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Les archives du Parti communiste de Grèce. Itinéraires, blocages ...

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ALEXANDROS DAGKAS – GIORGOS LEONTIADIS<br />

cas échéant, aboutirait à une certaine différenciation par rapport à ce qui était admis.<br />

C’était une réaction compréhensible – une attitu<strong>de</strong> opposée, <strong>de</strong> leur part, équivaudrait<br />

au rejet <strong>de</strong> leur propre personne –. <strong>Les</strong> cadres, également, qui avaient conscience <strong>de</strong><br />

l’importance <strong>de</strong> la recherche historique mais ne soulevaient pas le sujet, avaient<br />

connaissance <strong>du</strong> problème selon lequel, d’un côté, surgiraient <strong>de</strong>s résistances <strong>de</strong> la part<br />

<strong>de</strong> ceux qui avaient une objection personnelle, <strong>de</strong> l’autre seraient provoquées <strong>de</strong>s tensions<br />

sur une question secondaire dans la conscience <strong>de</strong>s membres et <strong>de</strong>s partisans (la<br />

recherche scientifique n’était pas, dans l’environnement interne au parti, une question<br />

<strong>de</strong> pointe). L’histoire <strong>du</strong> <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> <strong>de</strong> <strong>Grèce</strong> survécut dans <strong>de</strong>s manuels qui révélaient<br />

la vérité <strong>du</strong> parti. Pour les lecteurs, le contenu <strong>de</strong>s manuels était vrai, correspondant<br />

à leur prise <strong>de</strong> position et à leur culture. Une série <strong>de</strong> travaux, qui étaient approuvés<br />

par le comité central et étaient publiés par la maison d’édition <strong>du</strong> parti Synchroni<br />

Epohi [Epoque mo<strong>de</strong>rne], avaient pour auteurs les protagonistes <strong>de</strong> l’histoire <strong>du</strong><br />

parti. <strong>Les</strong> historiens professionnels furent repoussés en marge <strong>de</strong> la recherche scientifique,<br />

désarmés – sans sources primaires –, et furent appelés à offrir leur soutien à la<br />

confrontation politique et idéologique.<br />

En <strong>Grèce</strong>, à l’époque <strong>du</strong> retour à la démocratie, les conditions pour servir l’histoire<br />

<strong>du</strong> parti étaient favorables. Le courant <strong>du</strong> marxisme fut reconnu par la communauté<br />

grecque comme facteur subversif – non pas à un <strong>de</strong>gré important comme système théorique<br />

–. <strong>Les</strong> masses, qui ne connaissaient son contenu que <strong>de</strong> manière indéterminée,<br />

mais appartenaient à la base <strong>de</strong>s classes et <strong>de</strong>s couches dévalorisées ayant <strong>de</strong>s intérêts<br />

contraires à l’égard <strong>de</strong> ceux institutionnalisés dans le système social en vigueur, le suivirent.<br />

D’autres s’étaient rapprochés <strong>du</strong> mouvement ouvrier non <strong>de</strong> la base économique<br />

mais <strong>de</strong> la superstructure, ayant comme point <strong>de</strong> départ l’adoption <strong>de</strong>s valeurs humaines<br />

qui promettaient l’arrivée <strong>du</strong> régime social ouvrier. Le passé <strong>du</strong> mouvement renvoyait<br />

chacun à son « imaginaire ». Restait pour le parti le thème <strong>de</strong> l’organisation. Des<br />

organes furent créés, pour servir l’opposition idéologique : les sections et les commissions<br />

<strong>du</strong> comité central <strong>du</strong> <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> <strong>de</strong> <strong>Grèce</strong>, le Centre <strong>de</strong> recherches marxistes,<br />

les comités idéologiques <strong>de</strong>s organisations <strong>du</strong> parti. <strong>Les</strong> membres participaient aux<br />

cours <strong>du</strong> parti et se procuraient le gui<strong>de</strong> d’auto-formation.<br />

Le Centre <strong>de</strong> recherches marxistes, organisme qui apparaissait statutairement comme<br />

indépendant, avait cependant <strong>de</strong>s buts (étu<strong>de</strong> <strong>du</strong> « marxisme-léninisme ») qui délimitaient<br />

sa tâche en tant qu’appareil <strong>de</strong> recherche et idéologique <strong>du</strong> parti. Dans la structure, il avait<br />

imité l’Institut correspondant <strong>de</strong> recherches marxistes <strong>du</strong> parti français, qui étaient considéré<br />

comme un modèle réussi. Il se consacra, sans succès particulier, à l’effort <strong>de</strong> soutien<br />

<strong>de</strong> l’intervention <strong>du</strong> parti, enfermé dans un carcan d’attitu<strong>de</strong>s hostiles d’autres milieux,<br />

avec en premier les intellectuels, pour promouvoir sa propre politique, son propre discours<br />

politique, théorique et idéologique. La section d’histoire <strong>du</strong> Centre <strong>de</strong> recherches<br />

marxistes organisa certains colloques historiques et publia leurs actes. Ayant une faible<br />

pro<strong>du</strong>ction en histoire, le Centre offrit un pro<strong>du</strong>it <strong>de</strong> recherche qui rencontra <strong>de</strong> vives réactions<br />

dans le milieu <strong>de</strong>s historiens professionnels ; ils l’envisagèrent comme une tenta-<br />

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