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La poésie et l'intimité ou L'identité et l'être au monde - Epublications

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« Rappelle-toi, <strong>au</strong> moment de perdre pied,<br />

puise dans c<strong>et</strong>te brume avec tes mains affaiblies,<br />

recueille ce peu de paille p<strong>ou</strong>r litière à la s<strong>ou</strong>ffrance,<br />

là, <strong>au</strong> creux de ta main tachée ». 734<br />

Intrinsèquement le poète ne veut pas abandonner ni être abandonné, il ne<br />

renonce pas. Nos deux poètes sont à la recherche d‟un idéal. Ils se lèvent <strong>et</strong><br />

refusent, ils refusent une m<strong>au</strong>vaise <strong>poésie</strong>, Guy Goff<strong>et</strong>te dit : « merdre à la<br />

poisseuse <strong>poésie</strong> ». 735 L'ambition de nos deux poètes est de Vivre dans l‟instant,<br />

tenter de maîtriser <strong>au</strong> mieux c<strong>et</strong> inéluctable temps : « Carpe diem » 736 , murmure<br />

le poète. Guy Goff<strong>et</strong>te n‟abandonne pas, il n<strong>ou</strong>s dit : « la vie p<strong>ou</strong>r moi : être<br />

présent <strong>au</strong> présent, corps <strong>et</strong> âmes ». 737<br />

<strong>La</strong> mort est encore plus odieuse si elle n'a jamais laissée la vie baigner dans<br />

l'am<strong>ou</strong>r. Orphée affronte la mort <strong>au</strong> moins deux fois : quand il perd Eurydice,<br />

une première fois, puis après <strong>au</strong>x Enfers, <strong>et</strong> la mort absolue est dans c<strong>et</strong> instant<br />

où il est définitivement seul. <strong>La</strong> mort, qui pénètre la vie progressivement,<br />

confère à celle-ci une réalité tragique : « …une barque sans voile ni rame, / un<br />

pont sur le vide ». 738 Guy Goff<strong>et</strong>te, lui <strong>au</strong>ssi se réfère à la culture hellénistique.<br />

En eff<strong>et</strong> c<strong>et</strong>te barque sans voile, ni rame ressemble à la barque de Caron, le<br />

passeur du fleuve des Enfers.<br />

734 Philippe Jaccott<strong>et</strong>, « Rappelle-toi, <strong>au</strong> moment de perdre pied », PSN, p.30.<br />

735 Guy Goff<strong>et</strong>te, « Février 98 », UMF, p.29.<br />

736 Profite du j<strong>ou</strong>r présent. « Carpe diem quam minimum credula postero », signifie : « cueille le j<strong>ou</strong>r [<strong>et</strong> sois] la<br />

moins curieuse (possible) de l‟avenir ». Du poète Horace dans ses Odes (I, 11, 8 à Leuconoé. Il résume le poème<br />

qui le précède <strong>et</strong> dans lequel Horace cherche à persuader Leuconoé de profiter du moment présent <strong>et</strong> d‟en tirer<br />

t<strong>ou</strong>s les bénéfices, sans s‟inquiéter ni du j<strong>ou</strong>r ni de l‟heure de sa mort).<br />

737 Correspondance avec Guy Goff<strong>et</strong>te du 8 novembre 2005. Annexe 6.<br />

738 Guy Goff<strong>et</strong>te, « A Cavafy », LVP, p.45.<br />

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