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La poésie et l'intimité ou L'identité et l'être au monde - Epublications

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devient alors une fusion des mots, une maîtrise de ses désirs. En définitive,<br />

angoisse <strong>et</strong> orgueil sont s<strong>ou</strong>rce de création chez eux.<br />

Nos poètes proposent une vision juste <strong>et</strong> intime de l‟existence. P<strong>ou</strong>r Guy<br />

Goff<strong>et</strong>te, la relation à la <strong>poésie</strong> est sensuelle: « l’oise<strong>au</strong> que j’ensemence / Porte<br />

un poème <strong>au</strong> front ». 407 Il y a surt<strong>ou</strong>t chez lui une persévérance <strong>et</strong> une volonté<br />

d‟être-<strong>au</strong>-<strong>monde</strong>, en eff<strong>et</strong> le poète écrit : « je me disais <strong>au</strong>ssi : vivre est <strong>au</strong>tre<br />

chose ». 408<br />

Guy Goff<strong>et</strong>te croit dans une fusion de la puissance humaine du poète <strong>et</strong> de la<br />

nature. En définitive, l‟orgueil de Guy Goff<strong>et</strong>te réside dans sa certitude de<br />

p<strong>ou</strong>voir recréer un <strong>monde</strong>, de le mystifier, de l‟idéaliser, de le vivifier, de le<br />

personnifier. Philippe Jaccott<strong>et</strong> croit lui <strong>au</strong>ssi en la Nature <strong>et</strong> ses secr<strong>et</strong>s, mais<br />

sentir frémir la nature n‟est pas pur orgueil, c‟est la réalité du poète : « je me suis<br />

mis, non pas à réfléchir, mais à éc<strong>ou</strong>ter <strong>et</strong> recueillir des signes ». 409 Il réagit par<br />

l‟écriture :<br />

« légère, frêle, presque invisible, apparemment sans force, exposée,<br />

abandonnée, livrée, obéissante elle se lie à la chose l<strong>ou</strong>rde,<br />

immobile ; <strong>et</strong> une fleur s’<strong>ou</strong>vre <strong>au</strong> versant des montagnes. Cela est.<br />

Cela persiste contre le bruit, la sottise, tenace parmi le sang <strong>et</strong> la<br />

malédiction, dans la vie impossible à assumer, à vivre ; ainsi,<br />

l’esprit circule en dépit de t<strong>ou</strong>t, <strong>et</strong> nécessairement dérisoire, non<br />

payé, non probant. Ainsi f<strong>au</strong>t-il p<strong>ou</strong>rsuivre, disséminer, risquer des<br />

mots, leur donner juste le poids v<strong>ou</strong>lu, ne jamais cesser jusqu’à la<br />

fin contre, t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs contre soi <strong>et</strong> le <strong>monde</strong>, avant d’en arriver à<br />

dépasser l’opposition, justement à travers les mots qui passent la<br />

limite, le mur, qui traversent, franchissent, <strong>ou</strong>vrent, <strong>et</strong> finalement<br />

407 Guy Goff<strong>et</strong>te, « A la volée je lance », SLO, p. 85.<br />

408 Guy Goff<strong>et</strong>te, « Vivre est <strong>au</strong>tre chose », LVP, p. 13.<br />

409 Philippe Jaccott<strong>et</strong>, « Je me s<strong>ou</strong>viens qu‟un été récent, alors que je marchais une fois de plus dans la<br />

campagne », PSN, p. 25-26.<br />

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