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Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

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<strong>de</strong> la rivière Saranac, un cours d'eau qui accueillait<br />

autrefois <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> sur une distance d'environ 20<br />

milles. <strong>Le</strong> poisson avait l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> pénétrer <strong>dans</strong> la<br />

rivière en juin et en juillet, mais principalement en août<br />

et septembre et était massacré impitoyablement lorsqu'il<br />

se rassemblait au bas <strong>du</strong> barrage. Plusieurs rési<strong>de</strong>nts<br />

<strong>de</strong> la région poursuivent alors les propriétaires <strong>de</strong><br />

la scierie en justice pour tenter d'obtenir un passage<br />

pour le <strong>saumon</strong>, mais peine per<strong>du</strong>e; les propriétaires<br />

gagnent leurs procès en soutenant que le <strong>saumon</strong> n'est<br />

pas anadrome mais indigène au lac, n'ayant pas nécessairement<br />

besoin <strong>de</strong> remonter la rivière pour se repro<strong>du</strong>ire.'"<br />

Même si les stocks diminuent rapi<strong>de</strong>ment <strong>dans</strong> ces<br />

rivières, <strong>de</strong>s prises y sont faites occasionnellement,<br />

principalement <strong>dans</strong> le lac; on rapporte qu'avec un seul<br />

coup <strong>de</strong> seine à Port Kendall il est possible d'attraper<br />

150 livres <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> même en 1823. À mesure que<br />

l'espèce se raréfie, certains soutiennent que les bateaux<br />

à vapeur en sont la cause, les perturbations continuelles<br />

qu'ils provoquent <strong>dans</strong> le lac ayant fait disparaître le<br />

poisson. Même si cette théorie semble invraisemblable,<br />

une coïnci<strong>de</strong>nce remarquable se pro<strong>du</strong>it en 1838 : cette<br />

année-là, le seul vapeur <strong>de</strong> la rivière Richelieu, un <strong>de</strong>s<br />

affluents <strong>du</strong> lac, brûle et le <strong>saumon</strong> réapparaît <strong>dans</strong> la<br />

rivière Au Sable pour la première fois <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années.<br />

<strong>Le</strong> harpon et le filet n'y sont toutefois pas interdits<br />

et sont sans doute les raisons <strong>de</strong> la disparition <strong>du</strong> <strong>saumon</strong><br />

<strong>du</strong> lac Champlain dès 1845."'<br />

Terre-Neuve et Labrador<br />

La prospérité <strong>de</strong>s pêches <strong>de</strong> Terre-Neuve et <strong>du</strong><br />

Labrador <strong>de</strong> 1800 à 1814 atteint un sommet pendant la<br />

guerre <strong>de</strong> 1812. Très peu d'Américains se risquent à<br />

pêcher <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s eaux ennemies et puisque les Britanniques<br />

sont également en guerre avec l'Europe, les colonies<br />

d'Amérique <strong>du</strong> <strong>Nord</strong> sont la seule source<br />

étrangère où les Anglais <strong>de</strong> la même patrie peuvent<br />

s'approvisionner en poisson. Après la guerre, la<br />

Gran<strong>de</strong>-Bretagne peut à nouveau acheter <strong>du</strong> poisson <strong>de</strong>s<br />

pays <strong>du</strong> nord <strong>de</strong> l'Europe et les États-Unis recommencent<br />

à pêcher <strong>dans</strong> les eaux côtières <strong>de</strong>s colonies britanniques.<br />

<strong>Le</strong>s prix <strong>du</strong> poisson <strong>de</strong> Terre-Neuve tombent<br />

donc; là où les recettes <strong>de</strong> 1814 montrent une propsérité<br />

<strong>de</strong>s pêches inégalée, celles <strong>de</strong> 1815 révèlent une grave<br />

dépression. À cela s'ajoute l'un <strong>de</strong>s hivers les plus<br />

rigoureux jamais vus <strong>dans</strong> l'île, menaçant <strong>de</strong> la famine<br />

une bonne partie <strong>de</strong> la population. De plus, la famine et<br />

l'anarchie règnent à St-Jean après le grand incendie <strong>de</strong><br />

l'hiver <strong>de</strong> 1816 et l'hiver <strong>de</strong> 1817-1818 est souvent<br />

appelé « l'hiver <strong>de</strong>s voyous ». L'île prend presque quatre<br />

ans à se remettre <strong>de</strong> ces crises et les pêches encore<br />

plus longtemps."'<br />

<strong>Le</strong>s entreprises <strong>de</strong> pêche au <strong>saumon</strong> <strong>de</strong> la côte est,<br />

<strong>du</strong> cap John à Bonavista, continuent <strong>de</strong> persévérer <strong>du</strong>-<br />

120<br />

rant ces années <strong>de</strong> dépression. John Peyton pêche toujours<br />

<strong>dans</strong> la rivière <strong>de</strong>s Exploits et rencontre <strong>de</strong>s problèmes<br />

d'un autre ordre; il continue d'être harcelé par la<br />

tribu <strong>de</strong> moins en moins nombreuse <strong>de</strong>s Bcothucks qui<br />

ne sont pas confinés à la région <strong>du</strong> lac Red Indian. En<br />

juin 1814, il envoie Matthew Huster et John Morris<br />

tendre <strong>de</strong>ux nouveaux filets à <strong>saumon</strong> <strong>de</strong> 60 brasses qui<br />

sont par la suite volés par les Indiens. En 1818, les<br />

Indiens lui volent son bateau et toute sa cargaison <strong>de</strong><br />

<strong>saumon</strong> <strong>de</strong>stinée à St-Jean et Peyton déci<strong>de</strong> alors que le<br />

temps <strong>de</strong>s représailles est venu. Rassemblant un groupe<br />

<strong>de</strong> pêcheurs au <strong>saumon</strong> et <strong>de</strong> coureurs <strong>de</strong>s bois <strong>de</strong> la<br />

localité, il se rend au lac Red Indian où il tue l'un <strong>de</strong>s<br />

autochtones, fait fuir la tribu et repousse ce qui en reste<br />

plus loin à l'intérieur <strong>de</strong>s terres et réussit à ramener une<br />

prisonnière qui sera très remarquée à St-Jean; bon nombre<br />

<strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> cette ville n'on jamais vu une<br />

Beothuck auparavant <strong>de</strong>t Demas<strong>du</strong>wit (Mary March)<br />

est l'une <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières <strong>de</strong> sa race à avoir été vue à<br />

Terre-Neuve. L'évêque Charles Inglis rapporte que<br />

Peyton possè<strong>de</strong> 12 postes <strong>de</strong> pêche le long d'un tronçon<br />

<strong>de</strong> 30 milles <strong>de</strong> la rivière <strong>de</strong>s Exploits en 1827.' 12<br />

William Epps Cormack, un natif <strong>de</strong> l'île, renommé<br />

comme naturaliste et expert <strong>dans</strong> plusieurs facettes <strong>de</strong> la<br />

vie à Terre-Neuve nous éclaire sur plusieurs aspects<br />

importants <strong>de</strong> la pêche au <strong>saumon</strong> terre-neuvienne au<br />

début <strong>de</strong>s année 1820. En 1822, Cormack est le premier<br />

Blanc à traverser l'intérieur <strong>de</strong> Terre-Neuve <strong>de</strong> Bonavista<br />

à la baie St-Georges. Bien qu'il mentionne avoir<br />

capturé <strong>du</strong> fretin <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> <strong>dans</strong> l'un <strong>de</strong>s affluents <strong>du</strong><br />

cours supérieur <strong>de</strong> la rivière Gan<strong>de</strong>r, ses observations<br />

les plus importantes portent sur la pêche <strong>de</strong> la côte<br />

ouest.<br />

À son arrivée à la baie St-Georges, il évalue la<br />

population à environ 100 habitants, tous natifs d'Angleterre<br />

et <strong>de</strong> l'île <strong>de</strong> Jersey :<br />

La pêche au <strong>saumon</strong> et la traite <strong>de</strong>s fourrures sont leurs<br />

principales occupations; ils salent également un peu <strong>de</strong><br />

morue. Ils attrapent trois ou quatre cents barils <strong>de</strong> <strong>saumon</strong><br />

par année, selon le succès <strong>de</strong> leur pêche... Au<br />

sud. .. à Barasway. .. il y a une soixantaine<br />

d'habitants.. . qui capturent <strong>de</strong> 150 à 200 barils <strong>de</strong><br />

<strong>saumon</strong> par année.'"<br />

<strong>Le</strong>s quelque 80 colons <strong>de</strong> « Great and Little Cod Roy »<br />

attrapent également environ 50 barils <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> par<br />

année. Tous les hommes vaillants <strong>de</strong> la baie St-<br />

Georges, à quelques exceptions près, s'adonnent à la<br />

pêche au <strong>saumon</strong> en été; ils sont environ 30 équipes <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux ou trois hommes par barque à pêcher le long <strong>de</strong>s<br />

côtes et à l'embouchure <strong>de</strong>s rivières au moment <strong>de</strong> la<br />

montaison <strong>du</strong> <strong>saumon</strong>.<br />

En poursuivant vers le nord à partir <strong>de</strong> la baie<br />

St-Georges, on peut encore rencontrer quelques familles<br />

anglaises habitant ce qu'on appelle communément la<br />

« French Shore> : six familles sont établies à la baie <strong>de</strong>s

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