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La poésie et l'intimité ou L'identité et l'être au monde - Epublications

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« choses qu’il f<strong>au</strong>t laisser <strong>au</strong>x s<strong>au</strong>les, <strong>au</strong>x ruisse<strong>au</strong>x …<br />

choses qui v<strong>ou</strong>s parlent sans v<strong>ou</strong>loir v<strong>ou</strong>s parler, qui n’ont nul<br />

s<strong>ou</strong>ci de v<strong>ou</strong>s,<br />

dont <strong>au</strong>cun dieu ne s<strong>au</strong>rait faire ses messagères ». 751<br />

L‟absence d‟am<strong>ou</strong>r, c‟est l‟absence de lumière, d‟incarnation de la vie,<br />

l‟absence d‟am<strong>ou</strong>r, c‟est une rupture dans la perception, c‟est peut-être un<br />

<strong>monde</strong> qui n‟est plus habité poétiquement … L‟am<strong>ou</strong>r p<strong>ou</strong>r nos deux poètes est<br />

une force immanente. Cependant la réalité ramène <strong>au</strong> constat que l‟am<strong>ou</strong>r<br />

humain, par définition, est défaillant : « … c<strong>et</strong>te vieille / partition à une seule<br />

main sur la scène du cœur ». 752 <strong>La</strong> faille provoquée par l‟am<strong>ou</strong>r s‟insinue jusque<br />

dans l‟intimité. Et c‟est p<strong>ou</strong>rquoi, son absence vide, <strong>et</strong> que la mémoire est<br />

susceptible de faire elle <strong>au</strong>ssi déf<strong>au</strong>t : « … comme il se s<strong>ou</strong>vient mal : / quand le<br />

visage, quand le corps <strong>au</strong>ssi devenait rose ». 753 <strong>La</strong> musique de l‟âme est<br />

personnelle, l‟incarnation de la vie se fait <strong>au</strong>ssi dans c<strong>et</strong>te intimité. Guy Goff<strong>et</strong>te<br />

sait combien l‟égoïsme détruit l‟idéal d‟am<strong>ou</strong>r. Il y a certes une chambre, mais<br />

chacun son nom, sa barque, son chez soi, <strong>et</strong> l‟am<strong>ou</strong>r de chercher à accoster sur<br />

c<strong>et</strong>te île sans rivages, … métaphore de la vie … L‟homme reste impuissant <strong>au</strong><br />

contrôle de sa d<strong>ou</strong>leur, c‟est ce qui explique « la s<strong>ou</strong>rde <strong>et</strong> lente montée des<br />

larmes ». 754 De fait, p<strong>ou</strong>r Guy Goff<strong>et</strong>te on ne peut r<strong>et</strong>enir ses larmes. L‟am<strong>ou</strong>r<br />

prendrait-il alors le visage des larmes?<br />

L‟am<strong>ou</strong>r qui disparaît progressivement, laisse à sa place une certaine p<strong>ou</strong>rriture.<br />

<strong>La</strong> considération du temps fait dire <strong>au</strong> poète : « partir, ô gangrène du fol<br />

am<strong>ou</strong>r : / la vie à cru sur le dos des saisons ». 755 En <strong>ou</strong>tre, p<strong>ou</strong>r Goff<strong>et</strong>te : le<br />

751 Philippe Jaccott<strong>et</strong>, « Choses qui v<strong>ou</strong>s parlent sans v<strong>ou</strong>loir v<strong>ou</strong>s parler », ETN, p.35.<br />

752 Guy Goff<strong>et</strong>te, « Eté », PCE, p.58.<br />

753 Philippe Jaccott<strong>et</strong>, « On dirait qu'il se cache, avec effroi, dans la lumière de l'<strong>au</strong>rore », PSN, p.42.<br />

754 Guy Goff<strong>et</strong>te, « Les dernières pièces », PCE, p.48.<br />

755 Guy Goff<strong>et</strong>te, « Adieux châte<strong>au</strong>x », UMF, p.28.<br />

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