27.06.2013 Views

La poésie et l'intimité ou L'identité et l'être au monde - Epublications

La poésie et l'intimité ou L'identité et l'être au monde - Epublications

La poésie et l'intimité ou L'identité et l'être au monde - Epublications

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

« Mais t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs comme la vague brutale<br />

une rame bondée rej<strong>et</strong>ait le pêcheur<br />

parmi les ombres s<strong>ou</strong>levées sur la rive,<br />

les vivants <strong>et</strong> les morts ». 766<br />

En définitive, p<strong>ou</strong>r ce poète, l‟am<strong>ou</strong>r peut disparaître par la trahison, la honte de<br />

n‟être qu‟un homme, l‟homme est misérable, il est pêcheur dans son essence, il<br />

est traître, honteux, nu, dépossédé, il se démunit lui-même de l‟éternité. Il est la<br />

propre c<strong>au</strong>se de sa mort, <strong>et</strong> c‟est dans c<strong>et</strong>te absence d‟am<strong>ou</strong>r qu‟il place son<br />

ultime intimité, avec un lui-même qui se cherche, un lui-même qui se meurt. Il<br />

se cherche <strong>et</strong> déc<strong>ou</strong>vre : « les voir déshabiller leur ombre ». 767<br />

L‟am<strong>ou</strong>r est vulnérable <strong>au</strong> temps <strong>et</strong> tr<strong>ou</strong>ve rarement terre d‟asile, c‟est-à-dire<br />

que l‟am<strong>ou</strong>r dans sa t<strong>ou</strong>te puissance n‟est jamais enraciné définitivement. P<strong>ou</strong>r<br />

Guy Goff<strong>et</strong>te, l‟am<strong>ou</strong>r pénètre <strong>et</strong> rend vulnérable notre propre identité, la nuit <strong>et</strong><br />

la solitude de l‟homme sont occupées par les mots de c<strong>et</strong>te femme, incarnation<br />

de la vie.<br />

« Deb<strong>ou</strong>t la nuit<br />

j’invente<br />

la femme à sa place<br />

les mots qu’elle prononce<br />

dans ma b<strong>ou</strong>che<br />

me tiennent à merci ». 768<br />

Le poète dans son expérience poétique sait la présence du temps, <strong>et</strong> il comprend<br />

l‟obligation d‟incarner sa vie avec c<strong>et</strong>te connaissance, car : « rien, t<strong>ou</strong>t ce be<strong>au</strong><br />

766 Guy Goff<strong>et</strong>te, « L‟un deux parfois levait un bras l<strong>ou</strong>rd », UMF, p.114.<br />

767 Guy Goff<strong>et</strong>te, « Nul désordre », UMF, p.84.<br />

768 Guy Goff<strong>et</strong>te, « Deb<strong>ou</strong>t la nuit », SLO, p.160.<br />

212

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!