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La poésie et l'intimité ou L'identité et l'être au monde - Epublications

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ainsi qu‟un <strong>au</strong>tre état d‟être <strong>au</strong> <strong>monde</strong>. En eff<strong>et</strong> : « n<strong>ou</strong>s habitons encore un<br />

<strong>au</strong>tre <strong>monde</strong> / peut-être l’intervalle ». 993<br />

Guy Goff<strong>et</strong>te, comme Arthur Rimb<strong>au</strong>d est d‟abord dans une quête de lui-même,<br />

<strong>et</strong> l‟expérience de t<strong>ou</strong>tes les formes d‟am<strong>ou</strong>r de s<strong>ou</strong>ffrance, de folie, constitue<br />

p<strong>ou</strong>r le poète contemporain, un chemin vers la vraie Vie. Mais le poète l‟a-t-il<br />

atteinte ? : Jaccott<strong>et</strong> répond « me voici parvenu <strong>au</strong> seuil d’une espèce de ciel<br />

d’herbe où flotterait à portée de la main fragile ». 994 Est-il parvenu à « rec<strong>ou</strong>dre<br />

astre à astre la nuit ?» 995<br />

Le commentaire de l‟édition <strong>La</strong> Pléiade, en ce sens est très précis, fin <strong>et</strong><br />

judicieux :<br />

« il est de ces êtres qui ne sont jamais satisfaits de l’existence, telle<br />

qu’ils sont condamnés à la vivre, <strong>et</strong> qui proj<strong>et</strong>tent leurs désirs dans<br />

un <strong>monde</strong> plus pur, plus intense, plus be<strong>au</strong>… « <strong>La</strong> vraie Vie est<br />

absente », a-t-il écrit dans une Saison. Si bien qu’il est à la fois<br />

l’homme le plus terrestre <strong>et</strong> l’homme le moins capable de tr<strong>ou</strong>ver<br />

sa satisfaction ici-bas. Les voix que Rimb<strong>au</strong>d entendait, ce n’étaient<br />

pas celles qui invitent l’homme à s’incliner devant le mystère <strong>et</strong> à<br />

c<strong>ou</strong>rber sa raison dans une attitude d’adoration. C’était une<br />

émotion qui l’étreignait devant t<strong>ou</strong>tes les misères, c’était un besoin<br />

de se sacrifier, c’était une mystérieuse attirance vers la mort. Il les<br />

épr<strong>ou</strong>vait <strong>au</strong> plus profond de lui-même, <strong>et</strong> savait qu’il ne p<strong>ou</strong>rrait<br />

jamais s’en délivrer. Il les considérait comme une défaite de la vie,<br />

comme la victoire, en lui, des forces de destruction. <strong>La</strong> charité était,<br />

p<strong>ou</strong>r lui, la sœur de la mort. Une Saison en Enfer cesse d’être une<br />

énigme lorsqu’on a compris que Rimb<strong>au</strong>d y décrit ce déchirement<br />

mystérieux qu’il sentait en lui, ce besoin, d’une part, de vivre,<br />

d’agir, de s’imposer, <strong>et</strong>, de l’<strong>au</strong>tre, c<strong>et</strong>te aspiration <strong>au</strong> néant. … <strong>La</strong><br />

<strong>poésie</strong> de Rimb<strong>au</strong>d est une révolution continue. Au mois de juill<strong>et</strong><br />

1870, …il continuait de croire que le poète doit exprimer les<br />

993 Philippe Jaccott<strong>et</strong>, «Poids des prières, des pensées », ERS, p. 63.<br />

994 Philippe Jaccott<strong>et</strong>, «Me voici parvenu <strong>au</strong> seuil d'une espèce de ciel d'herbe », ETN, p. 28.<br />

995 Philippe Jaccott<strong>et</strong>, « Mais chaque j<strong>ou</strong>r, peut-être, on peut reprendre », PSN, p. 32.<br />

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