XXXe CONFÃRENCE INTERNATIONALE DE LA CROIX-ROUGE ET ...
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XXX e Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge<br />
renforcer sa capacité de fournir d’excellents services de<br />
santé en général, et des soins médicaux en particulier<br />
qui soient de qualité. Pour compléter les compétences<br />
techniques qu’il peut utiliser dans les situations<br />
d’urgence, en chirurgie notamment, il approfondira<br />
sa compréhension des systèmes de soins de santé, de<br />
l’analyse épidémiologique et des soins de base, ainsi<br />
que sa connaissance des questions de santé publique<br />
en milieu carcéral et de gestion hospitalière.<br />
L’intérêt et l’engagement du CICR vont bien au-delà de<br />
ses activités de protection et d’assistance. Il s’emploie<br />
également à rallier les États pour qu’ils fassent respecter<br />
le droit international humanitaire en imposant un<br />
contrôle plus strict à l’exportation des armes et qu’ils<br />
interdisent l’emploi de certaines armes particulièrement<br />
cruelles, telles les mines antipersonnel ou les armes à<br />
dispersion, imprécises et non fiables. Le CICR est<br />
très préoccupé par le nombre élevé de civils blessés<br />
ou tués après la fin des hostilités et par les effets des<br />
armes à dispersion, qui frappent sans discrimination,<br />
surtout lorsqu’elles sont utilisées contre des objectifs<br />
militaires dans des zones habitées par des civils. Il est<br />
donc, à mon avis, crucial et urgent d’adopter un traité<br />
international qui interdise l’emploi, la mise au point,<br />
la production, le stockage et le transfert des armes à<br />
dispersion imprécises et non fiables, et qui prévoie une<br />
assistance pour les victimes et l’enlèvement des armes<br />
à dispersion non explosées.<br />
Malheureusement, les discussions qui ont eu lieu à la<br />
réunion annuelle des États parties à la Convention sur<br />
certaines armes classiques, qui vient de se terminer,<br />
n’ont pas fourni, malgré les efforts déployés, une<br />
base suffisante pour atteindre cet objectif. Ainsi,<br />
comme le mentionne la résolution adoptée il y a<br />
deux jours par le Conseil des Délégués, le CICR<br />
prie instamment les gouvernements qui appuient la<br />
Déclaration d’Oslo de poursuivre leurs efforts pour<br />
terminer, en 2008, l’élaboration d’un traité interdisant<br />
l’emploi, la production, le stockage et le transfert des<br />
armes à dispersion, qui provoquent des dommages<br />
inacceptables parmi les civils. Les États parties à la<br />
Convention sur certaines armes classiques devraient<br />
continuer leurs efforts et travailler en vue d’adopter<br />
des règles juridiquement contraignantes sur les armes<br />
à dispersion.<br />
Certes, la guerre n’a jamais été une affaire simple, et<br />
l’action humanitaire s’est toujours heurtée à de graves<br />
problèmes. Il en va de même dans les conflits armés<br />
et les autres situations de violence aujourd’hui. Leur<br />
diversité et leur complexité, l’interrelation entre des<br />
événements et l’évolution des situations aux niveaux<br />
local, régional et mondial, le nombre même des entités<br />
qui ont recours à la violence, les changements des<br />
alliances à court terme et l’atrocité de certains actes<br />
mettent en évidence l’importance de poursuivre une<br />
action humanitaire exclusivement guidée par les<br />
besoins des personnes touchées par un conflit armé.<br />
À cela s’ajoutent trois éléments. D’abord, la<br />
fragilité des nombreuses situations de transition<br />
entre guerre et paix, où des épisodes de violence<br />
armée ou une insécurité chronique freinent, voire<br />
empêchent de véritables efforts de reconstruction<br />
et de développement. Ensuite, certaines situations<br />
de violence interne dans des contextes de pauvreté,<br />
d’inégalité socioéconomique ou de forte croissance<br />
démographique et d’urbanisation galopante –<br />
situations qui contribuent à l’apparition de nouvelles<br />
formes de violence armée, surtout en milieu urbain,<br />
ainsi qu’à une intensification des migrations. Enfin,<br />
l’augmentation de la fréquence et de l’impact des<br />
catastrophes naturelles, auxquelles contribue, pour<br />
certaines, le changement climatique, a accru le risque<br />
de pandémies dans des situations d’instabilité et de<br />
conflit armé.<br />
En outre, les activités humanitaires sont parfois<br />
exposées à certains risques liés à l’action d’autres<br />
intervenants, politiques et militaires. Je veux parler des<br />
risques d’instrumentalisation et de marginalisation.<br />
Instrumentalisation, quand des parties à un conflit<br />
veulent à tout prix intégrer l’ensemble de l’action<br />
humanitaire dans une stratégie politique. À l’évidence,<br />
la réponse exclusivement humanitaire, indépendante<br />
et neutre que le CICR veut donner aux besoins des<br />
victimes n’est pas la seule réponse aux immenses<br />
besoins d’une population éprouvée par des années<br />
de conflit. Je reconnais l’importance et la valeur<br />
d’autres démarches dans les domaines de la sécurité,<br />
de l’éducation, de la santé. Mais l’indépendance d’une<br />
institution comme le CICR, sa détermination et, dans<br />
une large mesure, sa capacité de rester en contact avec<br />
toutes les parties à un conflit lui permettent souvent<br />
d’avoir accès à des zones où d’autres ne pénètrent<br />
pas. Elles font de lui un intermédiaire utile – parfois<br />
le seul – dans le domaine humanitaire entre les<br />
belligérants. Rien qu’en 2007, le CICR a joué ce rôle<br />
en Afghanistan, en Colombie, en Éthiopie, au Niger<br />
et au Soudan.<br />
Des situations diverses demandent des réponses<br />
diverses. C’est vrai aussi pour les questions<br />
humanitaires. L’important est alors d’assurer une<br />
coordination véritable et réaliste, qui soit fondée sur<br />
les ressources humaines et logistiques disponibles sur<br />
le terrain, et qui tienne compte de priorités claires,<br />
selon les contextes où il faut agir. Le discours ne doit<br />
jamais masquer l’incapacité d’agir ni duper celles et<br />
ceux qui ont besoin de protection et d’assistance.<br />
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