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La poésie et l'intimité ou L'identité et l'être au monde - Epublications

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En eff<strong>et</strong>, les philosophes n‟ayant fait qu‟interpréter le <strong>monde</strong> de diverses<br />

manières, la <strong>poésie</strong> p<strong>ou</strong>rrait quant à elle le transformer. En s<strong>ou</strong>lageant l‟homme,<br />

elle serait capable de rendre le <strong>monde</strong> moins acerbe. Et Guy Goff<strong>et</strong>te de préciser<br />

les caractéristiques du poète qui perm<strong>et</strong>tent à son texte d‟être libérateur : l‟arme,<br />

le moyen utilisé p<strong>ou</strong>r évacuer c<strong>et</strong>te d<strong>ou</strong>leur, est p<strong>ou</strong>r Philippe Jaccott<strong>et</strong>, dans<br />

l‟effacement de sa personne <strong>et</strong> la mise en relief du <strong>monde</strong> séraphique, p<strong>ou</strong>r Guy<br />

Goff<strong>et</strong>te, effectivement, l‟objectif de la <strong>poésie</strong> serait d‟atteindre <strong>et</strong> de libérer les<br />

hommes, <strong>et</strong> cela serait rendu possible par la ferveur, l‟<strong>au</strong>thenticité du poème : à<br />

ma question relative à l‟essence de la perfection, Guy Goff<strong>et</strong>te répond par la<br />

présence effective du trinôme : « dieu, l’am<strong>ou</strong>r, l’absolu ». 1290 Et cela peut-être<br />

p<strong>ou</strong>r que l‟homme ait la sensation de « posséder » quand même quelque chose<br />

(<strong>et</strong> en cela répond à l‟exaltation du t<strong>ou</strong>rment), même si originellement on ne<br />

peut plus posséder la vie <strong>au</strong> sens d‟éternité. En eff<strong>et</strong>, comme le dit encore Guy<br />

Goff<strong>et</strong>te : « seul parfait est l’am<strong>ou</strong>r, don <strong>et</strong> partage ». 1291<br />

<strong>La</strong> nuit qui reste <strong>ou</strong>verte apaise : « un peu d’or dans la b<strong>ou</strong>e dites que la nuit<br />

reste <strong>ou</strong>verte ». 1292 <strong>La</strong> mission du poète à travers son langage ne serait elle pas<br />

de proposer apaisement, repos, où le langage poétique parviendrait à libérer<br />

l‟homme de ses s<strong>ou</strong>ffrances, en faisant de la <strong>poésie</strong>, l‟un des meilleurs moyens<br />

d‟évasion. <strong>La</strong> <strong>poésie</strong>, comme moyen d‟évasion : avant d‟être <strong>ou</strong>til, la <strong>poésie</strong><br />

était mémoire. Longtemps, le rythme, la répétition de sons voisins <strong>ou</strong> analogues,<br />

une certaine manière de mesurer l‟émission de la parole, perm<strong>et</strong>taient la<br />

conservation <strong>et</strong> la transmission des messages, des légendes, des prières, des<br />

rec<strong>et</strong>tes… <strong>La</strong> <strong>poésie</strong> était alors mémoire.<br />

<strong>La</strong> <strong>poésie</strong> n‟est pas un travail intellectuel, elle n‟est pas issue de la conscience,<br />

elle n‟est pas figée <strong>et</strong> n‟a pas de point final. Elle est épiphanie, une révélation<br />

1290 Correspondance avec Guy Goff<strong>et</strong>te du 8 novembre 2005, Annexe 7, point 3.<br />

1291 Ibid.<br />

1292 Guy Goff<strong>et</strong>te, « Et tu finis par ranger le livre là h<strong>au</strong>t », LVP, p. 16.<br />

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