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La poésie et l'intimité ou L'identité et l'être au monde - Epublications

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Le poète reconnaît à la vie, des instants privilégiés. Comme la présence de la<br />

mémoire, les deux sont liés : « Il n’en reste rien d’entier dans la mémoire » 1558 ;<br />

mais en contre-balancement le poète est t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs présent, <strong>et</strong> p<strong>ou</strong>r conserver ces<br />

privilèges : mémoire <strong>et</strong> présence, l‟Homme doit s‟habiller ;… de <strong>poésie</strong>, car<br />

« Etre nu, c’est être sans paroles » 1559.<br />

Jaccott<strong>et</strong> s‟interroge : « Qu’est ce que la nuit ? Et l’homme qui s’enflamme dans<br />

c<strong>et</strong>te obscurité de la nuit ?», angoisse devant la vacuité, devant la mort (guerre,<br />

ét<strong>ou</strong>ffement), p<strong>ou</strong>r lui, t<strong>ou</strong>t confort est poétique. <strong>La</strong> <strong>poésie</strong> serait-elle un luxe,<br />

voire un luxe de l‟intimité ?<br />

Jaccott<strong>et</strong> rend hommage à la d<strong>ou</strong>ceur, c‟est elle qui perm<strong>et</strong> l‟intimité avec Dieu.<br />

A l‟inverse, le quotidien du poète se situe entre « Deux dégoûts, celui d’écrire ce<br />

que l’on écrit <strong>et</strong> celui de ne plus rien faire du t<strong>ou</strong>t, qui est pire » 1560 . Jaccott<strong>et</strong><br />

différencie des instants privilégiés à d‟<strong>au</strong>tres, il y a d‟une part le quotidien du<br />

poète, <strong>et</strong> d‟<strong>au</strong>tre part, les moments lumineux <strong>et</strong> translucides.<br />

Août 1975, « <strong>La</strong> lumière du matin qui dore le dos des grands livres » 1561. Le<br />

poète évacue son dégoût grâce, p<strong>ou</strong>r <strong>et</strong> par la lumière, il assimile la clarté de la<br />

nature, à la clarté spirituelle.<br />

Le paradoxe s<strong>ou</strong>levé par Jaccott<strong>et</strong> est le suivant : « l’attention <strong>au</strong> <strong>monde</strong><br />

enc<strong>ou</strong>ragé par un certain travail poétique ab<strong>ou</strong>tirait après quelque temps à<br />

altérer, sinon à détruire la capacité d’émotion » 1562, il y a paradoxe, car il<br />

semblait établi que l‟émotion <strong>et</strong> la <strong>poésie</strong> sont sensiblement liées. Peut-on dire<br />

1558 Ibid., « Le fait d‟avoir parlé quelquefois dans mes livres de certains instants privilégiés (ce qui n‟était<br />

d‟ailleurs guère n<strong>ou</strong>ve<strong>au</strong>) m‟a valu la visite d‟un jeune peintre », p.98.<br />

1559 Ibid., « Etre nu, c‟est être sans paroles », p.201.<br />

1560 Ibid., « On ne peut pas écrire t<strong>ou</strong>s les j<strong>ou</strong>rs, à heures régulières, comme le paysan lab<strong>ou</strong>re un champ », p.214.<br />

1561 Ibid., « <strong>La</strong> lumière du matin qui dore le dos des grands livres », p.220.<br />

1562 Ibid., « L‟étrange difficulté que représente le fait de ne presque plus p<strong>ou</strong>voir sentir <strong>au</strong>cune chose sans penser<br />

<strong>au</strong>ssitôt à son utilisation poétique », p.221.<br />

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