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Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

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<strong>du</strong>xnekeag et Eel plus importantes, sur lesquelles il y a<br />

<strong>de</strong>s barrages et <strong>de</strong>s moulins à blé à quelques centaines<br />

<strong>de</strong> verges <strong>de</strong> l'embouchure. La rivière Shogomoc comporte<br />

également un barrage.' 25<br />

Un autre grand affluent à saunions <strong>du</strong> bassin supérieur<br />

<strong>de</strong> la rivière Saint-Jean, la rivière Tobique, est<br />

obstrué <strong>dans</strong> les années 1830 par un barrage à Red<br />

Rapids, à environ 11 milles <strong>de</strong> l'embouchure. Mais,<br />

vers le milieu <strong>de</strong>s années 1840, le barrage est supprimé<br />

et le nombre <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s augmente <strong>de</strong> nouveau. Par la<br />

suite, la rivière <strong>de</strong>meure libre <strong>de</strong> tout obstacle pendant<br />

<strong>de</strong> nombreuses années et, comme le bassin supérieur<br />

n'est pas très fréquenté par les colons, la Tobique retrouve<br />

pratiquement son état naturel jusqu'après la<br />

Confédération, si on excepte la pêche pratiquée par la<br />

ban<strong>de</strong> d'Indiens dont la localité principale se situe à<br />

l'embouchure <strong>de</strong> la rivière. Gesner note que la Tobique<br />

abon<strong>de</strong> en <strong>saumon</strong> pendant le milieu et la fin <strong>de</strong>s années<br />

1840. Il a connu un pêcheur à la pointe, qui, tout seul,<br />

a réussi en 1842 à remplir 12 barils <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> près <strong>de</strong><br />

l'embouchure <strong>de</strong> la rivière.'<br />

En 1866, un homme <strong>du</strong> nom <strong>de</strong> Mackwirth Shore,<br />

tente <strong>de</strong> s'établir le long <strong>du</strong> bassin supérieur <strong>de</strong> la Tobique;<br />

il se rend, en canot, très loin en amont, et constate<br />

que le <strong>saumon</strong> abon<strong>de</strong> <strong>dans</strong> les rapi<strong>de</strong>s; c'est le mois<br />

d'octobre, pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> fraie pour le poisson. Il remarque<br />

également que certains <strong>de</strong>s <strong>saumon</strong>s portent <strong>de</strong>s blessures<br />

<strong>de</strong> dard, preuve que les Indiens poursuivent le<br />

poisson en amont, comme le constatera Venning une<br />

année plus tard. <strong>Le</strong>s efforts <strong>de</strong> shore pour s'établir près<br />

<strong>du</strong> bassin supérieur <strong>de</strong> la Tobique échouent; en effet, à<br />

part le poisson, il ne peut se procurer que très peu <strong>de</strong><br />

vivres. Il réussit à se construire une cabane, mais ses<br />

réserves <strong>de</strong> nourriture s'épuisent rapi<strong>de</strong>ment et, vers la<br />

fin <strong>de</strong> novembre, il « commence à regar<strong>de</strong>r avec appétit<br />

les écureuils ». Lorsqu'il n'a plus <strong>de</strong> tabac, et qu'il est<br />

obligé <strong>de</strong> fumer <strong>de</strong> l'écorce <strong>de</strong> saule, il déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> quitter<br />

la région et <strong>de</strong> retourner à Saint-Jean, ville qui serait<br />

alors, selon lui « célèbre pour la beauté <strong>de</strong> ses<br />

femmes ». Il est loin <strong>de</strong> penser que quelques années plus<br />

tard, le <strong>saumon</strong> <strong>de</strong> la Tobique allait attirer <strong>de</strong> nombreux<br />

pêcheurs sportifs à la mouche loin <strong>de</strong>s plaisirs <strong>de</strong> la<br />

ville.'"<br />

Nouvelle-Écosse<br />

Tout comme le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-<br />

Écosse néglige vers le milieu <strong>de</strong>s années 1840 la gestion<br />

<strong>de</strong> ses pêcheries marines et terrestres. Il existe encore<br />

certains anciens règlements coloniaux, niais ils sont<br />

systématiquement ignorés, et on néglige d'ailleurs <strong>de</strong><br />

les appliquer; il n'y a donc pratiquement aucun contrôle<br />

central sur les pêches. <strong>Le</strong>s Sessions trimestrielles <strong>de</strong>s<br />

divers comtés, dont relèvent les pêcheries locales,<br />

continuent <strong>de</strong> temps en temps à promulguer <strong>de</strong>s règlements;<br />

mais, comme les règlements provinciaux, ces<br />

lois locales sont généralement peu efficaces et ignorées.<br />

Seuls s'intéressent aux pêches, et en ont une connaissance<br />

valable, les habitants <strong>de</strong> Nouvelle-Écosse qui<br />

sont réellement engagés <strong>dans</strong> ce secteur d'activité, et<br />

leurs préoccupations s'accompagnent d'ailleurs souvent<br />

d'un certain esprit <strong>de</strong> clocher. Il n'est pas rare <strong>de</strong> trouver<br />

un <strong>de</strong> ces habitants oeuvrer <strong>dans</strong> une pêcherie donnée,<br />

mais ignorer à peu près tout <strong>de</strong> l'existence <strong>de</strong><br />

ressources semblables <strong>dans</strong> le comté voisin, ou ne s'y<br />

intéressant guère. En fait, les pêcheurs <strong>de</strong> Nouvelle-<br />

Écosse connaissent souvent mieux les pêcheries <strong>du</strong><br />

Labrador que celles <strong>de</strong>s ports voisins, car c'est au<br />

Labrador et <strong>dans</strong> le nord <strong>du</strong> golfe <strong>du</strong> Saint-Laurent que<br />

beaucoup d'entre eux pratiquent la pêche <strong>dans</strong> les<br />

années 1840 et 1850. En 1850, parlant <strong>de</strong> la pêcherie<br />

provinciale, un habitant <strong>de</strong> Halifax écrit :<br />

Je crois que personne <strong>dans</strong> la province ne connaît la<br />

valeur exacte <strong>de</strong> nos pêcheries; et je suis convaincu que<br />

très peu sont conscients <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> portée <strong>de</strong> cette<br />

ressource, si elle était judicieusement et habilement<br />

gérée et réglementée. I28<br />

Si personne <strong>dans</strong> la province n'est en mesure <strong>de</strong><br />

reconnaître les gran<strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong>s pêcheries, c'est<br />

généralement parce qu'on se soucie très peu <strong>de</strong> la façon<br />

dont cette ressource est exploitée, et encore moins <strong>de</strong> la<br />

préservation <strong>de</strong> certaines espèces ou <strong>du</strong> développement<br />

économique pour d'autres. Quant au <strong>saumon</strong>, bien que<br />

sa valeur soit en hausse sur les marchés tant domestiques<br />

qu'étrangers, il semble suivre le même chemin que<br />

d'autres espèces en voie d'extinction, car on le pêche<br />

n'importe comment, n'importe où, en toute saison, et<br />

en n'importe quelle quantité; <strong>de</strong> plus, <strong>de</strong> nombreuses<br />

rivières natales ne lui sont plus accessibles. En 1848,<br />

Sir John Harvey décrit ainsi la situation en Nouvelle-<br />

Écosse :<br />

On trouve <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> <strong>dans</strong> la plupart <strong>de</strong>s rivières, qu'il<br />

remonte pour la fraie. Au début <strong>de</strong> la colonisation, les<br />

pêcheries à <strong>saumon</strong>s <strong>de</strong> cette province étaient très pro<strong>du</strong>ctives,<br />

comme en fait foi la capture <strong>de</strong> 1 000 barils<br />

<strong>de</strong> <strong>saumon</strong> <strong>dans</strong> la rivière Liverpool [Mersey] en une<br />

seule saison... La construction <strong>de</strong> moulins à blé et <strong>de</strong><br />

scieries sur les cours d'eau a, <strong>dans</strong> beaucoup <strong>de</strong> cas,<br />

largement ré<strong>du</strong>it, sinon détruit complètement, ce type<br />

<strong>de</strong> pêcherie. <strong>Le</strong> <strong>saumon</strong> est néanmoins toujours capturé<br />

en gran<strong>de</strong>s quantités sur la côte, pour l'approvisionnement<br />

<strong>du</strong> marché domestique et <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s États-Unis;<br />

un grand nombre <strong>de</strong> rivières attirent encore les pêcheurs<br />

à la ligne, et assurent aux Indiens et aux colons<br />

pauvres, qui capturent le <strong>saumon</strong> à la pointe, une pêche<br />

<strong>de</strong> subsistance. Mais il est difficile <strong>de</strong> protéger les<br />

pêcheries <strong>de</strong>s rivières contre les propriétaires fonciers<br />

établis le long <strong>de</strong>s rives, qui ne se conforment que<br />

rarement aux règlements locaux relatif à la gestion, et<br />

qui contournent facilement les lois. 129<br />

Mais, vers le début <strong>de</strong>s années 1850, on note un<br />

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