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Les archives du Parti communiste de Grèce. Itinéraires, blocages ...

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<strong>Les</strong> <strong>archives</strong> <strong>du</strong> <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> <strong>de</strong> <strong>Grèce</strong>. <strong>Itinéraires</strong>, <strong>blocages</strong><br />

exigée une finesse <strong>de</strong> pensée, dont Strigos disposait. Le risque se trouvait ailleurs, dans<br />

la représentation que percevait le chercheur. Papapanagiotou entra aux <strong>archives</strong>, ouvrit<br />

<strong>de</strong>s dossiers et, en examinant le contenu, subit un choc. Il retira <strong>de</strong>s armoires plusieurs<br />

documents, dans lesquels il distingua <strong>de</strong>s questions historiques qui l’intéressaient ; il se<br />

rappela l’épopée <strong>de</strong>s luttes auxquelles il avait pris part en <strong>Grèce</strong>. Il fit face cependant<br />

simultanément aux erreurs, il vit <strong>de</strong>vant lui la rancœur <strong>de</strong>s <strong>communiste</strong>s fanatiques<br />

auxquels on avait fait tort, <strong>de</strong>s innocents qui furent condamnés, <strong>de</strong>s non responsables<br />

auxquels furent imputées les responsabilités <strong>de</strong>s cadres compétents. <strong>Les</strong> circonstances<br />

<strong>de</strong> conspiration furent le point vulnérable <strong>de</strong> la procé<strong>du</strong>re d’ouverture <strong>de</strong>s <strong>archives</strong>.<br />

Dans l’environnement <strong>de</strong> Bucarest, Papapanagiotou n’avait pas l’occasion <strong>de</strong> soumettre<br />

à discussion l’existence <strong>de</strong> problèmes d’histoire (et politiques) qu’il avait constaté. Il<br />

mit au courant Strigos ; ce <strong>de</strong>rnier le consola, en affirmant que <strong>de</strong> meilleures années<br />

viendraient. La discussion historique et idéologique, dans un esprit <strong>de</strong> sobriété et <strong>de</strong> fidélité<br />

au parti, serait le processus approprié, qui convaincrait les interlocuteurs les plus<br />

sensibles – tels que Papapanagiotou – sur la justesse <strong>de</strong> l’argumentation générale selon<br />

laquelle, dans les conditions <strong>de</strong>s nationalismes qui couvaient <strong>de</strong> manière sous-jacente<br />

chez les peuples <strong>de</strong> l’Europe <strong>de</strong> l’Est, le soviétisme n’avait pas d’autre choix en <strong>de</strong>hors<br />

<strong>du</strong> « mythe <strong>du</strong> parti ».<br />

D’autres chercheurs également, cadres <strong>du</strong> parti, obtinrent occasionnellement un accès<br />

aux <strong>archives</strong> grecques. Tsintzilonis, lors <strong>de</strong> sa visite à Ivanovo, en 1972, et dans son<br />

travail dans le matériau grec (ce qui en resta après la brutale soustraction <strong>de</strong> la partie<br />

qui se trouvait entre les mains <strong>du</strong> <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> <strong>de</strong> <strong>Grèce</strong> [intérieur]), constata que<br />

les cinq étages <strong>du</strong> bâtiment (les <strong>archives</strong> soviétiques étaient abritées dans les quatre<br />

étages restants) n’étaient pas silencieux. Des personnes, parmi lesquelles <strong>de</strong>s chercheurs,<br />

très affairées, allaient et venaient, satisfaites <strong>de</strong> leur travail dans les <strong>archives</strong>. Le<br />

soin <strong>de</strong> l’appareil grec, alors, était <strong>de</strong> faire face à la situation exceptionnelle – après le<br />

retrait <strong>de</strong> Papapanagiotou et la perte <strong>du</strong> matériau d’<strong>archives</strong> <strong>de</strong> la section d’histoire – et<br />

<strong>de</strong> retrouver <strong>de</strong>s documents qui constitueraient le volume <strong>de</strong>s Textes officiels <strong>du</strong> <strong>Parti</strong><br />

<strong>communiste</strong> <strong>de</strong> <strong>Grèce</strong> sur la pério<strong>de</strong> jusqu’en 1945. L’objectif <strong>de</strong> la recherche était<br />

concret, sans marge d’errances. Il ne fut pas couronné <strong>de</strong> succès, parce que le chercheur<br />

se heurta à un <strong>de</strong>uxième obstacle, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> conspiration mais lié à cellesci<br />

: les documents étaient, en général, non classés. La contradiction était que, avec<br />

l’esprit <strong>de</strong> vigilance requis pour respecter le secret, le volume incroyable <strong>de</strong>s <strong>archives</strong><br />

était impossible à classifier.<br />

Des observations sur les <strong>archives</strong> <strong>du</strong> parti est tirée la conclusion que, dans les<br />

conditions <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong> classe (et <strong>de</strong> la « Guerre froi<strong>de</strong> »), le soviétisme, et par extension<br />

la tactique grecque, imitèrent le modèle <strong>de</strong> l’Ouest capitaliste, qui était plus cynique <strong>du</strong><br />

fait qu’il prêtait une apparence <strong>de</strong> liberté au mouvement <strong>de</strong>s intellectuels organiques <strong>du</strong><br />

système. La copie soviétique était une imitation mal imprimée, obéissant à l’intérêt <strong>du</strong><br />

parti. Réellement, la seule consolation, alors, était, comme l’affirma Strigos, la certitu<strong>de</strong><br />

que viendraient <strong>de</strong> meilleures années pour la recherche historique.<br />

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