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La poésie et l'intimité ou L'identité et l'être au monde - Epublications

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P<strong>ou</strong>r Guy Goff<strong>et</strong>te, le bonheur est difficilement habitable, mais il est cependant<br />

concevable. En ce sens : « t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs une chaise manque <strong>au</strong> bonheur ». 633<br />

Le premier abandon est l‟abandon <strong>au</strong> <strong>monde</strong>, quand l‟homme n‟est plus capable<br />

de percevoir les signes de la nature, <strong>et</strong> les élans de vie. C‟est la clémence de la<br />

nature <strong>et</strong> du temps qui abandonne silencieusement, insidieusement le poète <strong>et</strong> un<br />

j<strong>ou</strong>r la nature se tait, ne donne plus de signes, en t<strong>ou</strong>t cas l‟homme ne les perçoit<br />

plus un j<strong>ou</strong>r le temps n‟est plus scandé <strong>et</strong> vivifié par une quelconque <strong>au</strong>dace <strong>ou</strong><br />

c<strong>ou</strong>rage.<br />

Avec Guy Goff<strong>et</strong>te : il n‟y a plus que la mort odieuse qui engendre solitude <strong>et</strong><br />

l‟absence <strong>au</strong> <strong>monde</strong> : « …n<strong>ou</strong>s voilà t<strong>ou</strong>t à c<strong>ou</strong>p seuls ». 634<br />

Guy Goff<strong>et</strong>te évoque parfois l‟abandon de cohérence dans son être <strong>au</strong> <strong>monde</strong><br />

mais ce peut être <strong>au</strong>ssi directement une métaphore de la mort.<br />

Guy Goff<strong>et</strong>te se situe <strong>au</strong>-delà de ses s<strong>ou</strong>venirs, il a eu l‟expérience de « la f<strong>ou</strong>le<br />

solitaire », de l‟abandon de t<strong>ou</strong>te identité, personnalité, <strong>et</strong> différence.<br />

« Je me s<strong>ou</strong>viens : t<strong>ou</strong>s passaient en c<strong>ou</strong>rant<br />

dans le c<strong>ou</strong>loir du métro, à g<strong>au</strong>che à droite,<br />

tirant tirés, pressés pressant, <strong>et</strong> comme<br />

dévorés par leur ombre. Ils c<strong>ou</strong>raient<br />

*<br />

les uns contre les <strong>au</strong>tres, même visage même<br />

nuit, <strong>et</strong> chacun était la nuit de l’<strong>au</strong>tre<br />

<strong>et</strong> t<strong>ou</strong>s comme les oise<strong>au</strong>x f<strong>ou</strong>droyés<br />

que la tempête entraîne<br />

*<br />

vers l’étrave des forêts mortes, t<strong>ou</strong>s<br />

comme un seul s’enfonçaient en eux-mêmes<br />

dans ce grenier encombré de gravats<br />

<strong>et</strong> de morts, où trône <strong>et</strong> triomphe<br />

633 Guy Goff<strong>et</strong>te, « Partie nulle », LVP, p. 37.<br />

634 Guy Goff<strong>et</strong>te, « P<strong>ou</strong>rtant n<strong>ou</strong>s avons chanté n<strong>ou</strong>s <strong>au</strong>ssi », LVP, p.82.<br />

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