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La poésie et l'intimité ou L'identité et l'être au monde - Epublications

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« Qu’est ce que le regard ? Un dard plus aigu que la langue, la<br />

c<strong>ou</strong>rse d’un excès à l’<strong>au</strong>tre du plus profond <strong>au</strong> plus lointain, du<br />

plus sombre <strong>au</strong> plus pur, un rapace ». 885<br />

Orphée pénètre ainsi l‟univers poétique, par l‟espoir d‟un r<strong>et</strong><strong>ou</strong>r des Enfers, avec<br />

son Eurydice. <strong>La</strong> <strong>poésie</strong> <strong>et</strong> le chant deviennent des forces de séduction, de vraies<br />

formes de sorcellerie. Ce thème mythologique symbolise précisément<br />

l‟expérience poétique, la recherche d‟Eurydice, c‟est-à-dire la recherche d‟une<br />

épiphanie salvatrice. D‟une part, Orphée se r<strong>et</strong>r<strong>ou</strong>ve dans le jardin d‟été de<br />

Jaccott<strong>et</strong>, <strong>et</strong> d‟<strong>au</strong>tre part Jaccott<strong>et</strong> se r<strong>et</strong>r<strong>ou</strong>ve <strong>au</strong>x portes de l‟am<strong>ou</strong>r éternel.<br />

Philippe Jaccott<strong>et</strong> rêve d‟y pénétrer <strong>et</strong> de ne plus jamais s‟y perdre. Il place dans<br />

son expérience poétique, la nécessité d‟un r<strong>et</strong><strong>ou</strong>r avec la même présence, la<br />

même intimité :<br />

« la f<strong>au</strong>v<strong>et</strong>te sonore (qui) est encore là, entre acacia <strong>et</strong> tilleul.<br />

Orphée dans le jardin d’été. On dirait bien, d’elle <strong>au</strong>ssi, qu’elle<br />

passe sans peine d’un roy<strong>au</strong>me à l’<strong>au</strong>tre ; n’<strong>au</strong>rais-je jamais pu la<br />

suivre ? » 886<br />

L‟expérience poétique est comparable à l‟expérience du r<strong>et</strong><strong>ou</strong>r. C'est-à-dire que<br />

nos poètes, en écrivant, reviennent <strong>au</strong> moment de l‟étonnement qui est p<strong>ou</strong>r eux<br />

la s<strong>ou</strong>rce de l‟instant poétique. Avoir une intimité avec quelque chose, signifie<br />

<strong>au</strong> fond d‟y porter un regard. Il y a une part d‟Orphée en Jaccott<strong>et</strong> car ce poète<br />

cherche ce qui est caché. Le traj<strong>et</strong> du poète est celui d‟un r<strong>et</strong><strong>ou</strong>r, de l‟inconnu <strong>au</strong><br />

connu, de l‟inconnu parfois le poète ne revient pas.<br />

885 Philippe Jaccott<strong>et</strong>, « Qu‟est-ce que le regard ? », POS., p. 114.<br />

886 Philippe Jaccott<strong>et</strong>, <strong>La</strong> semaison, carn<strong>et</strong> 1954-1979, op. cit. p.280.<br />

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