent acci<strong>de</strong>ntellement le feu à plusieurs<br />

scieries. D'autres dispositions <strong>de</strong> cette loi rétablissent<br />

la Loi <strong>de</strong> 1810, interdisent la pêche à l'embouchure<br />

<strong>de</strong>s rivières et limitent l'utilisation <strong>de</strong> filets et<br />

<strong>de</strong> barrières à poissons <strong>dans</strong> les districts <strong>de</strong> Home, Gore<br />

et Newcastle.'<br />

Cette loi ne vise pas les Indiens qui peuvent toujours<br />

pêcher quand, là où et comme cela leur plait, sauf<br />

au flambeau près <strong>de</strong>s barrages. La liberté accordée à la<br />

population autochtone cause toutefois bientôt certains<br />

problèmes; les Blancs, à qui on impose <strong>de</strong>s restrictions<br />

quant à la saison, la région et la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> pêche,<br />

encouragent les autochtones à attraper <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> et les<br />

paient même pour ce faire. Un amen<strong>de</strong>ment apporté à<br />

la loi en 1883 proscrit toutefois cette sollicitation.<br />

D'autres amen<strong>de</strong>ments adoptés en 1823 interdisent formellement<br />

l'utilisation <strong>de</strong> filets et <strong>de</strong> barrières à poissons<br />

<strong>dans</strong> la rivière Trent et établissent une nouvelle<br />

saison <strong>de</strong> pêche pour la province allant <strong>du</strong> 1" janvier au<br />

30 novembre. Cette <strong>de</strong>rnière modification n'est certainement<br />

pas une mesure <strong>de</strong> conservation car elle prolonge<br />

l'ancienne saison <strong>de</strong> 15 jours. 9 ' De toute façon,<br />

118<br />

tout indique que les lois sur les pêches continuent d'être<br />

ignorées, car la nature énergique <strong>de</strong>s pionniers <strong>de</strong> cette<br />

société bourgeonnante engendre chez eux l'esprit<br />

d'indépendance et un mépris à peine voilé <strong>de</strong> la loi et <strong>du</strong><br />

législateur.<br />

C'est en 1822 qu'est connue la limite la plus occi<strong>de</strong>ntale<br />

<strong>de</strong> l'aire <strong>de</strong> répartition <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> <strong>de</strong> <strong>l'Atlantique</strong><br />

en Ontario car les colons qui ont atteint les lacs<br />

Érié, Huron et Supérieur n'en trouvent pas. De temps<br />

en temps, un rapport mentionne l'existence <strong>de</strong> cette<br />

espèce à l'ouest <strong>du</strong> lac Ontario, mais, Robert Gourlay<br />

n'est pas d'accord, soulignant que « le lac Supérieur est<br />

fréquenté par trois types <strong>de</strong> truites. Elles se retrouvent<br />

également <strong>dans</strong> le lac Ontario. Elles ne sont toutefois<br />

que <strong>de</strong>s variétés d'une même espèce. Deux d'entre elles<br />

sont habituellement appelées <strong>saumon</strong>s. .. ». 92 Un peu<br />

plus tard, en 1824, Edward Talbot affirme :<br />

<strong>Le</strong>s pêcheurs attrapent un grand nombre <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s<br />

aussi loin qu'aux chutes Niagara mais les lacs ou rivières<br />

situés en amont ne sont fréquentés ni par le<br />

<strong>saumon</strong> ni par l'anguille. Comme le lac Ontario est<br />

éloigné <strong>de</strong> la mer, le <strong>saumon</strong> y est d'une qualité<br />

inférieure. 93<br />

Deux éléments <strong>de</strong> cette déclaration nous amènent<br />

à nous poser certaines questions au sujet <strong>de</strong>s caractéristiques<br />

<strong>du</strong> <strong>saumon</strong> <strong>du</strong> lac Ontario. Il semble tout<br />

d'abord que la présence <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> <strong>dans</strong> la rivière<br />

Niagara soit discutable, puisqu'elle ne possè<strong>de</strong> aucune<br />

frayère — à moins que les poissons ne viennent que s'y<br />

promener pour s'alimenter, retournant <strong>dans</strong> le lac ou<br />

quelqu'autre tributaire à la fraie. L'autre élément est<br />

l'attribution <strong>de</strong> l'épithète « inférieur » au <strong>saumon</strong>, qualité<br />

dont il est affublé plusieurs fois <strong>dans</strong> la documentation<br />

<strong>de</strong> cette époque. Talbot continue en soulignant<br />

que la chair <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> <strong>de</strong> lac semble être un peu plus<br />

molle, un peu moins rosée que celle <strong>du</strong> poisson <strong>du</strong><br />

Bas-St-Laurent." John MacTaggart rapporte également<br />

que « ces poissons [<strong>de</strong> lac] ont un poids variant.<strong>de</strong> 20 à<br />

60 livres, sont bons à manger, quoigue n'ayant pas une<br />

saveur aussi fine que ceux qui vivent en eau plus<br />

salée ».' Même si ces observations ne sont pas concluantes,<br />

elles portent à croire que le <strong>saumon</strong> <strong>du</strong> Haut-<br />

Canada est landlocké, théorie qui fait toujours l'objet <strong>de</strong><br />

débat. D'autres personnes ne font toutefois pas la différence<br />

entre le <strong>saumon</strong> <strong>du</strong> lac Ontario et celui attrapé<br />

en eau salée et comme l'écrit un habitant en 1832 « J'ai<br />

attrapé <strong>dans</strong> la rivière Credit, au printemps, à moins <strong>de</strong><br />

20 verges <strong>de</strong> ma porte d'entrée, un poisson [<strong>saumon</strong>]<br />

aussi beau que ceux que j'ai vus en Irlan<strong>de</strong>, aussi ferme<br />

et charnu que s'il se trouvait à 10 milles <strong>de</strong> la mer plutôt<br />

qu'à 500 ». 96<br />

Que le <strong>saumon</strong> <strong>du</strong> lac Ontario soit ou non <strong>de</strong> qualité<br />

inférieure, il est néanmoins une espèce <strong>de</strong> poisson<br />

comestible souhaitable et sa capture — motivée essentiellement<br />

par <strong>de</strong>s raisons économiques plutôt que ré-

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