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Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

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tions, comme par exemple un temps <strong>de</strong> saumurage<br />

moins long, une concentration saline moins élevée, ou<br />

encore l'addition d'épices.'<br />

b) Fumage. <strong>Le</strong>s qualités gustatives <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> fumé<br />

sont appréciées par les gourmets et les amateurs <strong>de</strong><br />

poisson <strong>de</strong>puis très longtemps, et dès le milieu <strong>de</strong>s<br />

années 1700, le <strong>saumon</strong> fumé apparaît <strong>dans</strong> les rapports<br />

d'importation—exportation <strong>de</strong> <strong>l'Amérique</strong> <strong>du</strong> <strong>Nord</strong>. <strong>Le</strong><br />

commerce <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> fumé n'a jamais égalé en volume<br />

celui <strong>du</strong> poisson salé, mais <strong>dans</strong> certaines régions, il<br />

pouvait représenter jusqu'à un tiers <strong>de</strong>s exportations<br />

totales <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>.' <strong>Le</strong>s exportations <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> fumé<br />

atteignent un pic <strong>dans</strong> les années 1830, puis elles déclinent,<br />

mais <strong>de</strong>meurent un segment important <strong>du</strong> commerce,<br />

particulièrement en Nouvelle-Écosse et au<br />

Nouveau-Brunswick, jusqu'à la Première Guerre mondiale.<br />

Par contre, en Nouvelle-Angleterre, le commerce<br />

<strong>du</strong> <strong>saumon</strong> fumé est déjà négligeable avant 1850. 10<br />

Dans son histoire sur les pêcheries <strong>du</strong> Maine,<br />

Atkin décrit la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> fumage <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> . :<br />

On prépare le <strong>saumon</strong> d'abord en le tranchant, puis en<br />

lui enlevant la gran<strong>de</strong> arête, mais en laissant la tête, et<br />

on le sale pendant <strong>de</strong>ux ou trois jours, selon la taille <strong>du</strong><br />

poisson. Lorsqu'il est assez salé, il est lavé, déployé<br />

grâce à <strong>de</strong> minces croisillons <strong>de</strong> cèdre ou <strong>de</strong> sapin<br />

appliqués <strong>dans</strong> le dos, puis suspen<strong>du</strong> <strong>dans</strong> la partie la<br />

plus élevée d'une petite boucanerie domestique. Après<br />

exposition permanente à la fumée pendant <strong>de</strong>ux ou trois<br />

jours, le fumage est terminé»<br />

<strong>Le</strong>s ateliers <strong>de</strong> fumage commerciaux étaient évi<strong>de</strong>mment<br />

plus grands que les petites boucaneries domestiques;<br />

en Nouvelle-Écosse, la taille moyenne<br />

<strong>de</strong>spremiers était d'environ 30 pieds carrés, avec probablement<br />

un toit d'une hauteur <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 15 pieds.<br />

L'érable à sucre (Acer saccharium) était considéré<br />

comme le meilleur bois pour le fumage, mais le hêtre et<br />

le chêne convenaient également. Parfois, <strong>de</strong>s brindilles<br />

ou <strong>de</strong>s fruits <strong>de</strong> genévrier, d'androdème ou <strong>de</strong> menthe<br />

sauvage étaient ajoutés pour donner plus <strong>de</strong> saveur à la<br />

chair. <strong>Le</strong> poisson était placé très loin <strong>du</strong> feu et <strong>de</strong> la<br />

chaleur, mais les <strong>de</strong>ux ou trois jours mentionnés par<br />

Atkin pour le fumage n'étaient probablement pas suffisants<br />

pour le conditionnement commercial; un fumage<br />

lent à feu léger donnait <strong>de</strong> meilleurs résultats.'<br />

<strong>Le</strong>s dossiers d'inspection <strong>de</strong>s pêcheries montrent<br />

qu'il fallait entre 150 et 175 livres <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> frais,<br />

entier, pour obtenir 100 livres <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>it fumé, selon la<br />

taille et l'état <strong>du</strong> poisson. Dans le fumage, la perte <strong>de</strong><br />

poids optimale était d'environ 10% <strong>du</strong> poisson frais,<br />

vidé. 13<br />

e) Mise en conserves. À la fin <strong>de</strong>s années 1700,<br />

divers organismes gouvernementaux et autres en<br />

Gran<strong>de</strong>-Bretagne et en France promettent une forte récompense<br />

à quiconque réussirait à mettre au point une<br />

métho<strong>de</strong> efficace pour préserver les aliments. Il s'agis-<br />

sait ainsi principalement, <strong>dans</strong> ces pays, <strong>de</strong> trouver un<br />

moyen pour améliorer l'approvisionnement <strong>de</strong> l'armée<br />

et <strong>de</strong> la marine. En 1806, un jeune chef <strong>de</strong> Paris, Nicholas<br />

Appert, propose une métho<strong>de</strong> efficace pour la préservation<br />

<strong>de</strong>s fruits et <strong>de</strong>s légumes. Sa technique consistait<br />

à remplir <strong>de</strong> fruits <strong>de</strong>s bouteilles à col large, et à les<br />

plonger jusqu'au col <strong>dans</strong> <strong>de</strong> l'eau, que l'on faisait<br />

bouillir pendant six heures; les contenants étaient ensuite<br />

scellés à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> couches <strong>de</strong> cire et <strong>de</strong> liège, et<br />

on les laissait encore quelque temps <strong>dans</strong> l'eau bouillante.<br />

À cause <strong>de</strong> la fragilité <strong>du</strong> verre, on commença à<br />

utiliser <strong>de</strong>s boîtes faites <strong>de</strong> feuille <strong>de</strong> fer blanc ou <strong>de</strong> fer<br />

forgé plus épais.'<br />

En 1819, le procédé <strong>de</strong> mise en conserves arrive en<br />

Amérique grâce à <strong>de</strong>ux Anglais, Ezra Daggett et<br />

Thomas Kansett, qui commencent à exploiter le procédé<br />

à Boston; mais, ce n'est qu'en 1839, que le <strong>saumon</strong><br />

est pour la première fois mis en conserves en<br />

Amérique <strong>du</strong> <strong>Nord</strong>, plus précisement à Saint-Jean, au<br />

Nouveau-Brunswick.' Au début <strong>de</strong>s années 1840, l'un<br />

<strong>de</strong>s plus importants centres <strong>de</strong> mise en conserves sur la<br />

côte est est celui <strong>de</strong> la Treat Company, à l'île Allen,<br />

entre Eastport et Lubec, <strong>dans</strong> le Maine. Cette compagnie<br />

met en conserves divers pro<strong>du</strong>its, comme les<br />

petits pois, le blé d'In<strong>de</strong>, le homard, et le <strong>saumon</strong>, ce<br />

<strong>de</strong>rnier provenant <strong>du</strong> port <strong>de</strong> Saint-Jean. Ce sont ces<br />

entreprises <strong>du</strong> Maine qui sont à l'origine <strong>de</strong> l'apparition<br />

en 1864 <strong>de</strong>s conserveries <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> <strong>de</strong> la côte <strong>du</strong><br />

Pacifique. 16<br />

Vers 1845, la mise en conserves <strong>du</strong> <strong>saumon</strong><br />

commence également à l'île <strong>du</strong> Portage <strong>dans</strong> la baie <strong>de</strong><br />

Miramichi, où dès 1849, 22 000 livres sont expédiées<br />

<strong>dans</strong> <strong>de</strong>s « boîtes métalliques scellées hermétiquenient».<br />

Déjà avant la Confédération, cette station aurait<br />

pro<strong>du</strong>it en une seule saison jusqu'à 400 000 livres <strong>de</strong><br />

<strong>saumon</strong> ainsi conditionné.' La technique <strong>de</strong> mise en<br />

conserves se répand rapi<strong>de</strong>ment <strong>dans</strong> toutes les régions<br />

<strong>de</strong> l'est <strong>du</strong> Canada; <strong>dans</strong> les années 1860, la compagnie<br />

Hunt & Henley au Labrador met le <strong>saumon</strong> en conserves,<br />

et son concurrent direct, la Compagnie <strong>de</strong> la<br />

baie d'Hudson, fait <strong>de</strong> même plusieurs années plus tard<br />

sous la con<strong>du</strong>ite avisée <strong>de</strong> Lord Strathcona." Pendant<br />

sa meilleure pêrio<strong>de</strong> (1873-1875), plus <strong>de</strong> 2.25 millions<br />

<strong>de</strong> livres <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> sont mis en conserves chaque<br />

année <strong>dans</strong> l'est <strong>du</strong> Canada.<br />

L'in<strong>du</strong>strie <strong>de</strong>s conserveries prospère sur la côte<br />

est jusqu'au milieu <strong>de</strong>s années 1870, niais elle est<br />

bientôt éclipsée par ce même secteur en Colombie-<br />

Britannique; l'énorme pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> en conserves<br />

<strong>de</strong> l'Ouest relègue <strong>l'Atlantique</strong> à une place<br />

secondaire <strong>dans</strong> les exportations américaines, et les entreprises<br />

<strong>de</strong> l'Est cessent dès lors d'être rentables.'" À<br />

noter, cependant, que <strong>dans</strong> les Maritimes, <strong>de</strong> petites<br />

quantités <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> sont encore mises en conserves<br />

après 1900 pour les marchés locaux.<br />

<strong>Le</strong> procédé <strong>de</strong> mise en conserves comme tel<br />

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