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La poésie et l'intimité ou L'identité et l'être au monde - Epublications

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Le poète est celui qui proj<strong>et</strong>te ses désirs dans un <strong>monde</strong> plus pur, plus intense,<br />

plus be<strong>au</strong>, un <strong>monde</strong> intérieur. Mais le <strong>monde</strong> qui s‟offre n‟est pas satisfaisant <strong>et</strong><br />

c‟est là le paradoxe : Rimb<strong>au</strong>d semble l‟homme le plus terrestre <strong>et</strong> le moins<br />

capable de tr<strong>ou</strong>ver sa satisfaction ici-bas. Comme le dit Guy Goff<strong>et</strong>te, à ce<br />

propos : « c’est la vie qui n<strong>ou</strong>s fait m<strong>ou</strong>rir ». 999 Dans un poème de 1872,<br />

Rimb<strong>au</strong>d saluait la naissance d‟un n<strong>ou</strong>ve<strong>au</strong> <strong>monde</strong> : l’éternité. 1000<br />

« Elle est r<strong>et</strong>r<strong>ou</strong>vée.<br />

Quoi ? L’éternité.<br />

C’est la mer allée<br />

Avec le soleil ».<br />

Rimb<strong>au</strong>d définit alors la modernité : art, révolution <strong>et</strong> langage sont liés mais<br />

surt<strong>ou</strong>t il est l‟homme qui a vu. En <strong>ou</strong>tre, comme Goff<strong>et</strong>te <strong>et</strong> Jaccott<strong>et</strong>, Rimb<strong>au</strong>d<br />

croit en la fraternité <strong>et</strong> en l‟am<strong>ou</strong>r. En eff<strong>et</strong>, de nombreux points sont communs à<br />

Goff<strong>et</strong>te <strong>et</strong> à Rimb<strong>au</strong>d : Goff<strong>et</strong>te est lui <strong>au</strong>ssi un « insatisfait de la vie », <strong>et</strong> si<br />

Rimb<strong>au</strong>d ayant la sensation d‟une « défaite de la vie » 1001 , abdiquait t<strong>ou</strong>te<br />

espérance, Goff<strong>et</strong>te, lui vit avec l‟espérance du quotidien. Goff<strong>et</strong>te est en<br />

permanence insatisfait, « la vraie Vie », p<strong>ou</strong>r lui est perpétuellement absente,<br />

son but est de la chercher, être présent phénoménologiquement, être <strong>au</strong> <strong>monde</strong> :<br />

« par rapport également à la mort, à celle qui vient <strong>et</strong> à t<strong>ou</strong>tes<br />

celles, p<strong>et</strong>ites <strong>ou</strong> grandes, qu’on inflige <strong>ou</strong> qu’on a infligées <strong>au</strong>x<br />

<strong>au</strong>tres. D’où les larmes. De joie, de tristesse. Et remords <strong>et</strong><br />

999 Guy Goff<strong>et</strong>te, « Le voyageur <strong>ou</strong>blié », LVP, p. 44.<br />

1000 Arthur Rimb<strong>au</strong>d, Œuvres complètes, op. cit., p. 215.<br />

1001 Arthur Rimb<strong>au</strong>d Œuvres complètes, op. cit., p. XII à XXXVIII.<br />

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