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La poésie et l'intimité ou L'identité et l'être au monde - Epublications

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<strong>monde</strong> est bleu comme une fin du <strong>monde</strong>. Il n‟y a plus d‟intimité entre l‟homme<br />

<strong>et</strong> le <strong>monde</strong> dans lequel il vit.<br />

Il est difficile de délimiter précisément, le moment où le temps n‟est plus<br />

contrôlé (c‟est-à-dire non perdu), <strong>et</strong> où la parole elle <strong>au</strong>ssi se fait absente.<br />

Savoir, en définitive : « si c’est le temps qui passe <strong>ou</strong> n<strong>ou</strong>s / qui passons à<br />

travers lui, les mains vides ». 667 Est-ce le temps qui possède l‟homme <strong>ou</strong><br />

l‟homme qui possède le temps ? Inexorablement, la jeunesse disparaît <strong>et</strong> c<strong>et</strong><br />

abandon est universel. Il s‟agit de perdurer dans le temps, dans la vie alors que :<br />

« … la leur <strong>et</strong> ma jeunesse / s’usent comme un rose<strong>au</strong>, à la même vitesse, / p<strong>ou</strong>r<br />

n<strong>ou</strong>s t<strong>ou</strong>s mars approche … ». 668<br />

P<strong>ou</strong>r Philippe Jaccott<strong>et</strong>, le <strong>monde</strong> onirique, lui-même n‟est plus un sec<strong>ou</strong>rs,<br />

l‟espoir n‟a plus de place parce que :<br />

« t<strong>ou</strong>s ces rêves, depuis <strong>au</strong>ssi longtemps qu’il m’arrive d’en noter,<br />

où le rêveur <strong>et</strong> , n’est-il pas seul, ses compagnons, se voient perdus,<br />

de plus en plus perdus, dans des banlieues désertes <strong>ou</strong> peu sûres,<br />

des quartiers que l’on croit avoir connus <strong>au</strong>trefois <strong>et</strong> qui ont<br />

changé jusqu’à devenir méconnaissables (jamais, me semble-t-il,<br />

dans des campagnes) <strong>et</strong> comme le rêveur s’inquiète, comme son<br />

inquiétude, à mesure, devient angoisse, parce que, v<strong>ou</strong>lant<br />

téléphoner, il a perdu la carte à glisser dans l’appareil, <strong>ou</strong> le<br />

numéro à former, <strong>ou</strong> c’est l’interlocuteur qui est absent, <strong>ou</strong> dont la<br />

voix est in<strong>au</strong>dible ; <strong>ou</strong> parce que, v<strong>ou</strong>lant, une <strong>au</strong>tre fois, héler ses<br />

compagnons perdus comme lui, c’est sa voix à lui qui s’enr<strong>ou</strong>e, <strong>ou</strong><br />

qui est trop faible p<strong>ou</strong>r les atteindre … ». 669<br />

667 Guy Goff<strong>et</strong>te., « Le voyageur <strong>ou</strong>blié », SLO, p.44.<br />

668 Philippe Jaccott<strong>et</strong>, « Ninfa », EFF, p.33.<br />

669 Philippe Jaccott<strong>et</strong>, « T<strong>ou</strong>s ces rêves, depuis <strong>au</strong>ssi longtemps qu‟il m‟arrive d‟en noter », ETN, p.43.<br />

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