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La poésie et l'intimité ou L'identité et l'être au monde - Epublications

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départ est la mort la plus cruelle de l‟am<strong>ou</strong>r. Comme le soleil, l‟am<strong>ou</strong>r disparaît :<br />

« … ce baiser / à peine du c<strong>ou</strong>chant sur les lèvres / de celle qui s’en va en te<br />

laissant le quai ». 756<br />

« Jusqu’à ce que la mer <strong>ou</strong>vre la chambre en deux<br />

<strong>et</strong> que chacun, ayant repris son nom, sa barque,<br />

rentre chez soi, t<strong>ou</strong>tes voiles dehors,<br />

dans l’île sans rivages ». 757<br />

Ce peut être <strong>au</strong>ssi, p<strong>ou</strong>r Jaccott<strong>et</strong>, une intimité avec la mort. En eff<strong>et</strong>, le poète<br />

parle de l'abandon de la vie à qui il v<strong>ou</strong>drait rendre hommage. <strong>La</strong> tisserande est<br />

le symbole de la mort <strong>ou</strong> l‟incarnation de la mort elle-même. Le poète est<br />

tellement <strong>au</strong> <strong>monde</strong> qu‟il s<strong>ou</strong>haiterait même l‟intimité avec la mort : « ne vois<br />

pas la tisserande, / ni ses mains même, qu’on v<strong>ou</strong>drait t<strong>ou</strong>cher ». 758 L‟absence<br />

d‟am<strong>ou</strong>r est conjointe à la mort. Philippe Jaccott<strong>et</strong> s‟inquiète : « garderons-n<strong>ou</strong>s<br />

l’empreinte à l’ép<strong>au</strong>le, plus d’un instant, / de c<strong>et</strong>te main ? ». 759 Il évoque<br />

l‟angoisse de perdre l‟am<strong>ou</strong>r, car il sait que celui-ci est fugace. P<strong>ou</strong>r Guy<br />

Goff<strong>et</strong>te : l‟am<strong>ou</strong>r affole <strong>au</strong>tant que la mort. Il critique l‟attitude du f<strong>au</strong>x am<strong>ou</strong>r<br />

qui rend plus hommage à la mort qu‟à l‟am<strong>ou</strong>r. Comment se définit la présence<br />

du vrai am<strong>ou</strong>r ? Celui-ci n‟interdit-il pas la présence de la moindre d<strong>ou</strong>leur ? <strong>La</strong><br />

question fondamentale que se pose Guy Goff<strong>et</strong>te, finalement est : Quelle force<br />

est capable d‟anéantir l'am<strong>ou</strong>r?<br />

Le thème du rêve qui devient réalité perm<strong>et</strong> d‟évacuer l‟image de la mort ce qui<br />

perm<strong>et</strong> à l‟arbre j<strong>au</strong>ni, de continuer de fleurir : « il verra / dans la c<strong>ou</strong>r fleurir<br />

756 Guy Goff<strong>et</strong>te, « Vers l‟Ouest, avec les derniers rayons roses », LVP, p.20.<br />

757 Guy Goff<strong>et</strong>te, « Comme des gosses, n<strong>ou</strong>s avons cru longtemps », LVP, p.91-92.<br />

758 Philippe Jaccott<strong>et</strong>, « Quelqu'un tisse de l'e<strong>au</strong> (avec des motifs d'arbres en filigrane) », PSN, p.14.<br />

759 Philippe Jaccott<strong>et</strong>, « Maintenant n<strong>ou</strong>s montons dans ces chemins de montagne », PSN, p.39.<br />

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