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Les archives du Parti communiste de Grèce. Itinéraires, blocages ...

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ALEXANDROS DAGKAS – GIORGOS LEONTIADIS<br />

admissibles. <strong>Les</strong> documents policiers qui parviennent à la recherche historique fourmillent<br />

d’éléments imaginaires pour les adversaires <strong>du</strong> statu quo social. Ceux qui donnaient<br />

<strong>de</strong>s renseignements se livraient à <strong>de</strong>s déformations conscientes, en soulignant<br />

avec <strong>de</strong>xtérité l’offre particulière <strong>du</strong> service <strong>de</strong> sûreté dans la lutte contre les groupes<br />

révolutionnaires, en occultant les erreurs présentées dans l’action <strong>du</strong> service, en faisant<br />

apparaître une image <strong>du</strong> fonctionnement <strong>du</strong> domaine qu’ils géraient comme idyllique.<br />

<strong>Les</strong> limites entre l’ignorance et la perception policière déficiente <strong>de</strong> l’essence <strong>de</strong> la<br />

question que le service investiguait étaient confuses. La vérité se dissimulait <strong>de</strong>rrière la<br />

déformation <strong>de</strong> l’image générale – en grossissant ou diminuant un fait réel – et en généralisant<br />

<strong>de</strong>s faits uniques ou éparpillés. Au-<strong>de</strong>là, les choix qui con<strong>du</strong>isirent à <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s<br />

déterminées <strong>de</strong> matérialisation <strong>de</strong>s stratégies, les discussions entre les personnes<br />

qui évaluaient l’information avant que ces <strong>de</strong>rnières aboutissent à une conclusion, les<br />

critères <strong>de</strong> choix <strong>de</strong>s indicateurs <strong>de</strong> police, les ordres et instructions adressés à ceux rassemblant<br />

les éléments, le contenu et la nature <strong>de</strong>s renseignements extorqués par la force<br />

au cours <strong>de</strong>s interrogatoires, s’élèvent face à la recherche historique comme les moindres<br />

parmi les facteurs qui sont discutables. Au XX e siècle, au cours <strong>de</strong> la manipulation,<br />

<strong>de</strong> la part <strong>du</strong> régime dominant et <strong>de</strong> ses organes, pour retrancher l’idéologie ouvrière,<br />

les révolutionnaires se présentaient comme <strong>de</strong>s objectifs ennemis impersonnels, comme<br />

<strong>de</strong>s points statistiques. La référence au communisme évoluait en attaque contre un élément<br />

général d’obsession non clairement déterminé. Pendant la <strong>du</strong>rée <strong>de</strong>s gouvernements<br />

dictatoriaux, une certaine portion <strong>du</strong> public – surtout la nouvelle génération –<br />

n’avait pas <strong>de</strong> souvenir ou d’image <strong>de</strong>s <strong>communiste</strong>s, ni connaissance <strong>de</strong> leur action et<br />

tactique. Ainsi un appui était-il donné à l’Etat pour essayer <strong>de</strong> diffuser <strong>de</strong>s images <strong>de</strong><br />

propagan<strong>de</strong> (d’habitu<strong>de</strong> humiliantes, dévalorisantes) qui con<strong>du</strong>isaient à percevoir qu’il<br />

s’agissait d’un groupe qui semait la terreur et la violence.<br />

Sur la recherche historique dans les pays <strong>du</strong> système capitaliste, sur les pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

la dictature où peu <strong>de</strong> documents <strong>du</strong> parti furent sauvés, comme source notable se révèle<br />

potentiellement le document policier. Difficile, conformément à certains points <strong>de</strong><br />

vue, est, dans ce cas, la reconstruction <strong>de</strong> l’histoire <strong>du</strong> mouvement <strong>communiste</strong> sans recours<br />

aux <strong>archives</strong> policières. A l’époque <strong>de</strong> la « Guerre froi<strong>de</strong> », seuls certains chercheurs<br />

(et parmi eux, aucun ne reçut l’autorisation <strong>de</strong> copier les documents) purent<br />

consulter les <strong>archives</strong> <strong>de</strong> l’Etat, aucun les <strong>archives</strong> <strong>de</strong> police. Si les éléments étaient insuffisants,<br />

sur la base <strong>du</strong> peu d’information les chercheurs s’avançaient vers <strong>de</strong>s hypothèses<br />

logiques, qui pouvaient aboutir à <strong>de</strong>s conclusions irréelles.<br />

Dans le cas <strong>de</strong> la <strong>Grèce</strong> plus spécialement, la constitution <strong>de</strong>s <strong>archives</strong> policières<br />

fut une tactique éprouvée. L’activité <strong>de</strong>s personnes qui mettaient en cause le statu quo<br />

social « était enregistrée par écrit dès 1922 » – dans une brève pério<strong>de</strong> après la révolution<br />

russe <strong>de</strong> 1917 –. Dans les dossiers personnels, était décrite l’action <strong>de</strong>s membres<br />

<strong>du</strong> parti ouvrier (le SEKE, qui changea <strong>de</strong> nom en 1924 en <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> <strong>de</strong> <strong>Grèce</strong>).<br />

Sous la dictature <strong>de</strong> Pangalos, en 1925-1926, le service <strong>de</strong> sûreté générale continua<br />

d’enrichir les dossiers. L’information <strong>de</strong>s autorités <strong>de</strong> poursuite s’intensifia après le<br />

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