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La poésie et l'intimité ou L'identité et l'être au monde - Epublications

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« je redescendrai le chemin de la j<strong>ou</strong>rnée / de peur d’avoir laissé<br />

quelque chose derrière moi. Me comprendras-tu ? Je n’ai pas le<br />

moyen de rien perdre, car je v<strong>ou</strong>drais ne pas vieillir / mais<br />

simplement mûrir de t<strong>ou</strong>tes mes années ». 1018<br />

Les poètes de notre corpus s‟accordent à dire que, comme la vraie vie, le<br />

sentiment d‟am<strong>ou</strong>r n‟est jamais éternel, voire absent : p<strong>ou</strong>r Guy Goff<strong>et</strong>te, en<br />

eff<strong>et</strong> : « … personne quand l’am<strong>ou</strong>r qu’on croyait / l’éternelle jeunesse n’est<br />

plus qu’une lampe / qui flanche, <strong>et</strong> le cœur une barque rej<strong>et</strong>ée ». 1019 Les poètes<br />

cherchent l‟essentiel …, différent à chaque fois, <strong>et</strong> l‟espoir ainsi en permanence<br />

n<strong>ou</strong>rrie.<br />

<strong>La</strong> vraie vie est t<strong>ou</strong>te entière contenue dans l‟espoir : « comme s’il fallait quand<br />

même croire un peu / à l’éternité qui se cache dans la d<strong>ou</strong>blure des vents ». 1020<br />

C‟est parce que l‟âme est blessée <strong>ou</strong> perdue, qu‟il n‟y a plus d‟espoir qu‟à un<br />

moment l‟Homme abandonne.<br />

P<strong>ou</strong>r les deux poètes, écrire, serait de tenter de répondre <strong>au</strong> d<strong>ou</strong>te existentiel, <strong>et</strong><br />

justifier en permanence la métamorphose à laquelle sont s<strong>ou</strong>mises les éphémères<br />

certitudes des poètes. <strong>La</strong> certitude <strong>ou</strong> l‟ambition centrale du poète étant de<br />

donner du sens à ce qui a l‟air de n‟en avoir <strong>au</strong>cun <strong>et</strong> effectivement Jaccott<strong>et</strong> le<br />

dit clairement, la <strong>poésie</strong> p<strong>ou</strong>r lui est : « l’expression d’une nécessité profonde<br />

qui donnerait un peu de sens à ce qui a l’air si s<strong>ou</strong>vent de n’en avoir<br />

<strong>au</strong>cun ». 1021<br />

Les deux poètes voient dans la <strong>poésie</strong>, une possibilité de libération, <strong>et</strong> de<br />

délivrance de la d<strong>ou</strong>leur inhérente à la condition humaine. « On se dit qu’on<br />

1018 Philippe Jaccott<strong>et</strong>, «Je redescendrai le chemin de la j<strong>ou</strong>rnée », EFF, p. 39.<br />

1019 Guy Goff<strong>et</strong>te, « Personne », ADL, p. 31.<br />

1020 Guy Goff<strong>et</strong>te, «Février à vélo », LVP, p. 109.<br />

1021 Correspondance avec Philippe Jaccott<strong>et</strong> de Grignan, le 29 mai 2006. Annexe 9.<br />

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