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Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

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selon son biographe, à son débarquement, il peut voir<br />

la colline Salmon, <strong>dans</strong> le comté <strong>de</strong> Guysborough. 15<br />

<strong>Le</strong>s premières richesses naturelles tangibles<br />

Peu après le préten<strong>du</strong> voyage <strong>de</strong> Sinclair en Amérique,<br />

<strong>de</strong>s pêcheurs basques découvrent les prodigieux<br />

stocks <strong>de</strong> morue au large <strong>de</strong> Terre-Neuve. <strong>Le</strong>s Basques<br />

pêchent <strong>dans</strong> la mer <strong>du</strong> Labrador au large <strong>du</strong> sud-ouest<br />

<strong>du</strong> Groenland, <strong>de</strong> 1400 à 1420, et se ren<strong>de</strong>nt probablement<br />

jusqu'à Terre-Neuve en 1430, 1' au moins<br />

un <strong>de</strong>mi-siècle avant les découvertes <strong>de</strong> Christophe<br />

Colomb. Comme bon nombre d'autres découvreurs <strong>de</strong><br />

ressources nouvelles et d'une gran<strong>de</strong> valeur, ils ne souhaitent<br />

pas, semble-t-il, répandre la nouvelle <strong>de</strong> leurs<br />

découvertes, car ils désirent se réserver l'usage exclusif<br />

<strong>de</strong> ces zones <strong>de</strong> pêche <strong>de</strong> choix aussi longtemps que<br />

possible.<br />

Ce n'est donc qu'en 1497, que Jean Cabot fait<br />

connaître les richesses <strong>de</strong> la mer à Terre-Neuve et <strong>dans</strong><br />

les provinces maritimes lorsqu'il revient <strong>du</strong> Nouveau<br />

Mon<strong>de</strong>. Il prétend que la mer pullule <strong>de</strong> poissons, si<br />

bien qu'il les capture en abaissant simplement un panier<br />

sur le côté <strong>du</strong> bateau. Plus tard, son fils, Sébastien,<br />

signale que les poissons sont parfois si abondants qu'ils<br />

nuisent au déplacement <strong>de</strong>s navires I8 et, sur une carte<br />

<strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> pêche qu'il établit, il inscrit le commentaire<br />

suivant : « Cette zone regorge <strong>de</strong> poissons, <strong>de</strong><br />

poissons <strong>de</strong> très gran<strong>de</strong> taille, comme les phoques et<br />

l'espèce que nous appelons couramment le <strong>saumon</strong> ». 19<br />

En 1500, Gaspar Corte-Real explore au nom <strong>du</strong><br />

Portugal la côte nord <strong>de</strong> Terre-Neuve où il observe<br />

« Massimenti di salmoni » — <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> en abondance.<br />

n Au cours <strong>de</strong> ses explorations, il établit une<br />

pêcherie au profit <strong>du</strong> Portugal à Terre-Neuve et, en<br />

1506, le gouvernement portugais commence à percevoir<br />

une taxe sur ce nouveau pro<strong>du</strong>it d'importance<br />

importé d'Occi<strong>de</strong>nt.' Vers la même époque, les Britanniques<br />

commencent à pêcher la morue <strong>dans</strong> les grands<br />

bancs et, en 1510, Henry VIII interdit l'achat <strong>du</strong> poisson<br />

d'autres nations afin d'encourager davantage l'exploitation<br />

<strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> pêche <strong>de</strong> Terre-Neuve."<br />

Au départ, les pêcheurs <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt rarement sur<br />

terre, sauf pour s'abriter pendant les tempêtes ou se<br />

réapprovisionner en eau. Ils pratiquent alors la pêche<br />

aux bancs et n'ont pas besoin <strong>de</strong> base terrestre, car le<br />

poisson frais est simplement salé et déposé <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s<br />

barils après avoir été nettoyé. Toutefois, ne disposant<br />

pas <strong>de</strong> quantitiés suffisantes <strong>de</strong> bon sel, ils doivent<br />

bientôt faire la pêche à la côte où la morue est séchée<br />

au lieu d'être déposée immédiatement <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s barils <strong>de</strong><br />

saumure. Étant donné que le pont d'un navire n'est pas<br />

assez vaste pour permettre le séchage <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s quantités<br />

<strong>de</strong> poissons, ils doivent installer <strong>de</strong> petites stations<br />

temporaires <strong>de</strong> séchage à <strong>de</strong>s endroits facilement accessibles<br />

le long <strong>de</strong> la côte. Ils éten<strong>de</strong>nt le poisson sur les<br />

24<br />

roches ou sur <strong>de</strong>s échafauds ou chauffauds.<br />

Avec la création <strong>de</strong>s stations <strong>de</strong> séchage à terre,<br />

qui sont souvent situées à l'embouchure d'un cours<br />

d'eau où les pêcheurs ont également accès à <strong>de</strong>s réserves<br />

d'eau fraîche, ces <strong>de</strong>rniers se rapprochent <strong>de</strong>s<br />

concentrations <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s pendant leur migration, et<br />

ce heureux hasard les encourage sans doute à prendre<br />

conscience, <strong>du</strong> moins fortuitement, <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong> l'espèce.<br />

À l'époque, le <strong>saumon</strong> est fortement prisé en<br />

Gran<strong>de</strong>-Bretagne, à la fois par le peuple et les nobles.<br />

Par exemple, au début <strong>du</strong> XVI' siècle, <strong>dans</strong> les riches<br />

familles britanniques, on nourrit les domestiques <strong>de</strong><br />

<strong>saumon</strong> et, avec cinq livres, un earl peut se procurer<br />

assez <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> pour nourrir sa maisonnée pendant<br />

toute une année.' En conséquence, <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s quantités<br />

<strong>de</strong> saunions sont saumurés chaque saison <strong>dans</strong> les<br />

diverses stations <strong>de</strong> Terre-Neuve et expédiées en Angleterre<br />

avec les barils <strong>de</strong> morue; aussi, à Terre-Neuve, la<br />

pêche <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> prend d'année en année plus d'importance<br />

comme un à-côté profitable <strong>de</strong> la pêche <strong>de</strong> la<br />

morue.<br />

Lorsque Jacques Cartier entreprend ses voyages<br />

d'exploration en 1534, on sait qu'il y a <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> <strong>dans</strong><br />

d'autres régions d'Amérique <strong>du</strong> <strong>Nord</strong>. En pénétrant<br />

<strong>dans</strong> la baie <strong>de</strong>s Chaleurs, il aperçoit « <strong>de</strong> nombreux<br />

prés verdoyants, <strong>de</strong>s herbes <strong>de</strong> choix et <strong>de</strong>s étangs où<br />

foisonne le <strong>saumon</strong> »." Il est pratiquement impossible<br />

que Cartier n'observe pas le <strong>saumon</strong> <strong>dans</strong> la baie, car il<br />

y navigue à la mi-juillet, au moment où se pro<strong>du</strong>isent<br />

d'importantes remontes; à compter <strong>de</strong> ce jour, la baie<br />

<strong>de</strong>s Chaleurs est classée parmi les régions à <strong>saumon</strong>s les<br />

plus prolifiques <strong>du</strong> continent. En effet, les Indiens la<br />

surnomment « Ecketaun Nemaachi », à savoir « mer <strong>de</strong><br />

poissons » en raison <strong>de</strong>s vastes stocks <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s qui y<br />

pénètrent régulièrement. 26 Après avoir contourné<br />

Gaspé, Cartier s'engage <strong>dans</strong> le fleuve Saint-Laurent,<br />

où il observe <strong>de</strong> nouveau le <strong>saumon</strong> et constate que<br />

celui-ci est très populaire chez les autochtones.'<br />

Après Cartier, peu d'auteurs font <strong>de</strong>s <strong>de</strong>scriptions<br />

circonstanciées <strong>de</strong> <strong>l'Amérique</strong> <strong>du</strong> <strong>Nord</strong> et <strong>de</strong> ses poissons<br />

pendant plusieurs décennies, bien que <strong>de</strong>s rapports<br />

sur le pays et ses ressources — particulièrement celles<br />

<strong>de</strong> Terre-Neuve — atteignent parfois l'Europe. <strong>Le</strong>s<br />

Européens croient que le Nouveau-Mon<strong>de</strong> est froid et<br />

inhospitalier; toutefois, pour les pêcheurs européens,<br />

ces eaux sont à la fois célèbres et familières.<br />

Parmi d'autres, Anthony Parkhurst fait valoir, en<br />

1578, les pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong> Terre-Neuve, notamment le <strong>saumon</strong>."<br />

Puisque les Français étalent leur présence <strong>dans</strong><br />

le Saint-Laurent et le golfe, la Gran<strong>de</strong>-Bretagne déci<strong>de</strong><br />

d'imposer sa souverainteté sur l'île <strong>de</strong> Terre-Neuve et,<br />

à cette fin, en 1583, Sir Humphrey Gilbert est chargé <strong>de</strong><br />

prendre possession <strong>de</strong>s terres au nom <strong>de</strong> la Couronne et<br />

<strong>de</strong> convertir les païens." Il s'arrête à St-Jean, qu'il juge<br />

« fortement peuplée et très fréquentée »; il y impose son<br />

autorité et commence à percevoir une taxe auprès <strong>de</strong>s

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