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Le saumon de l'Atlantique dans l'histoire de l'Amérique du Nord

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consistait à nettoyer le <strong>saumon</strong>, à enlever la queue, la<br />

tête et les nageoires, et à laver avec soin la chair, en la<br />

grattant parfois à l'ai<strong>de</strong> d'un couteau, mais sans enlever<br />

les écailles. <strong>Le</strong> poisson était ensuite coupé en tranches,<br />

que l'on disposait à l'intérieur <strong>de</strong>s boîtes. Après fermeture<br />

par sou<strong>du</strong>re <strong>du</strong> couvercle, les contenants étaient<br />

placés <strong>dans</strong> <strong>de</strong> l'eau pour vérifier l'étanchéité <strong>de</strong>s<br />

boîtes. On faisait ensuite bouillir le contenu <strong>dans</strong> <strong>de</strong><br />

l'eau salée naturelle ou <strong>dans</strong> <strong>de</strong> l'eau renfermant <strong>du</strong><br />

chlorure <strong>de</strong> calcium; une température plus élevée était<br />

obtenue par addition <strong>de</strong> sel à l'eau. Après ébullition<br />

pendant une heure et quart ou une heure et <strong>de</strong>mie, les<br />

boîtes étaient retirées <strong>de</strong> l'eau; on perforait un petit trou<br />

à la partie supérieure <strong>de</strong> la boîte pour libérer la pression;<br />

une fois l'air explusé, on fermait le trou par soudage, et<br />

la boîte se trouvait ainsi hermétiquement scellée. Ensuite,<br />

on faisait à nouveau bouillir le contenu <strong>de</strong> la boîte<br />

pendant une heure et quart; en cas <strong>de</strong> cuisson incomplète<br />

avant la ventilation, la pression interne accumulée<br />

faisait éclater le contenant. Après quoi, on vérifiait les<br />

boîtes en tapotant le couvercle à l'ai<strong>de</strong> d'un clou; une<br />

boîte mal scellée émettait un son grèle particulier, et il<br />

fallait alors resoun<strong>de</strong>r la boîte.' Divers documents<br />

montrent qu'il fallait en moyenne 84 livres <strong>de</strong> <strong>saumon</strong><br />

frais, entier, pour obtenir 48 livres <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> en boîte;<br />

cela représentait une perte en poids <strong>de</strong> 43 %. 21<br />

d) Frais, mis en glace. L'homme utilise <strong>de</strong>puis<br />

longtemps la glace pour préserver certains aliments<br />

périssables, mais il n'a pas toujours eu les moyens<br />

d'obtenir <strong>de</strong> la glace lorsqu'il en avait besoin, et il ne<br />

pouvait donc recourir à cette métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> conservation<br />

que pendant les mois d'hiver. En 1780, un Écossait met<br />

au point une technique <strong>de</strong> conservation <strong>du</strong> <strong>saumon</strong> pour<br />

l'exportation commerciale, par mise en glace <strong>du</strong> poisson;22<br />

à partir <strong>de</strong> cette date, <strong>du</strong> poisson fut ainsi expédié,<br />

<strong>dans</strong> la glace broyée ou <strong>dans</strong> la neige, principalement<br />

<strong>du</strong>rant les mois d'hiver. Mais ce n'est qu'après<br />

<strong>de</strong>s progres considérables au niveau <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong><br />

transport vers le milieu <strong>de</strong>s années 1840, et après la<br />

mise au point ultérieure <strong>de</strong> glacières et <strong>de</strong> contenants<br />

isolants <strong>dans</strong> les années 1850, que le commerce <strong>du</strong><br />

<strong>saumon</strong> frais, mis en glace, prend un essor décisif.<br />

Moses Perley écrit en 1847 à propos <strong>de</strong> la pêcherie<br />

<strong>de</strong> <strong>saumon</strong> <strong>de</strong> Saint-Jean : « Depuis l'établissement<br />

d'un service régulier <strong>de</strong> vapeurs entre le port <strong>de</strong> Saint-<br />

Jean et Boston, <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s quantités <strong>de</strong> <strong>saumon</strong> frais,<br />

mis en glace, ont été exportées, et la valeur commerciale<br />

<strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it a sensiblement augmenté ».' Une<br />

année plus tard, Sabine écrit : «On constatera que l'exportation<br />

<strong>de</strong> <strong>saumon</strong> salé au départ <strong>du</strong> Nouveau-<br />

Brunswick a complètement cessé dès 1848 — toutes les<br />

prises, à l'exception <strong>de</strong> celles <strong>de</strong>stinées à la consommation<br />

locale, ont été mises sous glace et expédiées à l'état<br />

frais ». 24 Bien qu'en partie vrai seulement, car ce n'est<br />

pas la totalité <strong>de</strong>s prises <strong>du</strong> Nouveau-Brunswick qui est<br />

expédiée sous glace, le commentaire <strong>de</strong> Sabine montre<br />

178<br />

que le commerce <strong>de</strong> poisson frais a rapi<strong>de</strong>ment surpassé<br />

tous les autres mo<strong>de</strong>s d'exportation <strong>du</strong> <strong>saumon</strong>. En<br />

1845, seule une petite quantité <strong>de</strong> poisson était exportée<br />

à l'état frais, mais dès 1850, 400 000 livres par année<br />

quittent ainsi le port <strong>de</strong> Saint-Jean, et en 1860 un <strong>de</strong>mimillion<br />

<strong>de</strong> livres sont expédiées à l'état frais. Il faut dire<br />

que le <strong>saumon</strong> frais pouvait se retrouver sur les tables<br />

<strong>de</strong> New York, Phila<strong>de</strong>lphie ou Boston trois jours après<br />

avoir quitté Saint-Jean, ce qui a beaucoup favorisé ce<br />

mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> transport.'<br />

D'autres progrès furent réalisés <strong>dans</strong> les années<br />

1860, lorsque les techniques <strong>de</strong> mise en glace déjà<br />

employées furent améliorées grâce à la réfrigération<br />

mécanique et chimique. Juste avant la Confédération,<br />

Samuel Wilmot, alors le plus grand pisciculteur au<br />

Canada, signale une nouvelle métho<strong>de</strong> utilisée au Québec<br />

: pendant l'hiver, une entreprise <strong>de</strong> pêche <strong>de</strong> la<br />

rivière Moisie a stocké sur place <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s quantités <strong>de</strong><br />

glace et <strong>de</strong> neige <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s abris <strong>de</strong> sciure; après capture<br />

d'une quantité suffisante <strong>de</strong> <strong>saumon</strong>s au cours <strong>de</strong> la<br />

saison, ceux-ci sont mis en glace et expédiés à Québec,<br />

où ils « sont entreposés <strong>dans</strong> une chambre <strong>de</strong> congélation,<br />

à l'intérieur <strong>de</strong> laquelle un mélange <strong>de</strong> glace et <strong>de</strong><br />

sel, disposé entre <strong>de</strong>s plaques <strong>de</strong> zinc, permet <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ire<br />

la température bien en-<strong>de</strong>ssous <strong>du</strong> point <strong>de</strong> congélation;<br />

les poissons sont très vites congelés et peuvent être<br />

conservés <strong>dans</strong> cet état pendant <strong>de</strong> nombreux mois »."<br />

<strong>Le</strong> <strong>saumon</strong> est généralement vidé et nettoyé avant<br />

la réfrigération, le plus souvent immédiatement après sa<br />

capture, car on avait constaté que la qualité <strong>de</strong> la chair<br />

se détériorait rapi<strong>de</strong>ment — même en glace — lorsque<br />

le poisson se trouvait à l'état entire. L'étêtage, le vidage<br />

et le nettoyage <strong>du</strong> poisson entraînaient une perte <strong>de</strong><br />

poids comprise entre 20 et 25 %."<br />

<strong>Le</strong> commerce <strong>du</strong> poisson congelé se développe<br />

rapi<strong>de</strong>ment, et un grand nombre d'expériences sont effectuées<br />

pour mettre au point <strong>de</strong> nouvelles techniques<br />

<strong>de</strong> congélation rapi<strong>de</strong>. La compagnie Piper d'Alliston<br />

Point, à Bathurst, congèle le <strong>saumon</strong> en 1868 en faisant<br />

appel à <strong>de</strong>s « organismes chimiques », puis en mettant<br />

immédiatement le poisson en glace pour l'exportation.<br />

Il semble que « le propriétaire <strong>de</strong> l'établissement entourait<br />

<strong>de</strong> mystères les diverses opérations <strong>de</strong> ce procédé,<br />

et les curieux qui voulaient visiter l'installation recevaient<br />

un accueil plutôt froid.<br />

<strong>Le</strong> <strong>saumon</strong> congelé <strong>de</strong> la Piper était expédié à<br />

Saint-Jean via Shediac et la ligne <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer qui<br />

venait d'être mise en service entre Shediac et Saint-<br />

Jean, la « European & North American Railroad »; à<br />

partir <strong>de</strong> Saint-Jean, le poisson était transporté en<br />

vapeur jusqu'à Boston.' Dès 1881, le <strong>saumon</strong> en glace<br />

ou congelé était expédié régulièrement vers les marchés<br />

<strong>de</strong> Boston à partir d'avril jusqu'en août :<br />

les premiers <strong>saumon</strong>s venaient <strong>de</strong> la Kennebec et <strong>de</strong> la<br />

Penobscot, et les <strong>de</strong>rniers <strong>de</strong> la côte <strong>du</strong> Labrador via

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